La beauté durable: l’affaire de Marye-Eve Laquerre
SAINT-PIERRE-LES-BECQUETS. «Prendre soin de la beauté des gens et polluer la terre du même coup? Pas question», s’est dit Marye-Eve Laquerre lorsqu’elle a fondé Nomade Coiffure et Nomade Yoga à Saint-Pierre-les-Becquets en 2018.
«Les salons de beauté et d’esthétique sont des industries vraiment nocives. Des tonnes de produits chimiques et de déchets y sont consommées à chaque jour. Il était inconcevable pour moi de travailler dans mon studio de beauté, de finir ma journée en jetant des gros sacs de déchets et après, d’aller jouer dans l’eau sans penser à l’impact que le domaine de la beauté peut avoir sur la terre», relate celle qui est adepte de sports aquatiques tels le surf et la planche à pagaie. «C’était important que Nomade Coiffure soit écoresponsable. Car prendre soin des gens, c’est aussi de prendre soin de notre terre.»
C’est pour cela qu’elle a rapidement intégré les Salons Green Circle, une organisation nord-américaine qui prône la récupération de tous les résidus et déchets produits en salons de coiffure. Depuis le début de 2019, les bombes aérosol, tubes de coloration, résidus de colorant, gants, papiers d’aluminium, cheveux, plastiques, papiers et emballages de toutes sortes utilisés chez Nomade Coiffure convergent à l’usine de Green Circle, à Toronto, où 95% d’entre eux sont valorisés et transformés.
Par exemple, les papiers d’aluminium servent à fabriquer des cadres de vélo, les cheveux sont utilisés dans la confection de solutions de filtration des eaux et de barrières servant à contenir les déversements de pétrole, tandis que les déchets d’exploitation sont incinérés pour produire de l’énergie.
Le prix à payer
Tout cela a cependant un prix: environ 320$ aux trois mois, mentionne Marye-Eve Laquerre. Un montant qui représente un frein pour plusieurs propriétaires de salons de beauté et qui explique la rareté de la certification Green Circle dans la région. «Ç’a un coût, oui, mais c’est ma façon de m’impliquer. On fait le choix de le payer ou pas, avec ce que ça implique. Moi, j’ai choisi d’investir pour la santé de la planète.»
Pour soutenir ce virage, un écofrais de 1$ est ajouté à la facture des clients, qui n’en font pas de cas. «Les gens sont à l’aise de le payer car on partage les même valeurs. J’ai bâti une clientèle qui est devenue ma petite communauté, en quelque sorte. Ce sont des gens que je côtoie ailleurs qu’au salon pour la plupart, notamment lors de mes classes de yoga ou mes sorties sur l’eau.»
Esprit sain dans un corps sain
Derrière ce virage écologique se cache toute une philosophie de vie. Par exemple, comme entrepreneure, elle s’impose un mode de vie équilibré, car c’est un grand défi de gérer une entreprise comme la sienne: «On fait tout: service à la clientèle, commandes, comptabilité, réseaux sociaux et promotion, etc. À un moment donné, tu as la tête pleine et tu as envie de décrocher. C’est ce que me permet le yoga.»
Faire plus
Marye-Eve Laquerre se fait par ailleurs un devoir d’éduquer, de sensibiliser et de conscientiser les gens à l’importance du recyclage et des choix qu’ils font. «Si tu jettes une bouteille de plastique dans la nature, elle ne disparaîtra pas toute seule», illustre-t-elle.
Sans surprise, les tablettes de son salon sont remplies de produits écologiques, dont la plupart sont faits par des artisans aussi sensibles qu’elle à l’avenir de notre planète. «J’ai beaucoup de choses sans emballage ou seulement dans du carton ou des bouteilles de vitre, comme du shampooing sec ou en barre, du revitalisant, des démaquillants et des savons pour le corps», énumère-t-elle. «J’offre des produits alternatifs qui sont bons pour la peau et pour la planète.»
Être écoresponsable
Trucs et astuces
– Acheter des meubles de seconde main et leur donner une deuxième vie
– Privilégier des emballages en carton ou en verre plutôt qu’en plastique
– S’informer sur la provenance et les méthodes de fabrication des produits consommés
– Opter pour des produits naturels