Histoires de peur pour feu de camp
NICOLET. Après une rencontre avec des scouts de la région du Centre-du-Québec, l’auteur nicolétain Mathieu Fortin s’est laissé inspirer par l’ambiance des feux de camp et des histoires de peur pour écrire son propre recueil de contes d’épouvante pour préados et ados, Légendes étranges pour une nuit sans lune.
Mathieu Fortin aime récolter ce que les gens ont à raconter et créer à partir de ces rencontres. C’est exactement ce qu’il a eu envie de faire après avoir été invité à parler d’histoires de peur avec les scouts. Il s’est demandé « Qu’est-ce qui effraie les jeunes d’aujourd’hui? ».
En 2019, l’auteur est donc retourné s’assoir autour du feu avec huit groupes de louveteaux du District de l’Érable, notamment de Saint-Célestin et de Gentilly (Bécancour). L’objectif de la première rencontre était de leur présenter son métier, mais surtout de leur parler d’histoires de peur afin de les mettre dans l’ambiance avant de les faire réfléchir sur ce qui leur faisait peur. « Je leur ai demandé s’ils connaissaient des histoires de peur et je les ai invités à aller à la rencontre de membres de leurs familles, comme leurs grands-parents, afin qu’ils leur racontent toutes sortes d’histoires », explique M. Fortin.
S’en est suivi une seconde rencontre avec les jeunes durant laquelle ils ont pris la parole pour, à leur tour, raconter leurs histoires de peur. « Ça me met en déséquilibre, car je n’avais aucun contrôle sur ce qu’ils allaient me raconter! », lance l’auteur. De fil en aiguille, les échanges rebondissaient les uns sur les autres et ont laissé place à des histoires de fantôme, de revanches meurtrières, de monstres sans scrupules et de technologie assassine.
« Je suis allé chercher des éléments ici et là dans les histoires et, à partir également de ce que je connais de la région, j’ai écrit des légendes de feu de camp », dit-il.
Si des histoires classiques ont été racontées autour du feu, quelle ne fut pas la surprise de l’auteur de constater que la technologie s’était taillé une place dans les légendes avec, notamment, la présence de l’internet, des vidéos ou des cellulaires. « C’était bien particulier et fascinant d’avoir des enfants qui racontaient ces histoires, comme celle du cellulaire qui sonne dans la forêt et auquel il ne faut pas répondre au risque de se faire avaler par le téléphone! Selon eux, c’est pour ça qu’il y a parfois des disparitions en forêt, se remémore Mathieu Fortin. Même que parfois, je me demandais s’ils savaient réellement que ce n’était pas vrai! »
Le recueil a tout d’abord été auto-publié en 2020 dans une première édition et distribué à chacun des louveteaux qui ont participé au projet. L’an dernier, après s’être fait la réflexion que ces histoires mériteraient d’être publiées de façon professionnelle, l’auteur nicolétain a approché Planète rebelle, un éditeur de contes. « Tout de suite, l’éditeur a embarqué! Et voilà, le livre existe maintenant! », lance M. Fortin. Le recueil est disponible en librairie depuis le 6 juin dernier.
Jouer avec la peur
Ce n’est pas la première fois que Mathieu Fortin explore le sujet de la peur, car il écrit déjà de l’horreur pour les ados et du thriller pour les ados et les préados. Il est donc habitué de jouer sur la mince ligne et de doser la peur en fonction d’un jeune public.
Et comment dose-t-on la peur? « On essaie! Pour vrai, il n’y a pas de recette miracle. C’est une question de sensibilité, je pense. Il faut que ça fasse peur, mais il ne faut pas que ce soit dégoûtant, ou que ce soit dégoûtant, mais pas trop. Il ne faut pas de description extrême de blessures, il faut créer de l’ambiance, il faut insister sur les éléments mystérieux et sur l’incompréhension du personnage face à au phénomène qui se passe. C’est un peu tout ça! », explique Mathieu Fortin. Le fait de travailler avec un éditeur lui a également apporté un regard nouveau sur son travail, lui permettant même d’augmenter l’intensité de certains textes!
« La rumeur dit que quand tu visionnes un épisode de Rue du Meurtre, ça installe un virus dans ton appareil. Peu importe que tu utilises ton ordinateur, ton cellulaire, ta tablette. Ça permet à l’équipe de prendre le contrôle de ta caméra et de ton micro. Ce virus-là s’installerait dans ton Wi-Fi. […] En tout cas, je ne sais pas trop comment ça marche, mais selon ce qu’on m’a dit, tous les bidules numériques du voisinage sont détournés dans un seul but : commettre un meurtre. » – Trois morts, rue du Meurtre, conte tiré de Légendes étranges pour une nuit dans lune.