Le policier reconnu non coupable de la mort d’Abdirahman Abdi témoigne

Un policier qui a été reconnu non coupable d’homicide involontaire dans une histoire concernant le décès Abdirahman Abdi d’Ottawa en 2016 a déclaré lors d’une enquête du coroner que son objectif était de «distraire» l’homme avec des coups de poing pendant l’arrestation, et qu’il «a fait de son mieux» pour le surveiller par la suite.

L’enquête sur la mort de M. Abdi marque la première fois que l’agent de police d’Ottawa Daniel Montsion s’exprime publiquement sur l’affaire.

M. Abdi, âgé de 38 ans, est décédé en juillet 2016 après que la police a répondu à un appel au 911 signalant qu’un homme tripotait des femmes à l’extérieur d’un café dans le quartier Hintonburg à Ottawa. L’enquête a appris que M. Abdi semblait être en crise de santé mentale à ce moment-là.

L’agent Montsion a été accusé d’homicide involontaire, de voies de fait graves et d’agression armée avant d’être déclaré non coupable en 2020.

Lors du contre-interrogatoire de l’enquête vendredi, un avocat de la famille de M. Abdi a montré des extraits de la vidéo de l’arrestation et a interrogé M. Montsion sur les coups qu’il a portés à l’homme d’origine somalienne.

«Vous lui lancez un coup de poing à la tête avec les menottes dans votre main droite», a remarqué Tina Hill.

M. Montsion a contesté cela.

Les coups qu’il a portés, dont un qui a cassé le nez de M. Abdi, avaient un but, a-t-il ajouté.

«Mon objectif était de le distraire avec ces coups de poing», a déclaré l’agent, ajoutant qu’il essayait de contrôler M. Abdi avant de le placer en détention.

M. Montsion a été longuement interrogé sur les politiques de la police d’Ottawa concernant le recours à la force et sur la formation qu’il a reçue à ce sujet.

«Les problèmes de santé mentale d’une personne lors de la détermination du niveau de force utilisé ne sont pas quelque chose qui est pris en compte, a-t-il soutenu. La force est utilisée en fonction du comportement de quelqu’un». Le policier a également déclaré qu’il était désolé pour la perte de la famille de M. Abdi.

L’enquête a révélé que M. Montsion portait des gants spéciaux avec une protection en plastique sur les jointures lors de l’arrestation de M. Abdi. Ils sont destinés à éviter que les policiers ne se blessent aux mains.

Les gants ont été remis aux membres de l’équipe d’intervention directe de la police, a assuré M. Montsion, mais il n’a reçu aucune formation ni aucune instruction sur la façon de les utiliser.

L’agent Montsion a déclaré qu’il avait utilisé les gants après s’être cassé la main lors d’une arrestation. Mais il a rejeté les suggestions selon lesquelles les gants étaient dangereux ou causaient plus de blessures aux personnes arrêtées.

«Je n’ai reçu aucune instruction, mais je ne pense pas qu’ils aient causé plus de dégâts», a-t-il expliqué, ajoutant qu’il avait «frappé beaucoup de gens» avec les gants.

Le policier a déclaré qu’il pensait avoir correctement surveillé M. Abdi après l’avoir menotté.

«Plus nous attendions, plus la scène devenait chaotique, a-t-il déclaré à l’enquête. J’ai fait de mon mieux. […] Je ne pense pas que j’aurais pu faire beaucoup plus que ça.»

La volatilité de la situation a rendu plus difficile de se concentrer sur la santé de M. Abdi, a expliqué Montsion, et d’identifier la famille de l’homme sur les lieux.

«Les gens nous insultaient, nous accusaient de l’avoir tué, criaient « brutalité policière »», a-t-il dit à propos des spectateurs.

Les procédures d’enquête se sont terminées tôt vendredi après que le jury a vu des images prises avec un téléphone portable depuis un appartement surplombant la scène alors que M. Abdi gisait au sol en sang.

La voix d’un membre du jury s’est brisée d’émotion lorsqu’il a demandé une pause pour traiter la vidéo. La décision de terminer la journée plus tôt a été soutenue par plusieurs avocats qui ont qualifié la vidéo de «traumatisante».

L’enquête, qui doit durer quatre semaines, est imposée par la loi parce que M. Abdi a été blessé pendant sa garde à vue. Le jury n’est pas chargé de déterminer la responsabilité légale, mais il peut faire des recommandations pour éviter des décès similaires à l’avenir.