Le projet secret de Jean-Michel Blais

NICOLET.  Le pianiste et compositeur Jean-Michel Blais termine une résidence de deux semaines en Estonie, au Centre Arvo Pärt, où il avoue avoir grandi musicalement, mais également personnellement. Une occasion rêvée pour le Nicolétain d’origine, puisqu’il s’inspire de l’œuvre du compositeur estonien Arvo Pärt pour son prochain projet qui reste, pour l’instant, un secret…

Le lien de Jean-Michel Blais avec l’œuvre de Pärt remonte à ses années au Conservatoire de musique de Trois-Rivières. « Souvent, le soir, alors que j’étais le dernier à quitter le bâtiment, j’empruntais l’un de ses CD à la médiathèque, j’éteignais les lumières de la salle d’écoute et je m’allongeais sur le sol pour me laisser transporter par son Fratres ou son Tabula Rasa… ainsi, lorsque j’ai récemment appris que je pouvais postuler pour une résidence au Centre Arvo Pärt, je n’ai pas hésité un seul instant! », témoigne Jean-Michel Blais.

Le Centre Arvo Pärt est un centre multidisciplinaire qui se dédie à l’œuvre du compositeur Arvo Pärt. « Lorsque Pärt, compositeur vivant le plus joué au monde ayant vécu toute sa vie en exil à Berlin, a souhaité rapatrier ses archives chez lui, l’Estonie lui a rendu hommage en érigeant ce centre à son effigie. Celui-ci abrite une salle de concert, une autre de cinéma, un studio, un café, des expositions temporaires et permanentes, une vaste bibliothèque ainsi que des espaces dédiés à la recherche et à la création. Et, bien sûr, ses archives, conservées avec soin et auxquelles j’ai eu le privilège d’accéder », confie le compositeur.

Son tout premier objectif, en se rendant en Estonie, était d’avancer l’écriture de son prochain album. « Je peux dire que j’ai pleinement comblé mes attentes! », lance M. Blais. Ce dernier estime que les moments forts de son séjour ont été nombreux, tout d’abord par la découverte de l’Estonie elle-même. « L’Estonie m’a fasciné, avec ses paysages plats, ses forêts de pins bordées par la mer, ce pays au carrefour des influences baltes, slaves, russes et finnoises. Tallinn, sa capitale, est un endroit où le médiéval et le moderne s’entrelacent, une petite ville au cœur vibrant d’une scène culturelle effervescente », raconte-t-il.

« Ce qui m’a aussi touché, c’est la communauté du Centre Arvo Pärt: une grande famille dynamique, érudite, accueillante et bienveillante composée de musicologues, de musiciens, d’archivistes, de spécialistes, etc., animée par la fierté de contribuer à la préservation et à la diffusion du patrimoine d’Arvo », poursuit-il.

Toutefois, le plus beau moment de Jean-Michel Blais lors de sa résidence est sa rencontre impromptue avec Arvo Pärt lui-même, lors de son 89e anniversaire, en compagnie de ses proches, que ce soient des membres de la famille, des collègues ou des artistes.

« Le lendemain, alors que je déambulais paisiblement dans la forêt entourant le centre, j’ai entendu, puis aperçu Arvo, un râteau à la main, en train de remanier le paysage. Un geste qui, à mes yeux, symbolise, en quelque sorte, son approche musicale : une intervention subtile et profondément humaine dans une nature à la fois chaotique, belle et divine », raconte Jean-Michel Blais.

« Nous avons échangé quelques mots, contemplé ensemble la beauté du lieu, partagé une accolade. Un être d’une spiritualité rare, humble, généreux, empreint de sagesse. J’ai beaucoup appris de lui, musicalement bien sûr, mais aussi sur la vie ».

Prix André-Gagnon de la SPACQ

Jean-Michel Blais a récemment reçu le prix André-Gagnon de la Société professionnelle des auteurs, compositeurs du Québec (SPACQ), une distinction décernée par les pairs pour la musique instrumentale.

« Personnellement, je n’ai jamais recherché de reconnaissance à travers les prix. Cela me met même un peu mal à l’aise, à vrai dire. Il est cependant toujours agréable de sentir l’appréciation de ses collègues. Je crois donc qu’ils ont voulu saluer mon travail et mon rayonnement, voyant en moi une voix qui compte dans ce milieu », conclut M. Blais.