Une chanteuse country témoigne au procès lié au blocus de Coutts, en Alberta

CALGARY — Le blocus à Coutts, en Alberta, a bénéficié du soutien d’un large éventail de personnes, y compris d’une musicienne country qui a sauté sur l’occasion d’interpréter «Freedom» aux barricades, a fait valoir lundi la défense au procès de deux coaccusés.

Lyndsay Butler a raconté qu’elle s’était produite lors de la manifestation de 2022 au poste frontalier canado-américain et qu’elle avait ensuite noué à distance une amitié avec le coaccusé Anthony Olienick.

M. Olienick et Chris Carbert subissent leur procès pour complot en vue de tuer des policiers lors de ce blocus.

Mme Butler a déclaré au tribunal à Lethbridge, en Alberta, que lorsque la pandémie a commencé en 2020, sa carrière musicale s’est arrêtée brutalement. Lorsqu’elle a tenté de recommencer l’année suivante, les mesures sanitaires liées à la COVID-19 et la vaccination obligatoire de certains Canadiens l’avaient à nouveau touchée directement.

«Une entreprise qui organisait des spectacles en plein air… a changé sa politique en septembre 2021», a-t-elle témoigné lundi devant le tribunal de Lethbridge, en Alberta.

«Ils avaient besoin de connaître nos informations médicales privées, comme notre statut vaccinal, si nous devions rester sur la liste pour pouvoir travailler», a-t-elle ajouté.

«À quelle fréquence étiez-vous capable de travailler ?» a demandé Marilyn Burns, l’avocate représentant Anthony Olienick.

«Plus du tout avec cette entreprise, car je ne leur fournissais pas ces informations», a répondu Mme Butler.

La chanteuse, qui vivait à l’époque près d’Okotoks, au sud de Calgary, s’est dite excitée lorsqu’elle a été invitée à la manifestation.

«Un ami m’a demandé si j’allais y aller et chanter», a-t-elle relaté.

Mme Butler a raconté qu’elle y avait joué deux fois. La dernière fois, le 12 février, sur une scène portable, elle a chanté «Bound to Come Out» ainsi que «Freedom».

Elle a rapporté qu’elle avait été présentée à Anthony Olienick et qu’au cours de la dernière année, elle était devenue amie avec sa famille. Elle lui a écrit des lettres pendant sa détention.

«Nous avons correspondu. Je dirais avoir écrit trois à cinq (lettres) à Anthony», a-t-elle témoigné lors du contre-interrogatoire de la Couronne.

«Je suppose qu’il m’a appelé huit fois», a-t-elle estimé.

«Nous avons beaucoup parlé des chiens. Nous avons parlé de l’agriculture et de l’état des cultures. J’ai pris pour devoir de ramener la vraie vie dans leurs non-vies.»

Mme Butler a rapporté qu’elle avait également aidé la mère âgée de M. Olienick à la ferme familiale près de Claresholm et qu’elle avait chanté à l’occasion de son 80e anniversaire.

«Je pensais juste que j’aimerais aider Tessie, étant une dame plus âgée, à s’occuper d’une ferme entière. Je pouvais être là assez souvent pendant la semaine pour aider à couper l’herbe, à arroser les arbres, à la conduire aux visites où Tony était à Lethbridge ou Medicine Hat», a-t-elle détaillé.

Mme Butler a déclaré qu’elle avait également écrit à Chris Carbert et qu’elle avait reçu une réponse.

«Je pensais que c’était important»

La Couronne a présenté des témoignages de la police et des preuves relatives aux armes pour soutenir que les deux accusés avaient l’intention de tuer des membres de la Gendarmerie royale du Canada pour maintenir le blocus en place.

Des agents d’infiltration ont témoigné qu’Olienick leur avait dit qu’il pensait que la police était des marionnettes du gouvernement et que si des policiers se pointaient au blocus, il leur «trancherait la gorge».

Me Burns a plaidé qu’Anthony Olienick faisait partie d’un groupe qui pensait avoir la responsabilité de se dresser contre un gouvernement totalitaire qui cherchait à mettre fin aux libertés individuelles fondamentales.

Un autre témoin de la défense était Travis Lonsberry, un camionneur des environs de High River. Il a déclaré au tribunal qu’il travaillait toujours, mais qu’il souhaitait aider.

«J’avais en quelque sorte observé des choses liées aux convois. Et puis, quand j’ai entendu qu’ils bloquaient la frontière, j’ai pensé que je devais en quelque sorte montrer mon soutien», a-t-il relaté.

«J’y allais la fin de semaine si je le pouvais. Je pensais que c’était important.»

La manifestation à Coutts a bloqué le trafic transfrontalier pendant deux semaines et s’est terminée dans le calme lorsque la police a procédé à des arrestations et saisi des armes, des munitions et des gilets pare-balles à proximité du site. D’autres armes et deux bombes artisanales ont été trouvées au domicile d’Olienick.

Des «petits pétards» artisanaux

Les policiers ont également récupéré 40 000 cartouches ainsi qu’un fusil de chasse, un fusil et deux bombes artisanales sur le terrain d’Anthony Olienick.

Grant Lobban, un ami de M. Olienick, a indiqué au tribunal lundi qu’il avait un camion entreposé sur la propriété et qu’il y avait une carabine et un fusil de chasse à l’intérieur. Il a affirmé que les deux armes lui appartenaient.

Brian Lambert a raconté à un moment donné qu’il avait employé Olienick pour gérer sa carrière de grès. Il a déclaré avoir vu l’accusé utiliser ce qu’il a appelé des «petits pétards» pour briser des morceaux de pierre.

«Vous les fabriquez à partir de tuyaux de plomberie ordinaires et utilisez une sorte de propulseur comme de la poudre de fusil de chasse ou quelque chose du genre», a expliqué M. Lambert.

«Cela dépendait de la taille du trou ou de la taille du morceau de pierre que vous alliez casser. Celui que j’ai vu mesurait environ six pouces de long… peut-être un pouce de diamètre.»

Il a dit que le pétard avait une mèche de feu d’artifice.

«Vous pouvez les trouver dans n’importe quel magasin de loisirs», a-t-il mentionné.