Une friperie qui redonne à sa communauté
BÉCANCOUR. Depuis plus de 50 ans, la Boutique Quatre Saisons est présente pour sa communauté. Située à Bécancour, dans le secteur de Gentilly, la friperie met à disposition des gens dans le besoin vêtements et objets à faible coût, mais donne également au suivant lorsque nécessaire.
Lancée avec presque rien dans le haut de l’église il y a de cela un demi-siècle, la boutique rendait accessible des vêtements, à l’époque vendus 50 cents le morceau. Depuis une quinzaine d’années, la boutique a déménagé dans l’ancien presbytère, et c’est beaucoup plus que des vêtements que l’on peut y retrouver.
Si depuis six ans les activités se poursuivent à la Boutique Quatre Saisons, c’est notamment grâce au travail acharné de la bénévole Lina St-Onge.
La première fois que Mme St-Onge a mis les pieds à la boutique, ce n’était pas en tant que bénévole, mais plutôt pour aller payer une messe. C’est toutefois à ce moment qu’elle a bénéficié pour la toute première fois de la grande générosité des gens de la boutique. Elle est repartie de sa première visite avec des vêtements pour son frère vivant dans la pauvreté ainsi que quatre immenses poches de vêtements pour enfant pour la modique somme de 40$.
« Le lendemain, je me suis dit que ça n’avait pas de bon sens! Le linge qu’ils m’avaient donné, ça valait bien plus que 40$! J’ai donc décidé d’aller offrir de mon temps en échange. Finalement, je suis toujours restée ici!, raconte Mme St-Onge. Aider les personnes en difficulté, ça me touche beaucoup. » Et Mme St-Onge en a vu de toutes sortes, de la femme battue qui quitte précipitamment son domicile à l’homme qui perd tout dans un incendie, en passant par les travailleurs immigrants qui se cherchent des vélos pour se déplacer dans le village.
Bénévole, le travail d’une vie
La Boutique Quatre Saisons représente beaucoup de travail pour Lina St-Onge. Sept jours par semaine, elle trie et lave des vêtements et des couvertures, en plus de tenir la boutique lors de son ouverture deux jours par semaine. En fait, Lina St-Onge est toujours disponible. Le numéro de téléphone de la boutique, c’est son numéro de cellulaire, et elle ne refusera jamais de recevoir quelqu’un dans le besoin qui ne peut pas passer durant les heures d’ouverture.
Son conjoint, Louis Brunelle, est également très présent à la boutique pour effectuer des réparations de toutes sortes. « Il est très précieux! », insiste Mme St-Onge. D’ailleurs, l’entretien du presbytère est leur responsabilité, et jamais ils n’auront pris les profits de la friperie pour le financer. Il y a deux ans, ils ont acheté 45 gallons de peinture afin de rafraichir les lieux, et ont installé du plancher flottant.
Être bénévole à la Boutique Quatre Saisons, ce n’est pas que de trier et laver des vêtements. C’est également un travail de compassion et d’écoute de toutes les personnes qui passent entre leurs murs. « On rentre dans la douleur de ces gens-là qui nous racontent leurs problèmes », mentionne Lina St-Onge.
C’est probablement ce riche contact humain qui rattache Mme St-Onge à la boutique, elle qui auparavant accompagnait des personnes en fin de vie. Même si elle adorait ce rôle, il s’agissait d’un immense don de soi qui lui faisait beaucoup de peine. « On m’avait encouragée à changer pour quelque chose de plus positif. Quand je vois aujourd’hui que les gens repartent contents, c’est valorisant. Ça me touche, même », révèle-t-elle.
De tout pour tous les besoins
À la Boutique Quatre Saisons, on retrouve de tout, et tous les espaces disponibles sont utilisés au maximum de leur capacité, y compris les appartements de Lina St-Onge où sont entreposés des objets hors saison. Des vêtements pour femmes, hommes et enfants, des parcs, des chaises hautes, de petits électroménagers, de la décoration, de la literie, des rideaux, etc.
Au deuxième étage, en plus de retrouver une grande section de vêtements, jouets et accessoires pour bébé et enfants et une pièce complète dédiée aux manteaux, on peut aussi y croiser Louise, 82 ans, et Pauline, 92, en train de tisser des catalognes au métier.
Les couvertures trop usées sont envoyées à la SPA de Trois-Rivières, des manteaux sont envoyés aux itinérants et les surplus sont expédiés dans les pays défavorisés. Des dons, les bénévoles en reçoivent énormément, mais Mme St-Onge déplore que parfois, on prenne la boutique pour une poubelle. « On ne jette pas grand-chose, sauf quand on reçoit des affaires qui n’ont pas d’allure. On reçoit parfois des poches remplies de vêtements avec lesquels on ne ferait même pas des guenilles, ça n’a pas de bon sens!, lance-t-elle. Ce que tu n’achèterais pas, mets-le dans ta poubelle! »
Mme St-Onge ne fait jamais le tri sans porter des gants, car, croyez-le ou non, il n’est pas rare de tomber sur des sous-vêtements ou mouchoirs souillés, des médicaments périmés ou encore des seringues. « Souvent, quand c’est le quatrième sac de suite que je fais comme ça, je pleure parce que j’en ai plein mon truck. »
Malgré les journées difficiles, Lina St-Onge garde le phare, heureuse de son travail de bénévole. « On ressent une paix quand on est ici, et c’est une belle bâtisse », conclut-elle.