Une pêche miraculeuse sur le lac Saint-Pierre
C’est une évidence pour tous les travailleurs de la planète : certaines journées au boulot sont plus plaisantes que d’autres. C’est justement un de ces moments que j’ai pu vivre le 11 janvier dernier en compagnie de mes collègues du Courrier Sud Mathieu et Daniel. Tous les trois, nous sommes partis à l’aventure, l’aventure de la pêche blanche sur le lac St-Pierre.
Pour faire un bref retour, cette histoire avait débuté quelques jours auparavant alors que nous discutions de sujets à traiter pour le journal. Après avoir divagué à propos de journalisme expérimental dans une grotte au fin fond des bois ou de notre intégration au sein d’une meute de loups, nous nous sommes mis à y penser un peu plus sérieusement. Tout à coup, le regard fixé en direction de la fenêtre, Mathieu a déclaré «Nous pourrions tenter le coup avec la pêche blanche?» Et voilà, nous avions trouvé!
Le choix de l’endroit n’a pas été bien difficile à faire puisque Daniel possède une petite cabane bien sympathique sur le lac St-Pierre. Une fois mis au courant de notre plan, il n’a pas cessé de nous vanter les vertus de son loisir de prédilection pendant l’hiver. Le jour venu, notre hôte se charge de tout, des repas du midi, des appâts, du transport, du carburant, de la perceuse à neige… rien n’a été laissé au hasard. C’est donc avec l’espoir de faire une pêche miraculeuse que moi et mes acolytes nous dirigeons vers le site, et ce, dans une température glaciale.
L’aventure commence
À peine embarqué sur l’eau gelée que déjà un drôle de sentiment s’empare de moi. Est-ce que la glace est assez solide? Va-t-elle tenir le coup? Heureusement, quelques mètres plus loin ces pensées sont déjà loin derrière moi puisque nous sommes en vue de la cabane de Daniel et aucun incident fâcheux n’est arrivé. C’est alors qu’un individu vient nous rejoindre à toute allure sur sa motoneige.
«Vous n’avez rien senti? Il y avait des vagues sous la glace quand vous avanciez. Un camion a calé dans l’eau hier et d’autres en fin de semaine passée», nous dit-il. La stupéfaction se lit alors sur le visage de Daniel. «La glace a 12 pouces d’épaisseur, ce n’est quand même pas croyable», réplique-t-il.
La discussion terminée, nous entamons la préparation de notre emplacement. Les trous sont alors percés, les brimbales installées et les ménés accrochés au bout des hameçons. C’est alors que, pendant que nous étions en train d’allumer le feu à l’intérieur de la cabane, une des lignes pique du nez. Je me frotte les yeux et je regarde à nouveau, c’est bien vrai, elle bouge vraiment! Sans une ni deux, je me précipite à l’extérieur et je remonte vigoureusement la ligne.
Au poids, le monstre anticipé a sûrement maigri pendant mon déplacement puisqu’il est léger comme une plume. Oups! C’est vrai, l’appareil-photo! Je demande à Mathieu de tenir notre première prise de la journée afin d’immortaliser le tout. C’est un petit doré et nous le remettons à l’eau confiants d’en attraper plusieurs autres de plus grande envergure. Nous n’avons aucune raison de croire le contraire, ça ne fait même pas 15 minutes que nous sommes là et déjà, nous avons une prise.
L’interminable attente commence alors… Daniel est convaincu que son emplacement est exceptionnel. «Mon voisin a sorti 30 dorés le weekend dernier», ne cesse-t-il de répéter. «Mais, ce n’est pas la même chose chaque jour», s’empresse-t-il de rajouter.
Une heure passe… rien… la deuxième heure… toujours le néant… la troisième arrive à terme… c’est toujours le calme plat!
Daniel fait alors une ultime tentative et avise Mathieu et moi de ne pas divulguer son truc. Prenant sa perceuse, notre hôte s’empresse d’aller faire de nouveaux trous dans la glace. «Ça va attirer le poisson», dit-il avec confiance. Hum! Je suis sceptique! … Et j’ai bien fait puisque le résultat est le même que les trois heures précédentes.
Au pointage final, les poissons l’emportent par une majorité écrasante. «Tu peux être certain que nous ne dirons pas ton truc», avons-nous mentionné à Daniel en riant. Déçus de ne pas avoir des histoires de pêche longues comme le bras à raconter, nous remballons nos affaires et repartons vers la rive.
En chemin, nous croisons le camion qui s’est enfoncé dans la glace la veille, un rappel que certains ont eu encore moins de veine que nous…