Immigration sur la Rive-Sud: la demande est grandissante
DOSSIER. La main-d’œuvre immigrante n’est plus une réalité seulement dans les grands centres. De plus en plus, les personnes originaires d’un autre pays souhaitent s’établir en région et Nicolet-Bécancour n’y échappe pas.
Au cours des trois dernières années, ce sont une quinzaine de personnes immigrantes, ayant déjà leur statut de Résidents permanents, qui se sont établies sur la Rive-Sud grâce aux services de Place aux jeunes Nicolet-Yamaska du Carrefour jeunesse-emploi.
La tendance s’est d’ailleurs accélérée au cours des derniers mois, avec neuf immigrants qui s’y sont établis en 2018-2019, contre quatre en 2017-2018 et deux en 2016-2017. Il y a également une trentaine de personnes immigrantes qui sont venues visiter la région lors des Séjours exploratoires qui réunissent quinze personnes ou plus chaque année.
Les immigrants ont également représenté, en moyenne, 45% des personnes avec lesquelles le CJE a fait des suivis individuels au cours des trois dernières années. C’est-à-dire un soutien à distance avec quelqu’un qui a de l’intérêt pour un poste dans la région ou pour venir s’installer.
«Il y a un grand intérêt envers les régions de la part des personnes immigrantes, observe l’agente de communication et de projet, Chantal Grenier. Dans le processus, plusieurs sont un peu « parachutées » à Montréal lors de leurs premières années. Mais parfois, dans leur pays d’origine, ils habitent dans des campagnes ou dans des lieux qui ne sont pas nécessairement la grande ville. Ils ont donc envie de tranquillité, de s’établir avec leur famille ailleurs qu’en milieu urbain et d’avoir une meilleure qualité de vie.»
«Dans les entreprises, avec la pénurie que l’on connaît, la main-d’œuvre immigrante est vue comme l’une des solutions pour occuper des postes qui sont difficiles à combler. Il y a certaines entreprises où l’ouverture est plus grande. Il y en a aussi où il faut encore faire de la sensibilisation. Parce que, parfois, l’employeur est très ouvert à accueillir des personnes immigrantes, mais son équipe l’est moins. C’est au cas par cas.»
Le CJE a d’ailleurs participé, avec la MRC et le Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI), à la mise sur pied d’Immigraction Nicolet-Yamaska, qui travaille à préparer l’arrivée des personnes immigrantes afin de devenir une véritable «terre d’accueil».
Depuis son implantation, en septembre 2018, Immigraction Nicolet-Yamaska a présenté les attraits et services des municipalités du territoire à des personnes résidant dans la région de Montréal, et ce, à plusieurs occasions. Elle était présente à la Foire nationale de l’emploi, en octobre 2018, ainsi qu’à deux séances d’information sur la vie en région, en janvier et février 2019.
Ces activités ont permis de faire la promotion de Nicolet-Yamaska auprès de plus de 50 personnes immigrantes résidant actuellement dans la région de Montréal, a-t-on pu apprendre. Parmi les personnes rencontrées, plus de vingt ont participé à des séjours exploratoires et plusieurs sont venues accompagnées de leur famille.
La plupart des participants sont détenteurs d’un diplôme d’études supérieures dans des domaines tels que l’administration et la finance, l’informatique ainsi que l’ingénierie. Actuellement, ce sont 17 personnes immigrantes qui effectuent des démarches pour trouver un emploi sur le territoire de la MRC de Nicolet-Yamaska.
Une quarantaine d’immigrants dans la MRC de Bécancour
Dans la MRC de Bécancour, le Projet d’accueil et d’intégration solidaire (PAIS) a permis à une quarantaine d’immigrants, en incluant les enfants, de s’établir dans les différents villages. Du nombre, on compte une personne seule, mais également sept familles. Déjà, quatre ont acheté une propriété, tandis que les autres louent une maison.
Des Syriens, des Népalais et des Congolais sont ainsi venus s’établir. La majorité s’est placée en agriculture, notamment en production laitière, mais également dans d’autres domaines tels que les soins de santé et la soudure.
«Il y en a eu plus que ça. Il y a des gens qui sont venus essayer et qui sont repartis, souligne la coordonnatrice, Céline Auger. Parce que nous, la façon que ça fonctionne, on va dans des villes pour faire notre recrutement et on les invite à venir visiter avec leur famille. Après, on les met en contact avec des employeurs avec qui ils peuvent faire un essai de trois jours. Suite à cet essai-là, ils décident s’ils déménagent.»
Pour le moment, le PAIS mettra l’aspect recrutement sur la glace le temps de trouver le financement qui soit adapté à son fonctionnement. «On cherche à quelle porte aller cogner avec le nouveau gouvernement, souligne Céline Auger, qui indique que Desjardins et la MRC ont permis à l’organisme de tenir jusqu’ici. On ne cadre pas dans les programmes existants.»
«Ça prend un accompagnement, continue-t-elle. On est un peu sur la glace. Parce que si on fait venir plusieurs familles, il faut les aider à s’intégrer et ça nous prend des fonds pour ça. Cette partie-là n’est pas facile à financer. Il faut les aider à se faire un réseau. C’est important. Parce que si on veut les garder, il faut mettre en place une structure d’accueil.»
De façon à travailler en concertation, la PAIS a invité des acteurs socio-économiques et des organismes communautaires à discuter de la manière dont ils perçoivent l’arrivée des personnes immigrantes et de la façon dont chacun pourrait s’adapter.