Plus de 31 000 personnes font appel à Moisson Mauricie/Centre du Québec chaque mois
RÉGION. Le Bilan-Faim de la région de la Mauricie/Centre-du-Québec ne s’est pas amélioré. En l’espace d’un an seulement, le nombre personnes aidées par l’organisme chaque mois a augmenté de près de 5000 personnes, ce qui représente une hausse de 16 %.
Tous les mois, ce sont 31 466 personnes qui ont recours à l’aide alimentaire dans la région, comparativement à 26 492 personnes en 2021. La situation est d’autant plus inquiétante avec l’inflation qui atteint des sommets et qui ajoute un fardeau sur les personnes qui vivent une situation difficile.
« Cette hausse n’est pas une surprise pour nous. On voyait de plus en plus de nouveaux utilisateurs. Ces chiffres sont ceux de mars dernier, mais je suis convaincu qu’aujourd’hui, c’est encore plus élevé que ça. Depuis la comptabilisation des chiffres en mars, on a assisté à la hausse des taux d’intérêt, du loyer, de l’épicerie, de l’essence… », souligne Jean Pellerin, président du conseil d’administration de Moisson Mauricie/Centre-du-Québec.
Pour le moment, l’organisme parvient à répondre à l’ensemble des demandes d’aide alimentaire. Cependant, Moisson doit aussi acheter de la nourriture pour y arriver.
« Avant la pandémie, on avait assez de denrées avec l’arrivage de denrées provenant des grands centres de distribution et des épiceries. Mais depuis la pandémie, on constate que les épiceries et les entreprises de distribution gèrent leur inventaire de façon plus serrée. Ça entraîne donc moins de surplus et moins de gaspillage, mais pour nous, ça signifie aussi moins d’arrivages. Les gouvernements nous ont donc donné des budgets contextuels pour nous aider, car on devait acheter de la nourriture. On dispose encore de cette aide, mais on ignore pour combien de temps encore », explique M. Pellerin.
L’organisme régional parvient tout de même à s’autofinancer à 88% grâce aux collectes de dons, à la production de recettes en pot et l’organisation de différentes activités-bénéfices.
« Sans arrivage, il y aura un gros enjeu, car les denrées ne seraient plus suffisantes pour répondre à la demande sans les sommes du gouvernement, ajoute-t-il. Il y a donc beaucoup de discussions à cet effet. Je pense que les gouvernements nous voient seulement comme des pourvoyeurs d’aide alimentaire, mais ici, c’est beaucoup plus que ça. Il y a des gens qui viennent nous voir pour qui l’alimentation est un problème, mais plusieurs ont aussi un problème de santé mentale ou vivent de la violence, par exemple. On travaille avec nos partenaires pour prendre en charge de plus en plus les besoins et les accompagner. On fait plus que fournir un panier de denrées. »
Le réseau des banques alimentaires est doublement affecté, dans la mesure où les organismes ont moins de denrées et que les frais liés au transport pour récupérer les denrées connaissent une augmentation.
De plus en plus de personnes en emploi
Une tendance s’installe depuis quelques années: de plus en plus de personnes en emploi font appel à Moisson Mauricie/Centre-du-Québec chaque mois.
Dans la région, 13,4% des ménages aidés ont un revenu d’emploi ou l’assurance-emploi comme revenu principal, en hausse de 3,4% comparativement à 2021.
« On pourrait penser qu’on dessert beaucoup de personnes bénéficiant de l’aide sociale, mais ce nombre diminue chaque année. Par exemple, il y a trois ans, les gens occupant un emploi stable représentaient 6,7% des demandes. Aujourd’hui, c’est au-delà de 9%, précise le président de Moisson Mauricie/Centre-du-Québec. La hausse des différents coûts a un impact important sur le budget des gens. Depuis plusieurs années, on note aussi que les personnes seules sont davantage fragilisées, car elles ont un seul revenu pour couvrir leurs dépenses. »
M. Pellerin convient toutefois qu’éventuellement, il y aurait une réflexion à faire au niveau social: « Il y a beaucoup d’enjeux et il faudra que tout le monde mette la main à la pâte pour ne pas perdre le contrôle ».
Les personnes intéressées à soutenir Moisson Mauricie/Centre-du-Québec dans sa mission peuvent faire un don au https://www.moisson-mcdq.org/faites-un-don/. L’organisme lance également un appel aux personnes intéressées à faire du bénévolat. « On a toujours besoin de bénévoles, notamment pour la production de recettes en pot qui sont une belle source de revenus pour nous. On manque toujours de gens pour faire ces pots. Si des gens veulent venir donner quelques heures, ils peuvent appeler chez Moisson », conclut Jean Pellerin.
Pour contacter l’organisme: 819 371-7778