« Ma carrière, c’était d’opérer un réacteur »

Le 28 décembre 2012 marque la fin d’une ère. C’est à cette date que le réacteur de la centrale nucléaire Gentilly-2 a été mis à l’arrêt, sans possibilité de retour en arrière. Toutefois, l’histoire de Gentilly-2 est loin de se terminer ici. Bien que la centrale ne produise plus d’énergie nucléaire, un peu moins d’une quarantaine d’employés s’activent encore aujourd’hui au déclassement des installations de Gentilly-2 qui s’échelonne sur plusieurs décennies. Le Courrier Sud a eu la chance d’aller jeter un œil aux installations de l’intérieur, 10 ans plus tard, afin de découvrir quelques-uns de ses secrets – car n’entre pas là qui veut quand il le veut! – , mais surtout de rencontrer des gens passionnés qui occupent des postes uniques.

Martin Deshaies a franchi les portes de la centrale nucléaire Gentilly-2 pour la toute première fois en 1997, au tout début de sa carrière d’ingénieur pour Hydro-Québec. Après avoir travaillé dans le département d’ingénierie, il a participé au programme de formation de chef de quart.

« Ma carrière, c’était d’opérer un réacteur », lance celui qui était à l’époque gestionnaire d’une équipe d’opérateurs. Qu’allait-il advenir de son métier, s’il n’y avait plus de réacteur en fonction? « On a vécu des hauts et des bas. À un moment donné, on a passé la phase du déni et on s’est retroussé les manches », raconte M. Deshaies.

« Je suis devenu gestionnaire et chef de maintenance avec la merveilleuse équipe qui travaille à mettre les installations en dormance. Je coordonne les activités des gens de métier : des mécaniciens, des électriciens, des ouvriers civils », explique-t-il.

« J’ai eu une bonne équipe de gestion qui m’a motivé à continuer et à travailler à mettre les installations en dormance de la bonne façon, et avec mon expérience, je pense que j’avais beaucoup à amener ».

La grande famille de Gentilly-2

Même si elle n’a plus la même ampleur qu’auparavant – « On produisait quand même de l’énergie pour le Québec! Il fallait voir ce que c’était avant! » – Gentilly-2 demeure une belle et grande famille de 38 employés.

« J’aime mon travail. J’aime Gentilly-2 », souligne Martin Deshaies. Il ne doit pas être le seul, puisqu’il faut rappeler que son collègue André Lalancette est revenu 5 ans après avoir quitté son poste à la centrale. « Ce n’est pas rien! Quand j’ai revu André, j’ai dit ah yes! On a travaillé ensemble plusieurs années et je savais que c’était une bonne ressource. Ça prend des gens qui connaissent les installations pour fermer Gentilly-2 correctement pour les générations futures », poursuit M. Deshaies.

Un retour à ses racines

Les origines de Martin Deshaies sont un peu à la source de l’histoire derrière sa relation avec Gentilly-2 et les raisons qui l’ont poussé à y rester, même après le début du déclassement.

« Mon père est natif de Saint-Sylvère, mais moi je suis né à Montréal, j’ai vécu mon enfance sur la Rive-Sud de Montréal et j’ai étudié à Sherbrooke », raconte-t-il. Même s’il n’a pas grandi dans le coin, il a de la famille dans la région, et il se rappelle les réunions familiales à Noël chez ses grands-parents qui demeuraient en face de l’église à Gentilly.

Dans son cœur, ses racines sont ici et, même s’il n’a pas grandi dans la région, il a senti que de s’y installer, c’était l’équivalent d’un retour aux sources. « J’ai justement une terre à Saint-Sylvère, la terre de mon grand-père, et j’ai des projets de retraite dans le coin! », conclut-il.

Pour lire le portrait d’André Lalancette, coordonnateur au déclassement : Le centre nerveux de Gentilly-2.

Pour lire le portrait de Stéphan Chapdelaine, conseiller environnement : Le travail costaud de Stéphan Chapdelaine.

Pour lire le portrait d’Annie Désilets, chef surveillance : Les nombreux chapeaux d’Annie Désilets.