Une ambassadrice choyée par la médecine

Héma-Québec s’est arrêté du côté de l’Auberge Godefroy, la semaine dernière, pour y tenir sa traditionnelle Soirée de reconnaissance des bénévoles. Au menu, Héma-Québec a rappelé l’importance que représente aussi le don de cellules souches, peut-être encore trop méconnu à ce jour.

Pour ce faire, ils ont fait appel à Christine Villeneuve, agronome de la région de la Mauricie, dont la vie a été sauvée grâce à une greffe de cellules souches. Aujourd’hui, elle redonne à la communauté. Elle avait 55 ans, en mars 2016, lorsque sa vie a basculé.

« En mars 2012, on m’a annoncé un premier thrombocytose, ce qui voulait dire que j’avais trop de plaquettes dans le sang. J’ai eu à prendre une médication par la suite. Puis quatre ans plus tard, on m’a découvert une myélofibrose, en mars 2016. Sachez d’abord que c’est la moelle osseuse qui produit les cellules mères qui vont donner les composantes sanguines, dont les globules rouges, les plaquettes et les globules blancs. La mienne se remplissait de fibres et n’était plus capable de produire les globules rouges, principalement », raconte-t-elle.

« On m’a donné une espérance de vie de deux à trois ans et j’avais besoin d’une transfusion à tous les mois parce que j’étais toujours en anémie. Ma seule chance était de trouver un donneur de cellules souches compatible de moelle osseuse pour que j’adopte la sienne et que je détruise la mienne. Comme je n’avais pas de frère ou de sœur, j’avais environ 30% de chance de trouver un donneur. Au Québec, la banque de donneurs n’est pas énorme et c’est d’ailleurs une des missions d’Héma-Québec d’en faire la promotion. »

Après de nombreuses recherches, Héma-Québec a découvert que Mme Villeneuve avait des ancêtres allemands, lui permettant donc de pouvoir vérifier sa compatibilité avec la plus grande banque de donneur au monde (il y a 10 000 000 de donneurs allemands sur les 40 000 000 donneurs identifiés).

« J’avais des ancêtres allemands des deux côtés de mes parents alors ça m’a permis de pouvoir trouver un donneur en Allemagne. Là-bas, c’est très commun de faire partie de la banque de potentiels donneurs, si une personne a besoin d’une greffe. On m’a trouvé un donneur qui a accepté de donner ses cellules louches par le système sanguin, le 20 septembre. Elles ont pris l’avion et le lendemain, je les recevais dans mon système sanguin », se souvient-elle.

« Lorsque tout fut terminé, j’ai demandé à rencontrer mon sauveur. C’est possible de le faire, à partir de deux ans plus tard. Je m’étais imaginé un bel Allemand, blond, de 25 ans, joyeux. Lorsqu’on m’a mis en contact par FaceTime, avec mon donneur, c’était plutôt le contraire. Il s’agissait d’un monsieur un peu bourru, qui avait l’air d’avoir fait son devoir de citoyen. Sachez qu’en Allemagne, le système de santé se promène dans les villages, dans les maisons, pour prélever l’ADN des gens et en faire de potentiels donneurs. C’est commun là-bas. Je lui ai envoyé de la confiture et du sirop d’érable, pour Noël, et je n’ai jamais eu de retour non plus. Disons que la rencontre n’était pas aussi émotive que je l’avais imaginé. (rires) »

Aujourd’hui, Mme Villeneuve bénéficie d’un système sanguin tout à fait normal, à son grand bonheur. « C’est spécial parce que je me suis retrouvé avec son système sanguin alors j’ai changé de groupe sanguin. J’ai aussi hérité de ses allergies, dont les acariens et le pollen (rires). Mais bon, c’est bien peu d’inconvénients pour m’avoir sauver la vie. »

« Après ma greffe, je me suis donné pour mission d’être bénévole alors je le suis devenue pour l’Association des bénévoles du don de sang, en lien avec Héma-Québec, en Mauricie. Je suis aussi mentor pour le recrutement de donneur de cellules souches alors lorsqu’il y a des collectes de sang dans la région, je vais aborder les gens qui donnent en les incitant à rejoindre la banque de donneurs de cellules souches, ou à faire des dons de plasma. Je suis fière de pouvoir redonner de cette façon ,à », conclut-elle.