Toujours pas de décisions de prises à l’ENPQ
PYRRHOTITE. Rongés par le «cancer du béton», certains bâtiments de l’École nationale de police du Québec (ENPQ) devront éventuellement être reconstruits et la facture s’annonce salée pour la Société québécoise des infrastructures (SQI).
Une poursuite de 5,2 millions $ a d’ailleurs été intentée contre les entrepreneurs, les ingénieurs, les architectes et les assureurs qui ont été impliqués dans les différents chantiers qui se sont déroulés entre 2001 et 2003.
La note pourrait toutefois être plus importante pour la SQI puisqu’elle tient seulement compte des frais liés à la construction. Elle n’inclut pas les frais d’éventuels déménagements temporaires, ni des honoraires professionnels pour les réaliser.
Pour le moment, la SQI sait que le béton de quatre bâtiments qui servent à la simulation de scènes de crime devra être détruit et refait au complet, pour un montant estimé à 940 000$. Aucune date n’a toutefois été avancée quant à la réalisation des travaux, et aucune démarche n’a été amorcée en ce sens.
Selon des analyses menées en mai dernier, ceux-ci présentent des problèmes de «gonflement sulfatique» dans le béton, étant donné que les granulats utilisés n’étaient pas conformes aux normes de l’industrie.
«On sait que ça ne met pas en cause la sécurité des occupants et ça ne se changera pas du jour au lendemain, indique le porte-parole de la SQI, Martin Roy. Nous continuons d’observer l’évolution du béton et quand on aura atteint un certain seuil, on prendra les actions nécessaires le moment venu.»
La requête intentée par la firme d’avocats Joli-Cœur Lacasse, qui représente les intérêts de la SQI, n’a toujours pas été entendue à la Chambre civile de la Cour supérieure. «Nous avons décidé d’intenter une poursuite pour préserver nos droits, fait valoir le porte-parole. Ça nous permet de nous protéger dans le cas où nous devrions reconstruire.»
Plusieurs bâtiments visés
En plus des quatre bâtiments pour les simulations policières, cinq autres bâtiments sont en cause. Dans leurs cas, les analyses réalisées par Labo S.M. ne nécessiteront pas de reconstruction à court terme, mais plutôt une surveillance de l’évolution de la pyrrhotite qui devra se faire plus ou moins aux six mois.
C’est notamment le cas du centre sportif qui abrite un gymnase et une piscine qui sont fréquentés autant par les aspirants policiers que par la population. Dans ce cas, c’est le mur parallèle de la section droite du bassin d’eau qui est atteinte et qui doit faire l’objet d’une surveillance. La SQI évalue les travaux de reconstruction à 1 150 000$.
La salle de tirs, où les policiers s’entraînent au maniement des armes, présente quant à elle des fissures dans le mur de fondation et la dalle sur le sol. Son état devra demeurer sous surveillance et pourrait engendrer une réfection de l’ordre de 300 000$.
D’autres travaux majeurs pourraient devoir être apportés à des ailes d’hébergement pour un montant évalué à un peu plus de 2,8 millions $, tout dépendant de l’évolution de la dégradation du béton.
Dans le cas des ailes A et G, ce sont les murs de soutènement, la dalle du quatrième et les trottoirs dont la présence de fissures et l’apparition des dommages seront à surveiller aux six mois. Dans ce cas-ci, la SQI évalue les réparations à 1 550 000$.
Le bâtiment P présente aussi des fissures sur les murs extérieurs et intérieurs, sur les dalles du rez-de-chaussée et du deuxième étage, et il est susceptible de développer une problématique liée à la présence de pyrrhotite. Une inspection visuelle devra être réalisée périodiquement et la reconstruction pourrait coûter 1 267 000$.
Dans la poursuite, on peut lire que les granulats et le béton utilisés étaient non-conformes, de piètre qualité et ne rencontraient pas les normes de l’industrie. Dans certains cas, on accuse aussi des entrepreneurs d’avoir fait preuve de négligence en omettant de faire les analyses afin de s’assurer que le béton utilisé respecte les normes.