Un débat musclé à Bécancour
ÉLECTIONS. Après un début de campagne électorale parsemé d’attaques et de pointes envoyées de part et d’autre, Martine Pepin et Jean-Guy Dubois ont «laissé tomber les gants» lors d’un débat radiophonique qui a donné lieu à une bonne «bagarre» verbale!
Les deux camps ont profité de la joute oratoire menée par le journaliste Jocelyn Ouellet devant une cinquantaine de personnes au deuxième étage de la Microbrasserie Ô Quai des Brasseurs – et diffusée sur les ondes du FM 90,5 – pour en découdre sur de nombreux sujets.
Un exercice qui a servi le maire sortant, Jean-Guy Dubois, qui sait jouer avec les mots et qui n’a pas manqué de remettre les pendules à l’heure sur plusieurs dossiers qui ont marqué son dernier mandat. Il a tout de même fait face à une adversaire bien préparée, alors que Martine Pepin a aussi porté de bons coups avec plusieurs questions et éléments de réponses tout au long des échanges.
Dès son allocution de départ, Jean-Guy Dubois est revenu sur la dernière sortie du Groupe Pepin sur la gestion du projet de l’aménagement du quai de Sainte-Angèle et de la Tour d’observation, qui a été comparée à une boîte de biscuits soda.
«Je ne l’ai pas amené avec moi ce soir, mais j’ai ma pelle qui est un symbole de construction. Ce soir, exceptionnellement, j’ai amené ma moppe qui sert à nettoyer la saleté… Vous avez atteint un haut niveau de bassesse et de méchanceté en faisant passer le conseil municipal et de nombreux bénévoles pour une gang d’imbéciles. Tout ceci dans un communiqué de presse qui a été déclaré erroné le lendemain matin», a lancé Jean-Guy Dubois.
Le ton était donné et plusieurs échanges musclés ont suivi durant l’émission d’une heure, notamment sur le volet économique où les visions divergent.
D’abord en ce qui concerne l’entente avec IDÉ Trois-Rivières. «C’est un quart de million de dollars qui a été investi dans IDÉ Trois-Rivières depuis les deux dernières années, a lancé Martine Pepin, avant d’ajouter qu’il n’y a toujours pas de résultats tangibles, malgré le fait que le maire souligne que 16 projets sont sur la table. «Des projets qui prennent du temps», rappelle-t-il.
L’ancienne directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie du Cœur-du-Québec a également insisté pour que l’entente inclue également Nicolet et les autres villes, avant d’ajouter qu’il faut un vrai partenariat, comme celui sur l’économie circulaire mise sur pied par la CCICQ.
Elle est également revenue sur le Salon de l’emploi Trois-Rivières-Bécancour dont la tenue devait alterner entre la Rive-Nord et la Rive-Sud. «Là, on envoie nos entreprises à Trois-Rivières», a-t-elle rappelé. Ce à quoi le maire Dubois a rétorqué: «vous trouverez un endroit pour l’installer à la grandeur qu’il a, il n’y en a pas d’espace pour faire ça (sur la Rive-Sud).»
Le développement touristique a aussi donné lieu à quelques répliques assassines. Notamment en ce qui concerne le nombre d’employés. «Avant ça, il y avait quatre personnes à plein temps douze mois par année. Aujourd’hui, on a 1,4 personne qui travaille au tourisme et trois fois plus d’activités qu’on avait», a décrit Jean-Guy Dubois, avant d’ajouter, quand il a été question de rétablir l’Office de tourisme de Bécancour: vous voulez réengager quelqu’un, votre jupon dépasse-t-il un petit peu?»
De son côté, Martin Pepin, qui souhaite redonner le pouvoir aux intervenants du milieu lui a demandé si «le comité consultatif est-il juste consulté ou il a un devoir d’aider dans votre organisation?», avant de lui lancer que s’il y a un poste d’ouvert au Tourisme, c’est que tous les autres ont été congédiés.
Le ton a également monté quand il a été question de l’incubateur en technologie environnementale, sur lequel la Ville d’apprête à investir plus de 6 millions $. Martine Pepin, qui a souligné que tout ce qui touche aux énergies vertes devait au départ être situé dans le parc LaPrade. « Là, vous l’amenez dans le parc industriel et portuaire. Est-ce que vous aimez investir dans du béton?», lui a-t-elle lancé, puisqu’il y a déjà des locaux vacants et une administration en place.
«Nous avons essayé de toutes les façons possibles avec le propriétaire de LaPrade, mais vous sauriez, si vous étiez venu au moins une fois au conseil, que nous avons une poursuite de 5 millions. On a tout essayé, mais il y a des limitations, parce que c’est une centrale d’eau lourde. Il y a d’immenses blocs de béton sur le terrain et aucun système d’égout sauf un égout domestique pour 30 à 40 personnes», a-t-il rétorqué.
«Quel est votre seuil de rentabilité pour l’incubateur? Le savez-vous?, a lancé Martine Pepin à Jean-Guy Dubois, qui lui a avoué n’en avoir aucune idée et qu’il n’est pas question de rentabilité pour un tel projet. C’est 387 000$. C’est beaucoup d’argent ça», a ajouté Mme Pépin, qui souhaite plutôt y développer un Hub.
Le mode de scrutin a aussi été l’objet de discorde, alors que Martine Pepin veut établir le vote par district pour que chacun représente le même nombre d’électeurs, en ayant par exemple, deux conseillers à Saint-Grégoire. Jean-Guy Dubois préfère conserver les conseillers avec des rôles de «maires d’arrondissements» et de «ministres» en leur donnant davantage de responsabilités.
Le reste du débat s’est déroulé plus calmement et les candidats ont même été sur la même longueur d’onde sur quelques dossiers, comme la revitalisation des secteurs, le refus de l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste et l’importance d’un programme de mesure d’urgence en cas d’inondations.
Une façon aussi de donner les grandes lignes de leur programme électoral et de revenir sur les enjeux de la Ville de Bécancour. Chaque segment étant d’ailleurs introduit par un vox-populi comprenant des idées recueillies auprès de la population.