Francisation: «Pour eux, c’est vraiment un drame qui se passe»

NICOLET-BÉCANCOUR. Des enseignants en francisation au Centre de services scolaire de la Riveraine, leurs représentants syndicaux et certains de leurs élèves se sont rendus jeudi après-midi au bureau du député de Nicolet-Bécancour, Donald Martel. Inquiets pour l’avenir du service de francisation, ils souhaitaient discuter de la situation avec lui.

On se rappelle que le ministère de l’Éducation doit revoir le financement octroyé à la francisation en se basant sur le nombre d’élèves inscrits en 2020 et 2021. Or, le service n’existait pas à l’époque au Centre de services scolaire de la Riveraine. Cela signifie qu’à la fin de la présente session, soit le 28 novembre, le service ne pourra plus être offert, faute de financement. Impossible aussi, selon les nouvelles directives, d’utiliser de l’argent déjà octroyé aux CSS pour d’autres activités afin de le maintenir.

L’inquiétude était palpable chez les visiteurs de M. Martel, qui s’est dit sensible à la cause. « J’ai compris que les cours n’étaient pas encore coupés et qu’on cherchait des solutions. Pascal (Blondin, directeur général du CSS de la Riveraine) fait des démarches pour essayer d’avoir des autorisations. Évidemment, ce n’est pas moi qui suis en situation de décision, mais on va tout faire pour faire débloquer des choses. Compte tenu de la situation, je me disais qu’on arriverait peut-être à des solutions d’ici début décembre », a-t-il indiqué. 

Le député a défendu son gouvernement : « Les budgets en francisation n’ont pas été coupés au cours des dernières années. Ils ont augmenté. À tous les ans. On forme beaucoup plus d’étudiants aujourd’hui qu’on en formait », a-t-il dit. Selon lui, « c’est évident qu’il n’y aura pas de coupure l’année prochaine. » 

Cela dit, il est fortement préoccupé par ce qui se passe sur le territoire présentement. « On est défavorisés par rapport à la façon que ça fonctionne (le nouveau financement). Et je suis sûr que ce n’est pas le but des ministres Roberge et Drainville de pénaliser des endroits comme chez nous. »

Un non-sens

Une enseignante a témoigné qu’il était pénible d’expliquer aux élèves la situation, eux qui ont besoin de ce service pour s’intégrer dans la communauté. « C’est un non-sens », a-t-elle laissé tomber.

D’autant plus qu’une entente avec les ressources financières permettait la poursuite du service. « On avait réussi à avoir une entente avec les ressources financières et on acceptait, sur notre bras, de continuer la francisation. On a réduit le nombre de groupe. Mais là, quelque temps après, on nous dit que finalement, malgré notre bonne volonté, il faut arrêter tout. Qu’est-ce qui justifie cette consigne? »

« J’essaie d’avoir des explications », lui a répondu M. Martel, réitérant son appui aux élèves et aux enseignants concernés. 

Des lettres rédigées par des élèves en francisation du Centre de services scolaire de la Riveraine ont été remises au député pour lui faire comprendre l’importance du service. 

« Pour eux, c’est vraiment un drame ce qui se passe. C’est un gros handicap dans leur vie de ne pas pouvoir apprendre le français », a rappelé une enseignante. « La francisation, c’est plus qu’apprendre le français. C’est apprendre comment vivre au Québec. On se fait des contacts. On se fait des amis. On est un groupe de soutien. C’est ce message qu’ils sont venus porter avec leur cœur. »

« Je vais lire ça », leur a promis M. Martel.