Vers une faillite pour Minéraux rares Quest?

ÉCONOMIE. L’entreprise Minéraux rares Quest a annoncé mercredi qu’elle a déposé un avis d’intention de faire une proposition à ses créanciers, en vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, ce qui compromet son projet d’usine de terres rares prévu à Bécancour.

Conformément à l’Avis d’intention, PricewaterhouseCoopers a été nommé Syndic dans les procédures entreprises par Quest et l’appuiera dans ses efforts de restructuration.

Ce dépôt fait suite à l’étude exhaustive des options ouvertes à l’entreprise suite à la décision d’un grand conglomérat industriel ayant des intérêts dans la construction, les mines et les hydrocarbures de ne pas effectuer l’investissement dans le projet Quest, tel que prévu dans le Protocole d’entente signé le 2 novembre 2016.

Le dépôt de l’Avis d’intention a pour effet de suspendre automatiquement les procédures pendant 30 jours, ce qui protégera Minéraux rares Quest et ses actifs de réclamations de créanciers alors qu’elle entreprend ses efforts de restructuration. Cette période de 30 jours peut être prolongée avec l’approbation de la Cour supérieure du Québec.

L’entreprise est d’avis que l’action qu’elle a prise est dans l’intérêt de tous ses partenaires, car elle lui donne le temps et les ressources pour poursuivre la recherche d’autres sources de financement ou d’être fusionnée ou acquise par une autre société. Il ne peut y avoir aucune garantie que la Société réussisse à obtenir le financement requis ou à atteindre ses objectifs de restructuration. L’échec Quest à atteindre ses objectifs de financement et de restructuration aura vraisemblablement pour conséquence d’entrainer sa faillite.

Minéraux rares Quest fournira des mises à jour concernant les prochaines étapes du processus lorsque celles-ci auront été déterminées. Par ailleurs, la Bourse de Toronto (TSX) a indiqué que les négociations sur les titres de la Société seront suspendues.

Dans le communiqué émis, l’entreprise a aussi fait savoir que Dr. Dirk Naumann, président et chef de la direction, a joint le conseil d’administration de la Société.  Me Neil Wiener a remis sa démission à titre d’administrateur pour des motifs personnels. 

Rappelons que la Société canadienne Minéraux rares Quest vise à devenir un producteur intégré d’oxydes d’éléments de terres rares, et à devenir un acteur important dans la chaîne mondiale d’approvisionnement de métaux de terres rares.

Déception à Bécancour

La nouvelle a pris le maire de Bécancour par surprise. «Je ne m’attendais vraiment pas à ça. Il y a encore une semaine, on avait reçu un communiqué comme quoi l’entreprise venait d’obtenir un brevet international pour un procédé nouveau. En ce qui nous concerne, tout semblait bien aller», affirme Jean-Guy Dubois.

Il rappelle que ce projet était de l’ordre de plus d’un milliard de dollars. «On s’attendait à ce que ça prenne du temps. C’est normal, car c’est un gros projet d’envergure et c’est un gros BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement) qui se préparait là-dessus, en ce qui a trait à l’étude environnementale. On parlait d’une mise en service autour de 2020.»

«À mes yeux, le projet n’est pas complètement mort, mais disons que ça n’augure pas bien, reconnaît M. Dubois. C’est dommage parce que c’était une belle production et le projet était unique au monde. J’aimerais bien que des ministères se penchent sur ce dossier.»

Le maire se désole par ailleurs que ce soit le 5e gros projet qui échappe à Bécancour. «On doit maintenant se retrousser les manches et regarder davantage les projets de moins grande envergure, comme on le fait depuis quelques mois», évoque-t-il, en faisant référence du même coup au futur incubateur industriel.