W8banakiak : Immersion contemporaine dans la culture abénakise
ODANAK. Le Musée des Abénakis d’Odanak a profité de la journée nationale des peuples autochtones, le 21 juin, pour inaugurer sa nouvelle exposition permanente, W8banakiak. Cette exposition, qui mise sur la stimulation de tous les sens, est centrée sur les W8banakiak d’aujourd’hui, sur les humains qui vivent avec un riche bagage historique.
L’exposition W8banakiak – Abénakis au pluriel, succède à Wôbanaki – Abénakis au singulier, présentée depuis 2006 et visitée par plus de 140 000 personnes. Le titre représente avec exactitude son contenu, puisque l’individu laisse place à la communauté, à ce qui est profondément ancré dans chacune de ces personnes qui forment la communauté et ce qui distingue les Abénakis des autres Nations : le savoir-faire, le savoir-être, le savoir-dire et le savoir-agir.
« Du Ndakina, de notre histoire, de notre patrimoine, nous avons voulu en faire ressortir les gens d’aujourd’hui qui portent cette culture de résilience dans leur cœur et qui la transmettent avec passion aux jeunes générations », affirme Helen Watso, présidente du Conseil d’administration du Musée des Abénakis.
Outre la toile de fond historique, l’exposition, adaptée à tous, apportera son lot d’interactions pour les sens du visiteur. Des odeurs, des textures, des sons, des animations visuelles s’additionnent au contenu afin de procurer une expérience entière et authentique.
« Ce que vous allez découvrir dans l’exposition, c’est un peu ce que les gens de la Nation voulaient y retrouver », souligne Vicky Desfossés-Bégin, directrice générale du Musée des Abénakis, en expliquant que les Abénakis, autant à Odanak, Wôlinak ou hors communauté, ont été consultés, afin de découvrir ce qui les représente, eux, en tant qu’Abénakis.
On y retrouve l’historique de la Nation, les savoirs traditionnels et ancestraux, la langue abénakise et les actions militantes, à travers, entre autres, des objets fabriqués de leurs mains (vannerie, perlage), une Boite à parole qui permet d’explorer la langue, un puzzle sur les plantes, le cri des huards, des films documentaires, une murale collective, la diffusion d’odeurs.
« Comme on voulait placer l’humain au cœur de l’exposition, on est allé à la rencontre de différents intervenants de la Nation afin qu’ils nous parlent de divers sujets et thématiques. On retrouve donc trois vidéos dans trois espaces distincts du musée et qui durent une dizaine de minutes chacun », mentionne Mme Desfossés-Bégin.
L’exposition prend place dans une salle toute spéciale nommée en l’honneur d’une grande ambassadrice de la Nation, Alanis Obomsawin. Vicky Desfossés-Bégin témoigne: « Quoi de mieux qu’une salle nommée l’honneur de cette grande dame pour tenir une exposition où il est question de fierté, de résilience, de transmission et même de militantisme ».
Le mandat de W8banakiak a été donné à l’entreprise spécialisée en design d’expositions La bande à Paul.
Isaak Lachapelle-Gill
Isaak Lachapelle-Gill, anciennement guide au Musée des Abénakis et désormais gardien du territoire pour le Bureau du Ndakina du Conseil tribal W8banaki, est l’un des intervenants du documentaire Wawald8zik (Savoir).
Isaak Lachapelle-Gill, gardien du territoire. (Photo Stéphanie Paradis)
M. Lachapelle-Gill s’implique depuis longtemps dans la communauté abénakise. « J’ai toujours été impliqué dans la culture et que je continue de m’impliquer dans cette culture, et mon travail m’amène beaucoup sur le territoire à défendre les droits de la Nation », souligne-t-il.
« J’ai toujours vu ma mère et mon père être impliqués dans la communauté. Si je fais ça à mon tour, c’est parce que je les ai toujours vu aller et parce qu’ils m’ont partagé ces connaissances et ces valeurs. Je veux continuer à transmettre ça aux générations futures et à ma génération aussi. Et je vois que ça fonctionne, car ceux de ma génération se réintègrent de plus en plus dans la culture et se réapproprient plein de parties de celles-ci », assure-t-il.
« C’est incroyable!, lance-t-il au sujet de l’exposition qu’il a découverte lors de l’inauguration. Il y a de l’interactivité partout, de la couleur, et elle reflète exactement ce que la Nation voulait. Elle laisse également de la place à tous les aspects, que ce soit le passé, le présent et le futur. Ça démontre que notre Nation est encore vivante, évolutive et pas figée dans le passé », conclut Isaak Lachapelle-Gill.