Un populiste d’extrême droite surprend lors de l’élection présidentielle roumaine

Un populiste d’extrême droite peu connu a pris la tête de l’élection présidentielle roumaine dimanche, selon les données électorales, et affrontera probablement le premier ministre de gauche Marcel Ciolacu lors d’un second tour dans deux semaines, un résultat qui a secoué le paysage politique du pays.

Calin Georgescu, qui s’est présenté comme indépendant, est en tête des sondages avec environ 22 % des voix, tandis que M. Ciolacu du Parti social-démocrate, ou PSD, est à la traîne avec 20 %. Elena Lasconi du parti Union sauvez la Roumanie, ou USR, a obtenu environ 18 % des voix, et George Simion, le chef de l’Alliance pour l’unité des Roumains, ou AUR, d’extrême droite, a obtenu 14,1 %.

Après la fermeture des bureaux de vote, 9,4 millions de personnes, soit environ 52,4 % des électeurs éligibles, avaient voté, selon le Bureau électoral central. Le second tour du scrutin aura lieu le 8 décembre.

Treize candidats se sont présentés à la présidence dans ce pays membre de l’Union européenne et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Le président a un mandat de cinq ans et dispose de pouvoirs décisionnels importants dans des domaines tels que la sécurité nationale, la politique étrangère et les nominations judiciaires.

M. Georgescu, 62 ans, s’est présenté de manière indépendante et n’était pas très connu. Il a surpassé la plupart des sondages locaux, envoyant une onde de choc dans l’ordre politique roumain alors qu’il montait en puissance dans les sondages.

Après avoir déposé son bulletin de vote dimanche, M. Georgescu a affirmé dans une publication sur Facebook qu’il avait voté «pour les injustes, pour les humiliés, pour ceux qui ont le sentiment de ne pas compter et qui comptent le plus… le vote est une prière pour la nation».

Cristian Andrei, un consultant politique basé à Bucarest, a déclaré à l’Associated Press (AP) que la performance inattendue de M. Georgescu dans les sondages semble être une «grande protestation ou une révolte contre l’ordre établi».

«Les principaux partis politiques ont perdu le contact avec les Roumains ordinaires», a-t-il expliqué. «Vous n’avez pas de candidats forts ou de dirigeants forts… il y a des candidats faibles, des dirigeants faibles et les partis en général sont assez déconnectés.»

M. Georgescu n’a pas de programme politique, a ajouté M. Andrei, et a un manifeste vague et populiste avec des positions qui sont «au-delà du discours normal». Ses positions incluent le soutien aux agriculteurs roumains, la réduction de la dépendance aux importations ainsi que l’augmentation de la production énergétique et alimentaire.

Selon son site web, M. Georgescu est titulaire d’un doctorat en pédologie, une branche de la science des sols, et a occupé différents postes au ministère roumain de l’Environnement dans les années 1990. Entre 1999 et 2012, il a été représentant de la Roumanie au comité national du Programme des Nations unies pour l’environnement.

Les vidéos publiées sur son compte TikTok populaire, où il a accumulé 1,6 million de «j’aime», le montrent en train d’aller à l’église, de faire du judo, de courir sur une piste ovale et de s’exprimer sur des balados.

Avant le vote de dimanche, beaucoup s’attendaient à voir M. Simion, un fervent partisan du président élu américain Donald Trump, affronter M. Ciolacu au second tour. Il a fait campagne pour la réunification avec la Moldavie, qui a renouvelé cette année son interdiction d’entrer dans le pays pendant cinq ans pour des raisons de sécurité, et il est interdit pour la même raison d’entrer dans l’Ukraine voisine.

La Roumanie organisera également des élections parlementaires le 1er décembre qui détermineront le prochain gouvernement et le prochain premier ministre du pays.

Alors que les bulletins de vote étaient encore en cours de dépouillement, M. Simion a dit qu’il félicitait M. Georgescu et qu’il était «très heureux qu’environ 40 % des voix des Roumains se soient tournées vers l’option souveraine» et qu’elle soit au second tour.

M. Andrei, le consultant politique, a indiqué que le déficit budgétaire important de la Roumanie, la forte inflation et le ralentissement économique pourraient pousser davantage de candidats traditionnels à adopter des positions populistes dans un contexte de mécontentement généralisé.

M. Ciolacu a déclaré à l’AP avant le premier tour que l’un de ses principaux objectifs était de «convaincre les Roumains qu’il vaut la peine de rester chez eux ou de retourner» en Roumanie, qui compte une diaspora massive répartie dans tous les pays de l’Union européenne.