Des artistes de Bécancour-Nicolet-Yamaska déplorent leur exclusion
Les MRC de Bécancour, Nicolet-Yamaska et de l’Érable ne sont pas signataires du partenariat territorial avec le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) annoncé la semaine dernière . Une situation que déplorent de nombreux artistes de ces territoires, soutenant qu’ils sont victimes d’une injustice.
Rappelons d’abord que cette entente stipule que 510 000$ seront investis pour soutenir des projets de création, de production ou de diffusion mis sur pied dans les régions participantes. Les MRC d’Arthabaska et de Drummond, les Villes de Bécancour, Drummondville et Victoriaville ainsi que Culture Centre-du-Québec sont signataires de cette entente de 3 ans. Le CALQ a égalé le montant de 255 000$ investi par ces instances, ce qui rend disponible une somme totale de 510 000$.
Cependant, les critères indiquent bien que seuls les artistes demeurant sur les territoires des villes et MRC signataires peuvent profiter du programme…ce qui n’est donc pas le cas pour ceux de Bécancour-Nicolet-Yamaska et l’Érable.
C’est pourquoi les créateurs de ces MRC se mobilisent et signent un manifeste, dans le but de conscientiser les élus sur les impacts que leur décision de ne pas faire partie de l’entente peut avoir sur leur carrière artistique. «Nous revendiquons un programme de partenariat territorial du Centre-du-Québec, qui permettra de soutenir des projets de création, de production ou de diffusion favorisant des liens entre les arts et la collectivité à 100% territorial», peut-on lire sur la page Facebook «100% Centre-du-Québec» créée à cet effet.
Les artistes des territoires exclus souhaitent que les dirigeants changent leur fusil d’épaule, pour leur permettre d’être admissibles au programme. Mentionnons que le manifeste compte aussi des signatures d’artistes admissibles, qui sont solidaires avec ceux qui ne le sont pas.
«On fait front commun pour que les élus comprennent ce qu’une telle décision peut avoir comme impacts pour nous. Ça nous fait perdre la possibilité de déposer un dossier et, en quelque sorte, ça brise la démocratisation de la chose. Le financement est essentiel pour créer un projet, ne serait-ce que pour le temps de recherche. Ce sont souvent des projets qu’on ne ferait pas si on n’avait pas ces sources de financement. On souhaite alors conscientiser les élus parce qu’on aimerait qu’ils se justifient, avoir des explications», exprime l’auteur nicolétain Mathieu Fortin, signataire du manifeste, qui s’adresse principalement aux élus municipaux.
Ce dernier reconnaît toutefois que pour faire partie de l’entente, les Villes et MRC doivent contribuer monétairement. «On veut que les élus nous expliquent pourquoi leur MRC n’est pas signataire. Il y a certainement une raison et dépendamment ce que c’est, on peut comprendre, c’est peut-être justifiable. Mais ça peut être justifiable pour un an, pas nécessairement pour trois ans.»
«Si on vivait le même genre de problématique dans un autre domaine que les arts, ça ne passerait jamais. Par exemple, si dans un programme régional quelconque en agriculture, on excluait les fermes de Nicolet-Bécancour, mais pas celles de Victoriaville ou Drummondville, ça ne passerait pas», mentionne Mathieu Fortin, qui a d’ailleurs profité d’une entente similaire, en 2011, pour son projet de livre Enraciné.
Les signataires du manifeste, mis en œuvre par Stéphane Lévesque, auteur-compositeur-interprète, photographe et auteur de Saint-Léonard-d’Aston, soutiennent que «les artistes, les écrivains et les organismes artistiques professionnels de la MRC de Nicolet-Yamaska, de la MRC de l’Érable et de la MRC de Bécancour demeurent, oeuvrent et créent, eux aussi, au Centre-du-Québec.»
«En fait, les gens doivent comprendre que c’est une drôle d’annonce que de nommer ça une entente «territoriale», quand ce n’est que le 2/5 du territoire qui y adhère. À ce moment-là, il aurait plutôt fallu appeler ça une entente «locale»», mentionne l’écrivain de Nicolet.
De son côté, la directrice générale de Culture Centre-du-Québec assure qu’il n’est pas trop tard, si les Villes et MRC voulaient revenir sur leur décision. «L’entente est ouverte, donc elles pourraient réintégrer, même pour l’an 1, soutient Andréanne Blais. Je précise qu’on n’est pas la seule région du Québec à vivre cette situation. C’est arrivé ailleurs et dans certains cas, suite à la mobilisation du milieu artistique, la décision a été revue.»
Culture Centre-du-Québec se désole aussi que l’entente soit «trouée» et que des artistes se retrouvent ainsi pénalisés selon leur lieu de résidence.