Lac Saint-Pierre: les plaines inondables scrutées à la loupe
RÉGIONAL. Des dizaines de chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), de l’Université Laval et de l’Université McGill scrutent à la loupe les plaines inondables situées des deux côtés de la rive du lac Saint-Pierre.
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L’équipe embauchée par le Pôle d’expertise multidisciplinaire en gestion durable du littoral du lac Saint-Pierre a amorcé ses travaux en 2019. Une vingtaine d’agriculteurs postés dans quatre secteurs du lac Saint-Pierre collaborent à cette vaste recherche-action qui s’étend sur trois ans. Elle s’articule autour des enjeux agricoles, écologiques et socioéconomiques du lac Saint-Pierre. Ces recherches doivent sonder la biodiversité des écosystèmes du lac et proposer à terme aux agriculteurs qui le cintrent, mais aussi en amont, de nouvelles manières de faire et de voir l’agriculture.
C’est un immense chantier, constate Anne Vanasse, l’une de trois coresponsables de cette équipe de 25 chercheurs. L’équipe du Pôle qui espère pouvoir mettre en place des méthodes et des pratiques qui auront un effet positif sur l’agriculture et sur la protection de cet écosystème de plus en plus fragilisé. «Tous les sédiments de la plaine inondable et la qualité de l’eau du lac sont tributaires de beaucoup de choses. C’est important d’étudier la dynamique de l’eau, de voir quelles sont les pratiques qui pourraient exister à différents endroits pour avoir le maximum de retombées environnementales et fauniques, mais aussi agronomiques», précise Mme Vanasse. Les agriculteurs des bassins versants en amont des plaines ont aussi leur rôle à jouer, dit-elle. Les tributaires du lac transportent eux aussi de nombreux sédiments, comme de l’azote, du phosphore et des pesticides.
Le déclin observé des populations de perchaudes dans le lac et le moratoire qui s’en est suivi figurent parmi les éléments déclencheurs du projet. On travaille au Living Lab (initiative d’Agriculture et Agroalimentaire Canada) et au GROBEC à restaurer l’habitat et la santé de l’espèce dans le lac, bien en amont.
La turbidité et la détérioration de la qualité de l’eau, des habitats et l’érosion constatée ont rallié gouvernements, chercheurs et agriculteurs.
«Un projet historique en un sens», soutient Mme Vanasse, de par «l’action concertée des ministères de l’Environnement et des ressources naturelles du Québec, des Forêts, de la Faune et des Parcs et de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec», souligne-t-elle. Ils s’entendent pour entreprendre ce chantier et pour mettre en place un gradient d’utilisation des terres, pour bien documenter la plaine inondable. «L’idée est d’y maintenir une activité agricole économiquement durable et tout en améliorant la qualité de l’écosystème du lac», souligne Mme Vanasse.
Quatre sites de recherche ont donc été sélectionnés par le Pôle, puis aménagés sur le pourtour du lac, en zone inondable. Baie-du-Febvre, Pierreville, St-Barthélémy et l’île Dupras. «L’écoulement des eaux est extrêmement différent». Les chercheurs sont donc en train de comparer des cultures traditionnelles de maïs et de soya, avec des pratiques où sont intégrés des aménagements intercalaires et des bandes riveraines, lesquelles permettent de couvrir le sol davantage, d’améliorer la portance des machineries, de diminuer l’érosion et de préserver la qualité de l’eau, des nutriments et des habitats fauniques et aquatiques. «Une espèce de gradient d’utilisation des sols», précise Mme Vanasse.
Les agriculteurs sont appelés expérimenter avec de nouvelles espèces aptes à survivre aux inondations qui traversent les plaines. Comme le lin, la courge, le tournesol, le sarrasin, les pois haricots et le sureau. Pour Anne Vanasse, il faut «développer des systèmes agronomiques performants spécifiques à la zone littorale du lac» et proposer aux agriculteurs d’y intégrer des cultures de couverture, plantes fourragères, de cultures alternatives, de phytoprotection et des bandes pérennes près des fossés de drainage. En outre, de développer des systèmes et des pratiques culturales qui permettent la cohabitation de l’agriculture et de la faune au lac Saint-Pierre.
Le Pôle s’apprête à déposer au printemps son bilan de mi-parcours. Les recherches vont se poursuivre au moins jusqu’en 2022, même si les chercheurs estiment déjà manquer de temps pour avoir une idée juste de ce qui se trame au lac Saint-Pierre. «Nous sommes conscients que c’est très court. Va-t-il y avoir une phase II?»
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