Les lockoutés d’ABI se font entendre à Pittsburgh
MANIFESTATION. Une centaine de travailleurs de l’Aluminerie de Québec ont manifesté devant l’hôtel Westin de Pittsburgh où se tient l’assemblée des actionnaires d’Alcoa. Ils dénoncent le lock-out en cours depuis le 11 janvier dernier et réclament une entente négociée.
« Nous sommes ici pour dire aux actionnaires qu’ils sont perdants dans l’équation si le lock-out se poursuit. Avec les coûts liés à l’arrêt et à l’éventuel redémarrage de deux séries de cuves et la diminution de production, le lock-out a déjà coûté plus de 164 millions US en profits perdus à ABI, et le compteur tourne», indique le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau, qui s’est adressé aux manifestants à l’extérieur avant d’entrer dans la salle de réunion du centre des congrès pour assister à l’assemblée des actionnaires.
C’est que l’arrêt et le redémarrage des cuves coûteront environ 100 millions, tandis qu’ABI se prive au bas mot de profits de l’ordre de 16 millions par mois en raison de la diminution de production. Ces estimations sont par ailleurs «très conservatrices» puisqu’elles ne tiennent pas compte de la valeur ajoutée lors de la fabrication de produits comme les plaques et la billette.
Si la compagnie a indiqué son intention de revenir à la table de négociation au cours des derniers jours, le Syndicat demande maintenant aux actionnaires de s’assurer que cette fois sera la bonne et que les négociateurs aient des mandats pour régler les points en litige. C’est-à-dire le respect de l’ancienneté dans les mouvements de main-d’oeuvre et le financement du régime de retraite.
C’est une centaine de lockoutés qui ont fait plus de 15 heures de route depuis Bécancour au Québec pour venir se faire entendre des actionnaires et dénoncer ce lockout qu’ils qualifient d’absurde. Du nombre, cinq représentants du Syndicat des Métallos, détenteurs de procuration pour représenter des actionnaires, entreront dans l’assemblée pour s’adresser aux dirigeants d’Alcoa.
« Nos membres sont déterminés, ils ne rentreront pas à genoux. Mais est-ce nécessaire d’accumuler les pertes encore longtemps avant d’arriver à un règlement? Nous sommes venus demander aux actionnaires de faire une différence dans la durée du conflit. Ils peuvent exiger des comptes de la haute direction. Les prix sont bons, la prime Midwest est élevée, Alcoa a tout intérêt à produire à pleine capacité. Et nous sommes prêts à faire ce qu’on fait de mieux : de l’aluminium de qualité », fait valoir le président de la section locale 9700, Clément Masse.
Les Métallos rappellent qu’avant le déclenchement du lock-out, le comité de négociation avait ouvert la porte à la migration pour tous les salariés d’un régime à prestations déterminées vers un régime de retraite à financement salarial.
Un tel régime répondait en tous points aux préoccupations des actionnaires qui souhaitaient éliminer le passif des régimes de retraite des états financiers. Les parties s’étaient à toutes fins pratiques entendues et il restait seulement à finaliser les modalités de financement.
Pour le syndicat, l’autre élément au coeur du litige est le respect de l’ancienneté dans les mouvements de main-d’oeuvre. Les syndiqués tiennent à ce que des postes soient affichés en premier lieu au sein de l’usine avant d’être offerts en recrutement externe.