Le PQ veut des robots pour combler la pénurie de main-d’oeuvre
QUÉBEC — Le Parti québécois (PQ) mise sur les robots pour combler la pénurie de main-d’oeuvre et remplacer l’immigration temporaire dans les champs et les usines.
La Presse Canadienne a obtenu le volet robotisation et automatisation du plan péquiste de réduction de l’immigration, à la veille de sa présentation lundi.
Ce plan est attendu depuis plusieurs mois et constitue une riposte à l’Initiative du siècle, un mouvement qui milite pour augmenter à 100 millions la population du Canada, grâce à l’immigration.
Le plan du PQ propose de réduire le nombre de travailleurs étrangers temporaires établis au Québec de 270 000 à 40 000, selon ce qui a été rapporté dans les médias.
«Le nombre de temporaires a augmenté à la vitesse grand V et les enjeux de pénurie sont les mêmes, s’ils ne sont pas pires dans certains secteurs», a déploré le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, dans un entretien avec La Presse Canadienne diffusé dimanche.
Le parti indépendantiste veut ainsi déboulonner «le mythe, le mensonge grossier, une affirmation fautive de certains lobbys», voulant que l’immigration comble la pénurie de main-d’oeuvre, puisque la pénurie se poursuit malgré l’afflux massif de nouveaux arrivants, a-t-il laissé entendre.
Pour combler les postes vacants et les besoins des entreprises, le PQ veut s’inspirer des modèles comme la Corée du Sud, le Japon ou l’Allemagne, tous des pays frappés par le manque de main-d’oeuvre, mais qui ont investi massivement dans la recherche et la robotisation.
Un gouvernement péquiste mettrait sur pied un fonds spécial consacré à la robotisation pour financer les entreprises qui font ce virage.
Il mandaterait également l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) pour stimuler les projets de recherche et développement en robotique industrielle, manufacturière et agricole.
Enfin, s’il accède au pouvoir, le PQ ajouterait un volet automatisation au Programme Innovation d’Investissement Québec, visant des entreprises en pénurie de main-d’œuvre, mais aussi des sommes au Programme Innovation bioalimentaire 2023-2028.
«Pour l’agriculture, c’est vraiment un gros enjeu», a reconnu M. St-Pierre Plamondon.
«On est conscient qu’on ne peut pas retirer du jour au lendemain tous les travailleurs temporaires dans un secteur qui est aussi dépendant.»
Un virage à faire
Le retard du Québec en robotisation est attribuable à la présence d’une main-d’œuvre abondante et bon marché, ce qui a été au fil des années un frein à l’automatisation des entreprises, a laissé entendre le chef péquiste.
Par exemple, on compte 176 robots par 10 000 employés au Canada, tandis qu’en Corée du Sud, c’est 932 robots par 10 000 travailleurs, selon les données du document du PQ.
«C’est un retard colossal», reconnaît M. St-Pierre Plamondon.
«C’est intéressant de voir que des pays qui n’ont pas pris la voie de l’immigration, la Corée et le Japon, ont fini par être nettement plus robotisés que nous.»
Plus du tiers des postes vacants au Québec se trouvent dans trois secteurs qui emploient actuellement des immigrants temporaires.
Il y a la fabrication, où on retrouve 16 % de postes à combler, et c’est le secteur qui se prête le mieux à la robotisation, a reconnu le chef péquiste. Puis il y a le commerce de gros et de détail (12 %) et les services d’hébergement et de restauration (9 %), des secteurs où le défi de la robotisation est plus complexe à relever.
Le document du PQ ne comporte pas de données sur les investissements des entreprises nécessaires à la robotisation ou le financement de l’État qui sera requis. Il ne contient pas non plus d’estimations sur le nombre de robots ou d’appareils qui devront être déployés.
Le chef du parti fait valoir qu’il s’agit d’un document d’orientation et que le programme du PQ, dans deux ans, à la veille des élections, contiendra ces données précises et à jour.
«On a fait un certain nombre de consultations, mais on n’a pas arrêté de chiffres précis. On dit: voici le changement de philosophie et d’approche, et voici les faussetés qu’on dénonce. Dans la deuxième étape, on ira secteur par secteur en évaluant les montants à investir.»