Coupe à blanc à l’arrière des résidences: le ministère veut réparer les dégâts

NICOLET. Le ministère des Transports s’est engagé à reboiser la bande d’arbres matures qui a été coupée à blanc à l’arrière des résidences de la rue Mgr-Lafortune contiguës au terrain où elle entrepose de la machinerie et des matériaux, à Nicolet.

Le MTQ entend également nettoyer les débris d’arbres qui ont été laissé en place depuis la fin des travaux qui ont été effectué il y a déjà près d’un mois et qui a arraché l’intimité des propriétaires d’une douzaine de maisons qui ont vu leur cour arrière être ainsi défigurée…

C’est ce qui ressort de la rencontre tenue entre la Ville de Nicolet et les instances régionales du MTQ qui avait lieu hier pour faire le point sur quelques dossiers locaux. Celui-ci était particulièrement chaud à la suite du dépôt d’une pétition par les citoyens touchés par cette coupe à blanc et la médiatisation de l’affaire.

«Il faut que les bottines suivent les babines.»

-Blanche Morin

Une consultation devrait d’ailleurs se tenir avec les résidents qui ont été touchés par les travaux qui ont éliminé une lisière d’arbres plantées il y a une quarantaine d’années sur une distance d’environ 500 mètres entre la piste cyclable et la rue Napoléon-Therrien.

Une communication devrait d’ailleurs se faire avec les résidents prochainement. «On ne sait pas encore quelle forme ça va prendre. Ce pourrait être une consultation en collaboration avec la Ville», a précisé la mairesse de Nicolet, Geneviève Dubois, qui a accueilli cette nouvelle avec soulagement.

«Ils (le MTQ) veulent avoir des suggestions sur quels types d’arbres les résidents veulent avoir, ajoute-t-elle.  Ils ne sont pas allés jusqu’à dire comment et avec quoi ils vont reboiser. C’est certain que comme c’est près d’une ligne électrique, il y aura certains arbres à respecter.»

Un non-sens environnemental

On se souviendra que des travaux réalisés du 11 au 21 octobre par un entrepreneur mandaté par le ministère des Transports sans consultation auprès des résidents ou des instances. «Quand ils ont commencé, on est allé voir à la voirie. Le contremaître nous a dit qu’il venait de faire un contrat le long de la 30 pour élargir les côtés de la route et comme ils avaient la machinerie, ils en ont profité pour faire les travaux ici», raconte Benoit Leclerc, qui a initié une pétition avec sa conjointe Blanche Morin.

«La mairesse ne le savait pas. La directrice générale régionale du ministère des Transports n’était même pas au courant. C’est une décision qui a été prise localement, sans demander à personne ce qu’ils en pensaient, continue-t-il. Personne n’a pensé à aller se plaindre à la Ville. On se disait tous: « Qu’est-ce que la Ville peut faire? Ils (le MTQ) sont chez eux ». Y avoir été, quelqu’un de la Ville serait venu et ils auraient arrêté les travaux.»

Geneviève Dubois aurait d’ailleurs aimé pouvoir être tenue au fait avant qu’il ne soit trop tard afin de pouvoir faire arrêter les travaux. D’autant plus que ceux-ci vont à l’encontre de tous les efforts de la Ville de Nicolet qui a fait planter de nombreux arbres sur le boulevard Louis-Fréchette, cet automne.

Il faut dire qu’il s’agit d’un non-sens environnemental si l’on considère que la plantation de pins et de mélèzes, à laquelle s’étaient entremêlés des boulots, des chênes et des érables au fil du temps, était en place depuis une quarantaine d’années… au point de jouer un rôle pour la biodiversité.

Le tout avait été planté par le ministère, dans les années 1980, pour assurer une quiétude aux résidents du secteur. C’est ce que ces travaux sont venus leur enlever… Puisque les arbres servaient non seulement à cacher quelque peu les activités de voirie, mais également à amenuiser le bruit.

La lisière de bois qui était devenue mature agissait également comme une haie brise-vent. Les résidents doivent maintenant vivre avec des inconvénients étant donné que le vent arrive de beaucoup plus loin.

Sans compter que les travaux peuvent même entraîner une baisse de la valeur des maisons étant donné que le paysage n’est plus le même… et ce, même pour les voisins d’en face. «On avait une intimité. C’est pour ça que nous avions acheté ici», fait valoir Mme Morin.

Ces travaux n’ont pourtant aucune commune mesure avec les besoins réels pour protéger la clôture qui sépare le terrain ou la ligne électrique. Les voisins rencontrés par Le Courrier Sud font valoir qu’Hydro-Québec s’occupe déjà de l’élagage des branches et qu’il aurait été facile de procéder autrement en coupant quelques branches le long de la clôture ou encore l’embauche d’un bûcheron pour abattre un certain nombre d’arbres.

«Élaguer et nettoyer, ce n’est pas grave. C’est juste sain pour des arbres, mais jamais une coupe à blanc comme ça. Ça n’a pas de sens… Pas en 2018», lance Blanche Morin, qui souhaite maintenant que le ministère plante des arbres d’une certaine hauteur. «Il faut que les bottines suivent les babines» a-t-elle fait valoir.