L’histoire derrière le gâteau aux fruits, ce mal-aimé!

GASTRONOMIE. Que serait Noël sans le traditionnel gâteau aux fruits? Sans doute un meilleur Noël pour ceux qui le détestent, mais d’où nous vient cette tradition du gâteau aux fruits? Anne-Renaud Deschênes, étudiante en Gestion et pratiques socioculturelles de la gastronomie et animatrice à l’Académie des Ripailleurs, nous raconte cette histoire qui remonte à… l’Antiquité!

D’où provient le gâteau aux fruits?

«L’histoire du gâteau aux fruits est un chassé-croisé. On parle souvent que ça nous vient de l’Angleterre, mais ça remonte bien avant cela. La première trace du gâteau aux fruits date de l’Antiquité égyptienne. On y retrouvait des pains dans lesquels étaient intégrés des fruits pour les sucrer. Du miel était ensuite ajouté pour la conservation du pain. On était déjà dans l’esprit du gâteau aux fruits actuel.»

«Chez les Romains, le gâteau était préservé avec de la bière. Chaque étape au fil des siècles amène des fruits, des noix et des goûts supplémentaires. On retrouve une version différente du gâteau aux fruits dans de nombreux pays, comme l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie. L’hypothèse, c’est qu’à la suite de l’expansion de l’empire romain, le gâteau aux fruits s’est implanté et est resté dans les mœurs après la chute de l’empire.»

Comment a évolué le gâteau aux fruits par la suite?

«Au Moyen-Âge, grâce aux découvertes des explorateurs, les épices du Moyen Orient et les agrumes d’Asie ont fait leur apparition et se sont ajoutés dans les coutumes. Durant la période coloniale, on a ajouté tout ce qui venait de l’Amérique: noix de pecan et sucre de canne. Le tafia, qui est l’ancêtre du rhum, était aussi ajouté pour la conservation et le goût.»

«Le gâteau aux fruits du Québec nous vient plus directement des Anglais, en lien direct avec le plum pudding, entre autres de par sa lourdeur et sa densité. Les tout premiers <@Ri>plum puddings anglais contenaient d’ailleurs de la viande! En fait, c’était essentiellement une méthode de conservation de la viande et des fruits. On a commencé à le manger comme un gâteau un peu avant le 18e siècle quand on a retiré la viande.»

A-t-il toujours été consommé dans le temps des fêtes?

«Le gâteau aux fruits était toujours consommé à des moments spéciaux. Oui, au temps des fêtes, mais aussi à l’Épiphanie et lors de noces. C’est que le contenu du gâteau contient des éléments dispendieux, notamment les fruits qu’il faut faire venir de l’extérieur, les noix et les épices. À l’époque, les noces étaient souvent à l’hiver. Comme c’était également un gâteau de conservation, c’était pratique. Mais chez les Français, l’apparition du gâteau aux fruits est récente. On parle du tournant des années 1950.»

Pour quelle raison est-il devenu un gâteau mal-aimé au fil du temps?

«Peut-être par sa lourdeur. On n’est plus dans une cuisine qui recherche cette lourdeur dans un dessert. Il y a aussi l’arrivée des versions industrielles des gâteaux aux fruits. Ne nous le cachons pas: elles sont mauvaises. Il y a trop de pâte, les fruits choisis sont de mauvaise qualité. Pendant un temps, il y a 15 ou 20 ans, les versions industrielles utilisaient le rutabaga, qui était coloré et sucré, à la place des fruits. Au niveau de la texture, peut-être que ça imitait le fruit confit, mais au goût, ce n’était pas le même résultat.»

«Beaucoup d’ingrédients ont aussi été remplacés. Des huiles ont pris la place du beurre, tandis qu’on retrouve également plus de jus que de macération à l’alcool. Le temps de macération est aussi limité, mais la macération est importante pour le mélange des goûts. Je pense que ces deux aspects ont fait en sorte que la culture populaire a repris le gâteau aux fruits et en rit bien aujourd’hui.»

 

Catapulter les restes de gâteau aux fruits

C’est au Colorado que l’on a vu apparaître le tout premier Fruitcake Toss Day en 1995. Chaque année, le 3 janvier, les gens  étaient invités à catapulter le plus loin possible le gâteau aux fruits reçu pendant la période des Fêtes.