La piqûre de l’apiculture

BÉCANCOUR.  André Leblanc a eu la piqûre pour l’apiculture il y a 40 ans déjà, lorsqu’il a eu sa première ruche. C’est le biologiste en lui qui a tout d’abord été interpellé afin d’observer le comportement fascinant de ces insectes. Aujourd’hui, il est propriétaire de la bien connue Ferme la Butineuse, située à Bécancour, dans le secteur de Précieux-Sang.

« Quand j’étais jeune, chez mon oncle, il y avait quelques ruches d’abeilles, se rappelle M. Leblanc. Quand il en extrayait le miel, il nous faisait goûter. »

« J’aime beaucoup les insectes! D’ailleurs, je travaillais à l’Université du Québec à Trois-Rivières au GRIP, le Groupe de recherche sur les insectes piqueurs. En tant que biologiste, ça m’intéressait de savoir comment ça fonctionne, une ruche! », lance-t-il. Après sa première saison, sa ruche s’est essaimée, c’est-à-dire que la reine est partie avec la moitié de la ruche. « Je me suis retrouvé avec une ruche qui n’était pas trop forte. Qu’est-ce qu’on fait avec ça? Je me suis alors inscrit à un cours durant l’hiver! », raconte M. Leblanc.

Environ cinq ans plus tard, André Leblanc a ouvert la Ferme la Butineuse, ajoutant des ruches petit à petit, récoltant et vendant le miel, la cire, et en produisant de l’hydromel pour lequel il a dû faire la demande d’un permis. « Ça prend un certain nombre de ruches pour avoir un permis », explique-t-il. L’hydromel est un alcool issu de la fermentation d’un mélange de miel et d’eau. « Ensuite, c’est le même principe que le vin! » La Ferme produit environ 1000 bouteilles par année. Comme M. Leblanc veut garder une production artisanale, il s’en tiendra à cette production.

À une certaine époque, alors que la Ferme accueillait des groupes d’enfants, la conjointe de M. Leblanc s’impliquait également en créant des scénarios pour divertir et éduquer les enfants. « Elle imaginait tout un scénario pour faire vivre aux enfants l’intérieur d’une ruche!, se souvient-il. Je vends au Marché Godefroy depuis une trentaine d’années, et des jeunes qui venaient, désormais adultes, s’en souviennent et me disent qu’ils aimaient ça! »

Au bons soin des abeilles

Durant l’été, la Ferme la Butineuse compte entre 100 et 120 ruches dont André Leblanc doit s’occuper. Chacune d’elle contient environ 30 000 abeilles, nombre qui peut monter jusqu’à 75 000 durant l’été! « Parfois, tu ouvres la ruche et ça déborde comme une fontaine d’abeilles! », s’exclame M. Leblanc. Son travail est de s’assurer que la ruche est en forme. Un bon signe : il n’arrive pas à compter le nombre d’abeilles qui entrent et qui sortent.

Même si l’apiculteur prend les précautions nécessaires, il n’est pas rare de se faire piquer par les abeilles, car hormis un filet sur sa tête, M. Leblanc manipule les parties de la ruche à mains nues. En moyenne, il se fait piquer entre 5 et 10 fois par jour! « La douleur dure à peine 15 secondes. Après ça, c’est fini. Je n’ai aucune réaction », assure-t-il, en précisant qu’il faut cependant avoir la bonne technique pour retirer le dard ainsi que son sac à venin de sa peau sans s’en injecter tout son contenu. Ces piqûres n’inquiètent aucunement André Leblanc, car le venin des abeilles aurait des vertus qui contreraient les douleurs musculaires et articulaires.

Cependant, chaque année, il perd entre 40 et 60% de ses abeilles, à cause d’un parasite nommé varroa ainsi que d’un pesticide, le néonicotinoïde. Heureusement, un système a été développé afin de débarrasser les abeilles du petit acarien qui sont sur elles lorsqu’elles entrent dans la ruche, ce qui aide à protéger les colonies. « Plus ça va, plus on a des mortalités. C’est sûr que les abeilles s’en vont, à moins que l’agriculture fasse un virage complet. C’est un drame ce qui se passe présentement », croit l’apiculteur.

« Les abeilles, c’est fascinant. Quand je suis avec mes abeilles, je suis bien. C’est comme si je faisais corps avec eux autres. Elles sont ultras travaillantes. On a besoin des abeilles, et s’il n’y avait pas d’apiculteurs, il n’y aurait presque plus d’abeilles », conclut-il.