Le Syndicat satisfait de sa rencontre avec la ministre du Travail
POLITIQUE. Au sortir d’une rencontre d’une quarantaine de minutes avec la ministre du Travail, Dominique Vien, le Syndicat des Métallos a réitéré son ouverture à négocier et estime que la balle est toujours dans le camp de l’employeur.
«Nous avons eu une belle écoute de la part de la ministre. Le ton a été cordial. Nous avons eu la chance de donner notre version, a commenté Clément Masse en entrevue au Courrier Sud, qui a fait valoir que les pourparlers allaient bon train sur le régime de retraite et les mouvements de main-d’œuvre avant le déclenchement du lock-out.
«Nous avons pu voir qu’elle est très préoccupée par le conflit et qu’elle souhaite qu’il dure le moins longtemps possible. Elle ne nous a pas dit quels sont les moyens qu’elle pourrait prendre. Elle évaluera les actions possibles, mais on sent qu’il y a une volonté de son côté.»
Le Syndicat des Métallos estime que seul un retour à la table de négociation peut faire en sorte de dénouer l’impasse en ce qui concerne le conflit qui a été décrété de façon unilatérale par l’employeur, le 11 janvier dernier. «Depuis le début du lockout, c’est silence radio de leur côté. On est ouvert à toute sorte de formules pour négocier, mais je n’ai jamais eu de signaux ou de messages de leur part.»
C’est d’ailleurs l’esprit de la motion adoptée à l’unanimité par les 125 députés de l’Assemblée nationale, mercredi dernier, à l’effet que « l’Assemblée nationale du Québec reconnaisse que le lockout décrété à l’aluminerie ABI a des impacts négatifs sur les travailleurs et travailleuses, sur l’économie de la région du Centre-du-Québec et de la Mauricie et sur l’économie du Québec; que l’Assemblée nationale demande aux parties la reprise des négociations. »
Une adoption qui a été saluée par le Syndicat des Métallos qui avait mobilisé plusieurs travailleurs pour manifester devant l’Assemblée nationale. «C’est un geste historique. Je ne me souviens pas d’avoir vu ça dans un autre conflit», souligne Clément Masse.
« Ça envoie un message clair au siège social d’Alcoa à Pittsburgh, au siège social de Rio Tinto, à Londres. Nous espérons maintenant qu’ils donnent enfin de vrais mandats à leurs négociateurs pour trouver un règlement négocié», avait fait valoir le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau.
Le milieu syndical évoquait d’ailleurs les tarifs d’électricité avantageux dont bénéficie l’Aluminerie de Bécancour pour en faire un conflit de nature publique. « Il y a un pacte social entre les alumineries et l’ensemble des Québécois. Elles bénéficient de tarifs d’électricité avantageux et en contrepartie elles créent de bons emplois dans les régions du Québec. Avec le lockout, ce pacte est rompu. Cela ne concerne pas seulement les 1030 familles à la rue, mais l’ensemble des Québécois. Le gouvernement ne peut regarder le train passer pendant que des compagnies prennent une région en otage », a fait valoir le président de la FTQ, Daniel Boyer, qui a appuyé les Métallos lors de leur manifestation devant le Parlement.
Clément Masse est aussi revenu sur l’ouverture de l’employeur à recevoir une contre-offre comme l’a proposé le député de Nicolet-Bécancour. À son avis, le tout passe d’abord par un retour à la table de négociation. «On ne fera pas une contre-offre dans les nuages. Il faut qu’il y ait quelqu’un qui soit devant moi et qui a le mandat de négocier. On sait où ça accroche et il faut regarder si on peut s’entendre», explique-t-il.
De son côté, la direction a émis un communiqué dans lequel elle indique qu’elle a une ouverture à recevoir les idées du syndicat.