Santé Québec donne un an pour la transition des employés qui ont le double emploi
MONTRÉAL — Québec remet à plus tard la résolution du problème du double emploi dans le réseau de la santé après avoir essuyé de vives critiques pour avoir laissé planer la possibilité de forcer certains employés à choisir entre un des deux emplois pour respecter les normes du travail.
Un peu moins de 1 % des 330 000 employés du réseau, soit 3034 personnes, occupent présentement deux emplois dans des établissements différents du réseau de la santé et un peu plus du tiers d’entre elles, soit 1307 employés, travaillent plus de 40 heures par semaine.
Jusqu’ici, ces personnes étaient considérées comme ayant deux employeurs, soit chacun des deux établissements pour lesquels elles travaillaient, et pouvaient ainsi cumuler le nombre d’heures qu’elles désiraient pourvu qu’elles ne dépassaient pas 40 heures dans chacun des établissements.
Toutefois, avec la mise en service de Santé Québec le 1er décembre prochain, ces 1307 personnes seront considérées comme étant à l’emploi d’un seul employeur, en l’occurrence la nouvelle agence Santé Québec crée par le ministre de la Santé, Christian Dubé. Or, la Loi sur les normes du travail interdit de travailler au-delà de 40 heures par semaine dans un établissement.
Mardi, le ministre avait promis en chambre de voir à assurer «la meilleure transition possible» pour ces 1307 employés, mais avait tout de même précisé qu’ils devraient choisir entre les deux postes d’ici au 1er décembre.
Mercredi, Santé Québec a annoncé par voie de communiqué que ces employés bénéficieraient plutôt d’une période de transition d’un an, soit jusqu’au 1er décembre 2025, et pourront donc maintenir leurs deux emplois au-delà du 1er décembre prochain.
La présidente et cheffe de la direction de Santé Québec, Geneviève Biron, précise dans le communiqué qu’elle s’est engagée à «éviter les approches mur-à-mur» et dit avoir «entendu le cri du cœur de plusieurs employés en situation de double emploi».
Santé Québec fait part de sa reconnaissance envers ces employés et promet de «prendre le temps de les accompagner». La nouvelle agence reconnaît la contribution de tels employés, «dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de forte demande de services», et estime que de les maintenir en emploi leur permettra de continuer à desservir les usagers et à réduire la pression sur le personnel. «Santé Québec collaborera avec les partenaires syndicaux pour trouver des aménagements», promet-on.
Des syndicats prêts à discuter
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) a dit se réjouir du retournement de situation.
«Le choix mal avisé de la CAQ et de Santé Québec créait des drames en plus de priver le réseau public de ressources humaines essentielles à son bon fonctionnement, essentielles pour offrir les soins et services à la population québécoise», a fait valoir le président de la FSSS-CSN, Réjean Leclerc, dans une déclaration écrite.
«Avant d’imposer une telle directive contre-productive au réseau public tout entier, la CAQ et Santé Québec auraient dû consulter la FSSS-CSN (…) Nous aurions pu les prévenir des conséquences malheureuses de leur décision unilatérale. Et nous aurions pu chercher avec eux des solutions adéquates», a-t-il ajouté.
Tout de même, M. Leclerc a souligné que l’organisation syndicale était «toujours disponible pour négocier avec la PDG de Santé Québec, Geneviève Biron, afin d’encadrer la transition à venir».
«Il est cependant important de noter que la convention collective et les normes minimales du travail s’appliqueront, bien entendu», a dit le président du syndicat comptant plus de 120 000 membres dans le réseau public de la santé et des services sociaux.
L’APTS, autre grand syndicat du secteur public, a dit être prêt à collaborer avec l’agence pour trouver des solutions.
«Dans l’état de notre réseau public, on ne peut se priver de gens prêts à offrir des soins et services à la population», a affirmé dans un courriel le président de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, Robert Comeau.
«Nous sommes satisfaits que Santé Québec entende raison et prolonge la période de transition pour celles et ceux occupant plus d’un emploi. Nous sommes prêts à collaborer avec l’agence pour convenir de solutions favorisant l’accessibilité et la qualité des services», a-t-il ajouté.