Québec devra-t-il s’en mêler?
LOCK-OUT. De passage à Bécancour, jeudi, le président du syndicat des Métallos de l’aluminerie d’Alma a lancé un vibrant appel à la solidarité.
Une longue histoire d’amitié s’est d’ailleurs installée entre les syndiqués des deux usines. On se souviendra que chaque travailleur d’ABI avait donné 25$ par semaine, soit une somme récurrente de 25 000$ aux travailleurs d’Alma lors d’un lock-out semblable qui avait duré six mois, en 2012.
En plus de leur renvoyer la pareille, avec un montant de 15 000$ par semaine pour toute la durée du conflit, Alexandre Fréchette leur a fait don de leur remorque décoré aux couleurs du présent conflit. Celle-ci, qui est munie de puissant klaxon restera sur les lignes de piquetage pour toute la durée du conflit et servira d’outil de manifestation pour attirer l’attention.
Il a également lancé un message de solidarité, enjoignant les travailleurs de ne pas se laisser distraire par tous les «gérants d’estrade» ou les «commentateurs sportifs» qui se prononcent sur le conflit.
«Ces gens-là sont à la solde de l’entreprise et sont là pour vous jouer dans la tête, leur a-t-il lancé. N’écoutez pas non plus ceux qui vous disent que l’usine est vieille et désuète. On suit les rapports de production et on peut vous dire qu’elle est très payante et très performante.»
Il a d’ailleurs raconté avoir vécu la même chose à Alma, alors qu’on faisait même circuler que des contrats de démolition avait été donné pour l’usine qui n’avait seulement douze ans.
Le président du syndicat d’ABI, Clément Masse, a pour sa part dénoncé ce qu’il qualifie de méthodes d’intimidation de l’employeur qui a fait parvenir des injonctions par huissier à la maison de certains travailleurs. «Pour essayer d’influencer les gens, s’attaquer aux conjoints, conjointes. C’est un geste dégoûtant, odieux, et on ne se laissera pas intimider par ça», a-t-il lancé.
Québec doit donner l’heure juste
Alexandre Fréchette a aussi lancé un message au gouvernement qui s’est fait discret depuis le début du conflit. Il estime que Québec a un rôle à jouer étant donné des tarifs préférentiels offert à la compagnie pour faire fonctionner son usine. Un enjeu qui est crucial, croit-il, puisque les écarts à la table de négociations ne justifiaient en rien l’arrêt des deux séries de cuves d’électrolyse.
«Le gouvernement n’est pas sorti et ne s’est pas prononcé depuis le début du conflit. Est-ce que oui ou non, ABI est en négociation avec Québec au sujet des tarifs et de son approvisionnement en électricité?, a-t-il soulevé. Parce que ça peut expliquer bien des choses. Le gouvernement doit donner l’heure juste.»
Comme ça été le cas en 2012 au Saguenay-Lac-Saint-Jean, il a également rappelé les enjeux économiques pour la région, autant pour les familles, les sous-traitants, les fournisseurs et les commerçants de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
«On se sent pris en otage par de grandes compagnies dont les intérêts sont à l’étranger», a lancé Alexandre Fréchette devant plusieurs centaines de membres qui s’étaient déplacé, dont plusieurs venus d’Alma.
Une lutte syndicale
Les lockoutés d’ABI ont reçu de nombreux appuis depuis le début du conflit. En plus de leurs confrères d’Alma, les Métallos du secteur de l’acier de Contrecoeur, Sorel, et d’autres à Montréal et en Montérégie ont déjà signifié qu’ils feront des dons récurrents chaque semaine.
Dans plusieurs cas, les syndicats se battent pour les mêmes enjeux, tandis que dans d’autres, ils surveillent la situation de près alors que la convention collective arrivera à échéance. Les enjeux des régimes de retraite et du respect de l’ancienneté sont les mêmes et les syndicats craignent de se faire imposer le même modèle que celui qui est en jeu chez ABI.
Le directeur national des Métallos pour le Canada, Ken Neumann, était aussi de passage, à Bécancour, ce vendredi, pour s’adresser aux membres.
Lors de son discours, Clément Masse a aussi lancé qu’une organisation qui représente 50 millions de travailleurs à travers la planète, leur a signifié leur appui.
En voici un extrait: