Méfiez-vous des grands parleurs
DOSSIER. Alors que le temps froid est à nos portes, plusieurs personnes seront peut-être appelées à changer leur système de chauffage pour l’hiver. Attention!
C’est le message que souhaite lancer Christiane Lanthier, une résidente de Gentilly, qui estime s’être fait léser par une entreprise de vendeurs itinérants qui se sont présentés chez elle. En quelques heures, ils ont réussi à lui faire signer un contrat qu’elle a aussitôt regretté.
Identifiés avec un blouson portant l’inscription «Novo» – comme le programme Novoclimat de Transition Énergétique Québec -, ils se sont présentés comme des représentants du programme «Chauffez vert» pour enlever les fournaises à l’huile afin de les remplacer par des électriques, lui promettant de grandes économies.
Si son système de chauffage à l’huile était encore bon, elle savait qu’elle devait prévoir un budget pour le faire changer d’ici 3 ou 4 ans. Elle a donc laissé entrer les deux individus qui ont réussi à la convaincre. «C’est tellement bien ficelé que je suis tombée dans le panneau, raconte-t-elle. J’ai fait la bêtise de le signer.»
«C’est tellement bien ficelé que je suis tombée dans le panneau»
– Christiane Lanthier
Flairant l’arnaque, elle a pris des mesures pour faire résilier l’entente dès le lendemain matin puisque la loi prévoit que le consommateur a 10 jours pour annuler un contrat qui a été fait auprès d’un commerçant itinérant pour lui laisser le temps de bien réfléchir.
Elle a envoyé un fax et s’en allait au poste de police. Elle a aussitôt reçu un appel de la compagnie pour lui dire «qu’elle n’avait pas compris». Elle est retournée à la maison et deux minutes après, les installateurs se sont présentés chez elle sans s’annoncer avec tout leur équipement. Ils ont procédé aux travaux, et ce, même si le délai de 10 jours était encore bien loin d’être écoulé. «Ils font tout pour qu’on n’ait pas le temps de réfléchir», témoigne Christiane Lanthier.
Ceux-ci ont arraché et défait en morceaux son ancien système de chauffage et siphonné son baril pour près de 787$ d’huile (environ 1$ le litre). Ce qu’ils n’ont pas remboursé. Ils lui ont installé un chauffage électrique au sous-sol en plus d’inclure dans l’entente une thermopompe extérieure, ce dont elle ne voulait pas.
Elle a envoyé une deuxième résiliation trois jours plus tard, sous les recommandations de l’Office de protection des consommateurs, puis une lettre enregistrée de venir chercher leurs affaires et remplacer par ce qu’elle avait. «Ils ne peuvent pas parce qu’ils l’ont défaite en morceaux… Elle avait plus de 40 ans, mais elle fonctionnait bien», raconte Mme Lanthier, qui considère s’être fait volée.
Une arnaque
C’est après avoir calculé le prix qu’on lui demandait par mois pendant 10 ans, en incluant les intérêts sur l’équipement de 19 500$, qu’elle s’est aperçue que le tout s’élevait à 32 000$. Elle a donc décidé de changer d’idée comme c’est son droit selon l’Office de protection du consommateur.
Elle s’est aussi aperçu qu’il s’agissait d’une arnaque après avoir fait faire une soumission par une autre entreprise qui a pignon sur rue dans la région. Celle-ci s’est élevée à environ 5 000$ pour une fournaise électrique, sans thermopompe, et ce, en incluant l’installation.
D’autant plus qu’après avoir regardé l’installation, le représentant l’a avertie qu’il y avait quelques irrégularités et que le retour d’air de la climatisation fera geler le système électrique durant l’été étant donné qu’il n’y a pas assez de conduits.
De plus, les subventions promises par l’entreprise étaient en fait un crédit d’impôts de 3 350$ plutôt qu’une subvention de 1 275$ sonnants, tel que prévu par le programme Chauffez Vert. Des vérifications qu’elle a d’ailleurs faites auprès de l’organisme.
La suite
Par la suite, elle a contacté un avocat pour lui expliquer son problème. «Quand j’ai nommé l’entreprise, il m’a répondu: « Ah non, pas eux autres », raconte-t-elle. Ça veut dire que je ne suis pas la première à qui ça arrive.»
Elle entend aller devant les tribunaux, s’il le faut, mais elle veut garder la fournaise électrique tant qu’on ne lui aura pas remis son système à l’huile en place. Sans quoi elle devrait en racheter un autre et remplir son baril dont on ne lui a toujours pas payé l’huile.
«Avec tout le stress et le trouble qu’ils m’ont causés, je demande à ce qu’elle reste ici. Sinon, je vais aller à la cour du Québec et je vais demander un dédommagement», clame-t-elle.
Pas de permis de colportage
Du côté de la Ville de Bécancour, on rappelle qu’un permis de colportage doit être visible et remis sur demande. Le règlement interdit de colporter entre 17h, le soir, et 10h, le matin. Une amende de 250$ peut être remise à quiconque contrevient aux dispositions du règlement municipal. Vérification faite, aucun permis n’a été octroyé à l’entreprise en question par la Ville au cours des douze derniers mois.
La Sûreté du Québec, quant à elle, n’a pas noté d’appels ou de plaintes au cours des dernières semaines pour des cas du genre. Un texte préventif avait toutefois été envoyé aux municipalités du secteur, la semaine suivant l’histoire de Mme Lanthier.
Dans sa lettre, la SQ rappelait de se méfier des vendeurs qui font du porte-à-porte qui «emploient parfois des tactiques de vente sous pression et peuvent être très insistants auprès des consommateurs qui finissent souvent par acheter un produit ou signer un contrat pour un service malgré leur réticence.»
Quelques conseils
– Ne jamais laisser un inconnu entrer dans la maison.
– Répondre non si un inconnu vous demande si vous vivez seul.
– Vérifier si la personne a le droit d’effectuer la vente itinérante.
– Ne jamais donner de renseignements personnels ni de numéro de carte de crédit.
– Ne signez rien et lisez tout ce qui est écrit en petits caractères.
– Renseignez-vous sur vos droits; consultez l’Office de la protection du consommateur.