IFFCO: le projet remis sur les rails
ÉCONOMIE. Même s’il y a encore loin de la coupe aux lèvres, IFFCO avait de bonnes nouvelles à annoncer concernant son projet de construction d’une usine d’engrais azotés à Bécancour.
Après avoir annoncé un repli stratégique, l’automne dernier, la compagnie en est venue à des ententes de principes sur deux principaux morceaux du projet qui achoppaient à ce moment-là.
L’approvisionnement en gaz naturel sera assuré par une entreprise de classe mondiale dont IFFCO n’a pas dévoilé l’identité. Celle-ci s’engage à fournir Gaz Métro pour répondre aux besoins de l’entreprise qui étaient évalués à 2,5 millions de mètres cubes par jour dans l’étude d’impact.
Ceci assurera l’approvisionnement pour une période de 15 à 20 ans, en plus d’un prix fixe pour les premières années. «C’est à négocier. Ce pourrait être 3 ou 5 ans», a dévoilé le chef de direction de l’entreprise, Claude Lafleur.
De plus, IFFCO n’aura plus à s’occuper des audiences publiques de l’office national de l’énergie (ONE) qui devait réglementer le transport par pipeline, puisqu’elle confie cette partie du projet à l’entreprise en question.
Un consortium composé du groupe espagnol Duro Felguera (DF), du groupe italien Maire Tecnimont, qui a construit plusieurs usines d’urée dans le monde, le groupe québécois L. Nardella associés, spécialisé dans la gestion de l’approvisionnement de la construction dans les grands projets, ainsi que la firme-conseil Roche, qui fera le lien entre la technologie européenne et les conditions québécoises.
L’entente est intervenue mercredi avec ce consortium qui a remporté un derby auquel ont participé cinq consortiums, dont trois se sont rendus au bout du processus. Une ronde de négociation s’amorcera au cours des prochaines semaines pour préciser le montant du projet.
«Il faut préciser le contrat clé en main, explique Claude Lafleur. Les paramètres du coût de construction doivent être compétitifs. À travers le monde, le coût d’un projet comme le nôtre se situe entre 1,7 et 2 milliards de dollars américains. Il ne faut pas qu’ils arrivent avec 3 milliards, parce que c’est sûr que ça ne fonctionnera pas».
Encore du travail à faire
Si tout va bien, une conférence de presse sera convoquée à l’automne prochain avec des actionnaires, dont le gouvernement du Québec, la Coop fédérée et IFFCO India qui viendront dire si le projet a assez d’élan pour continuer jusqu’à la clôture financière.
«Autrement dit, c’est comme si nous étions en quart-de-finale, et que nous arriverons en demi-finale à l’automne. Si on se rend à la clôture financière, on va arriver en finale, cet hiver. Et si on gagne la Coupe, on commencerait la construction au printemps ou à l’été prochain», illustre Claude Lafleur.
Par la suite, la construction est prévue pour 3 ans et demi à quatre ans et le début des opérations serait alors en 2019-2020. «On n’en peut pas dire que ça nous a retardés. C’est que c’est nous qui pensions qu’on pouvait le faire plus vite, mais les grands connaisseurs nous disaient que ça prend 10 à 12 ans pour mettre un projet comme ça en branle et que ça leur apparaissait déraisonnable de le faire en 4 ans.»
«Comme l’organisation est très sérieuse, on a fait notre repli, on a été cherché nos contrats et en tout et partout ça va prendre huit ans faire ce projet-là, ajoute-t-il. C’est 2 millions $ par jour pendant quatre ans, c’est beaucoup d’organisation sur le terrain».
IFFCO a aussi rencontré les élus et les intervenants économiques de la région, cet avant-midi, pour leur expliquer la situation et faire appel à la solidarité régionale. «On est venu leur dire qu’il y a des gens qui vont travailler très fort avec vous dans les prochains mois, pour préciser les coûts dont on a besoin. On a challenge collectif à relever: celui de bâtir une usine à un prix compétitif et réussir ce projet-là».
Sébastien Lacroix sur Twitter (@Sebas_Lacroix)