Un moment de bonheur en fin de vie

RÉGIONAL. La Maison Albatros et la Coopérative des ambulanciers de la Mauricie unissent leurs forces pour offrir un petit moment de bonheur aux résidents en fin de vie de la Maison Albatros grâce au nouveau projet Le 5e Voeu.

L’objectif de ce projet est de permettre aux résidents de la Maison Albatros de vivre une expérience significative en réalisant un de leurs vœux, qu’il s’agisse de revisiter un lieu qui leur est cher, déguster un repas dans leur restaurant préféré, assister à un match sportif, etc.

C’est Lukas Légaré, de la Coopérative des ambulanciers de la Mauricie, qui a approché la Maison Albatros avec cette idée. « Les ambulanciers sont surtout appelés à intervenir sur des cas lourds, des accidents de voitures, etc. Il me disait qu’à la suite d’une discussion à l’interne, plusieurs membres de la coopérative ont indiqué qu’ils aimeraient prendre part à de beaux moments aussi et qu’ils le feraient de façon bénévole », explique Isabelle Deschênes, directrice générale de la Maison Albatros.

« Il y a quelques années, on avait accueilli une dame qui possédait un cheval et dont elle était très proche. La Maison Albatros avait fait venir son cheval dans la cour pour qu’elle puisse le voir une dernière fois, lui flatter le museau, raconte-t-elle. Ça lui avait apporté beaucoup de bonheur. Que la Corporation des ambulanciers nous approche avec une idée semblable, j’étais très emballée! C’est tellement beau et empathique comme geste! Ça va dans le même sens que nos valeurs. Les étoiles étaient alignées. »

La Coopérative des ambulanciers assure bénévolement le transport sécuritaire de la personne qui aimerait vivre un moment spécial pour une petite douceur en fin de vie. « C’est le genre d’initiative qu’on ne serait pas capable de porter seul, car on n’a pas de transport », mentionne Mme Deschênes.

Une première résidente a eu l’occasion de bénéficier du projet Le 5e Vœu dans les derniers jours. Son souhait: retourner chez elle le temps d’un après-midi. « Elle voulait être dans son environnement, voir sa cour. Ça n’a pas besoin d’être une grosse affaire. Ça peut être d’aller dans un parc, aller voir son animal de compagnie, aller visiter son enfant. Ce sont des choses comme ça, de petits moments simples, mais en fin de vie, on apprécie ces petits moments qui sont simples. On va maintenant pouvoir donner cette opportunité aux résidents », indique celle qui aspire à créer des partenariats avec des entreprises, des organismes ou des particuliers pour que des projets de ce genre ou des collectes de fonds puissent voir le jour.

Pourquoi Le 5e Vœu? Ça représente les cinq souhaits fondamentaux en fin de vie, précise Mme Deschênes, soit avoir accès à des soins médicaux de qualité, être dans un lieu qui facilite l’accompagnement de la famille et des proches, bénéficier d’un hébergement dans un lieu paisible et réconfortant, avoir la tranquillité d’esprit pour pouvoir bénéficier de tout cela sans se préoccuper de l’aspect financier, ainsi que d’avoir la possibilité de vivre un moment de pur bonheur.

« Ça fait toute une différence au niveau émotionnel. La dame qui a pu passer un après-midi chez elle est revenue avec les yeux pétillants. Elle sait qu’elle est à la fin de sa vie, mais elle veut en profiter au maximum. C’est aussi notre rôle de les accompagner pour dédramatiser l’inévitable. »

Des enjeux financiers importants

La Maison Albatros offre gratuitement des soins palliatifs aux personnes en fin de vie dont le pronostic est de moins de trois mois et en provenance du  Grand Trois-Rivières ainsi que des municipalités et des villes environnantes (rives nord et sud du Saint-Laurent). Bien que les services soient offerts gratuitement, ceux-ci ne sont financés qu’à 60% par les instances gouvernementales.

« On a vraiment des enjeux financiers importants. On promeut beaucoup le fait que nos services sont gratuits, mais beaucoup de gens pensent que tout est payé par le ministère de la Santé. Ce n’est pas le cas, mentionne la directrice générale de la Maison Albatros. La fin de vie, ce n’est pas le sujet dont on parle le plus souvent. Les gens font leur testament, mais on ne pense pas nécessairement à qui seront nos proches aidants ou encore ce qu’on veut pour les derniers instants de notre vie. »

Ce sont 40% des revenus de l’organisme qui proviennent de dons de la population, de partenaires et de contributions des familles des résidents.

Les dépenses en lien avec le fonctionnement de la nouvelle Maison Albatros, un bâtiment plus vaste et plus moderne, s’élèvent à 1,8 million $ chaque année.

La Fondation de la Maison Albatros organise différentes activités de collecte de fonds pour amasser des dons, dont le spectacle-bénéfice annuel à l’Amphithéâtre Cogeco. Cette année, Marc Hervieux, Mélissa Bédard, Christian Marc Gendron et Manon Séguin promettent d’offrir des prestations éclatantes pour l’occasion, le 4 septembre. En 2023, le spectacle-bénéfice avait permis d’amasser près de 175 000 $.

« Tout le monde préférerait vivre ses derniers jours à la maison. Alors quand ils arrivent ici, on essaie qu’ils retrouvent ce qu’ils ont à la maison et qu’ils se sentent dans un cocon. On propose une offre globale dans un environnement familial. Ces services, ce sont les familles d’hier qui les ont payés avec des dons. La générosité d’aujourd’hui va permettre les services de demain », soutient Isabelle Deschênes.

« Les soins palliatifs sont importants parce que c’est une cause qui touche 100% de la population. La fin de vie, c’est universel. La population est vieillissante. Accompagner une personne en fin de vie et faire de la proche aidance, c’est toute une responsabilité à tous points de vue, car la vie n’arrête pas pendant ce temps. La fin de vie fait partie de la vie et un jour ou l’autre, on aura besoin de soins et on veut les meilleurs soins », conclut-elle.

Pour soutenir le projet ou la mission de la Maison Albatros par le biais d’un don: www.jedonneenligne.org/fondationalbatros/DG/