«On est maintenant dans un tournant dans la lutte contre la COVID-19» -Dr Horacio Arruda
RÉGION. Le directeur national de la santé publique, Dr Horacio Arruda, est venu à la rencontre de l’équipe de la direction de la santé publique du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec mardi afin de faire un retour sur la gestion de la pandémie de COVID-19 dans la région.
«On est parvenu à sauver des centaines voire des milliers de vies avec les mesures mises en place depuis quelques mois et grâce aux équipes de santé publique. On est maintenant dans un tournant dans la lutte contre la COVID-19. Il ne faut pas penser que c’est terminé. C’est une crise sans précédent qui nous a amené de nombreux défis. On chemine vers une nouvelle normalité tous ensemble», lance-t-il.
«Un défi important sera que la population ait encore confiance en nous et en nos consignes pour que l’on puisse rester déconfinés, convient le Dr Arruda en rappelant que les rassemblements de plus de dix personnes sont interdits dans les maisons. Il y aura aussi un défi en matière de ressources humaines pour maintenir nos capacités d’enquête.»
En Mauricie et au Centre-du-Québec, on a remarqué plusieurs pics dans le nombre de cas confirmés de COVID-19. Le virus a connu une importante progression entre le 22 mars et le 5 avril, principalement en raison des éclosions du côté d’Olymel et du CHSLD Laflèche.
La gestion des CHSLD dans la région était similaire à celle du reste du Québec, précise le Dr Arruda.
Au total, 50 000 tests de dépistage ont été réalisés dans la région depuis le début de la pandémie et plus de 2000 enquêtes épidémiologiques ont été effectuées par les équipes de la santé publique.
Le directeur national de la santé publique a aussi rappelé quelques actions préventives mises en place par le CIUSSS MCQ à divers moments depuis le début de la pandémie comme les cliniques de dépistage mobile qui ont rejoint 15 000 personnes, les visites préventives dans des écoles primaires pour enseigner les mesures sanitaires et la visite de plus de 800 milieux de travail pour sensibiliser les employeurs et les employés.
«J’ai vu une clarification des processus ici que je n’ai pas vu ailleurs. La cohésion entre les équipes en sera plus claire, affirme-t-il. Dans la région, beaucoup de gens d’autres secteurs du domaine de la santé sont venus aider. Il y a eu une mobilisation importante.»
Un relâchement ces derniers jours
Depuis le 10 juillet, on a recensé huit nouveaux cas de COVID-19 en Mauricie et au Centre-du-Québec. Ceux-ci ont été déclarés dans la MRC d’Arthabaska, à Drummondville, à Saint-Adelphe, à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, dans la MRC de Maskinongé, à Shawinigan et à Trois-Rivières.
La Dre Marie Josée Godi, directrice de la santé publique et responsabilité populationnelle de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, mentionne que ces cas sont le fruit d’un certain relâchement dans le respect des mesures sanitaires dans la région. Ces personnes n’auraient pas contracté la COVID-19 à la suite d’une sortie dans un bar, précise Dre Godi, mais elles auraient eu des contacts avec plusieurs personnes.
«Ces cas sont surtout reliés au déconfinement dans différentes activités, comme les activités récréotouristiques, au camping, à des gens qui faisaient le party chez eux. Certains ont aussi pensé avoir contracté la COVID-19 à l’épicerie, explique-t-elle. C’est important de rappeler aux commerces de continuer à déployer des efforts pour assurer la santé et la sécurité de leur personnel et aussi de la clientèle.»
«Avec nos équipes de santé au travail et des plaintes, on a pu voir que des flèches de trajectoire et le lavage des mains à l’entrée de certains commerces avaient été abandonnés et qu’il n’y avait plus personne pour superviser la distanciation. On voit du relâchement à tous les niveaux. De façon mutuelle, on peut s’assurer que la transmission ne se fasse pas dans les milieux publics», ajoute-t-elle.
Par ailleurs, la direction de la santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec invite les personnes asymptomatiques qui pensent avoir été en contact avec une personne infectée à subir un test de dépistage.
«Depuis quelques jours, on est dans une stratégie de suppression. On poursuit le dépistage des personnes sans le réseau de la santé, mais aussi des gens qu’on juge vulnérables. Prochainement, on souhaite élargir le dépistage en lien avec les bars, les épiceries et des milieux de travail spécifiques. Les détails seront précisés dans les prochains jours», souligne Dre Marie Josée Godi.
«On demande aussi aux personnes contactées pour une enquête épidémiologique de ne pas cacher d’histoire ou des informations. On voit des gens qui ne veulent plus collaborer. C’est difficile pour la santé publique. L’idée n’est pas de les blâmer, mais d’avoir l’heure juste», ajoute le Dr Arruda.
Préparer la deuxième vague
À quoi s’attendre de la seconde vague prévue de COVID-19? Une partie de la réponse se trouve dans le comportement de la population, avance le directeur national de santé publique.
«Il faut travailler avec une approche de contrôle. On aura plus d’équipements, on sera capable d’en produire chez nous et on comptera sur plus de préposés aux bénéficiaires, 8000 étant présentement en formation. Il est cependant important que tout le monde fasse son effort. N’oublions pas que la grippe et la gastro s’en viennent aussi», fait-il remarquer.