Des vins d’ici dans les épiceries au printemps 2017
VINS. Très attendue, l’entrée en vigueur de la Loi sur le développement de l’industrie des boissons alcooliques artisanales représente une porte d’entrée sur les tablettes d’un immense marché pour les vignerons d’ici. Même si plusieurs vins québécois sont déjà dans les épiceries depuis le 14 décembre, les vignerons de la région, eux, ne souhaitent pas se précipiter.
Jusqu’à maintenant, la vente de vins québécois était confinée sur la propriété des producteurs eux-mêmes, dans quelques marchés publics, des magasins spécialisés, directement dans les restaurants puis, finalement, dans une petite section, pas toujours facile à identifier, de la Société des alcools du Québec.
Grâce à cette nouvelle loi, ce sont quelque 8 000 nouveaux points de vente potentiels qui s’ouvrent aux 125 vignobles de la province. En plus des vignerons, les producteurs de cidre, de boissons à base de petits fruits, de miel et d’érable auront aussi accès aux tablettes des épiceries et des dépanneurs.
«Bien qu’on se réjouisse de cette ouverture, on ne compte pas en bénéficier dans les premiers temps. Actuellement, on n’a pas la capacité pour le faire. Nous avons une petite production de 5 000 bouteilles par année qu’on écoule uniquement au vignoble», a commenté le propriétaire du Fief de la rivière, à Bécancour, Jocelyn Hébert.
Quelques kilomètres plus loin, dans la municipalité de Saint-Wenceslas, le vignoble Riparia produit quant à lui entre 3 500 et 4 000 bouteilles annuellement. Son propriétaire, Rémi Martel, est du même avis que son confrère.
«Avant tout, je dois évaluer ma production et m’assurer de pouvoir répondre à la demande des épiceries avec qui nous pourrions faire affaire. Il ne faudrait pas perdre le contrôle», a-t-il observé.
Il reste d’ailleurs, selon lui, encore bien des aspects à clarifier avant de se lancer, notamment en ce qui concerne l’étiquetage des bouteilles. S’il est permis d’afficher les cépages et le pays –une petite victoire pour les embouteilleurs de vins–, la région de production, elle, ne pourra vraisemblablement pas être sur l’étiquette.
«Si j’ai bien compris, ça veut dire qu’on ne pourra même pas indiquer sur la bouteille qu’il s’agit d’un produit du Québec. C’est pourtant un point qui avait été défendu lors des auditions de la commission au sujet du projet de loi», a souligné M. Martel. «Je vais prendre le temps de m’asseoir prochainement pour lire en détail le projet de loi.»
Des vins centricois dans les épiceries au printemps?
Les propriétaires du Fief de la rivière entendent partir en quête de nouveaux points de vente dès le début de l’année. «Dès le printemps 2017, lorsqu’on va embouteiller, on espère être en mesure de réserver une partie de notre production à la vente en épicerie. L’un de nos amis est propriétaire de quatre succursales Métro dans la région. Il s’est montré intéressé à monter un petit kiosque pour vins locaux», a déclaré Jocelyn Hébert, qui est confiant de pouvoir doubler sa récolte d’ici deux ans.
Du côté de son voisin, Les Entreprises Riparia, on prévoit entrer dans les petites épiceries locales dans un rayon de 20 kilomètres pour commencer. Trois des quatre produits du vignoble pourront potentiellement se retrouver sur les tablettes.
Broue-pubs et distilleries artisanales
La loi 88 permet aussi désormais aux broue-pubs et aux distilleries artisanales du Québec de vendre leurs produits sur les lieux de fabrication pour consommation dans un autre endroit. Ainsi, ils pourront offrir aux consommateurs les visitant d’apporter avec eux leurs bières afin de les déguster à la maison.