Garderies et CPE: les listes d’attente s’allongent dans la région
NICOLET-BÉCANCOUR. Près de 50 000 familles québécoises sont en attente d’une place en garderie pour leur enfant. La situation dans la région de Bécancour et de Nicolet-Yamaska n’est guère plus reluisante. Il y a à la fois manque de places et pénurie de personnel.
À Bécancour, les 89 places du centre de la petite enfance (CPE) Chez Moi Chez Toi affichent complet et la liste d’attente compte 280 noms. Une centaine de parents d’enfants de son antenne de Sainte-Sophie-de-Lévrard espèrent encore trouver une place. Et c’est pire dans les milieux de garde en milieu familial couvrant le territoire de la MRC de Bécancour. Quelque 300 places y sont normalement offertes, mais la pénurie de personnel ampute son offre de moitié, précise Lucie Allard, la directrice générale de Chez Moi Chez Toi, un CPE qui devrait d’ailleurs ouvrir une nouvelle installation de 39 places à Saint-Grégoire en 2022. «Quand je vous dis que la situation est dramatique, c’est vraiment le cas.»
La MRC s’en mêle
En fait, le problème est si criant que le CPE travaille depuis le mois dernier avec la MRC de Bécancour. Un comité d’urgence est formé pour tenter de «bien comprendre la situation des services de garde sur notre territoire, l’enjeu par rapport à nos familles. On va présenter un état de situation à nos élus municipaux pour qu’on puisse ensuite travailler ensemble et se mettre en mode solutions afin de supporter nos familles dans l’octroi de services. Rien n’est écarté, mais rien n’est enligné», précise Daniel Béliveau, directeur général de la MRC de Bécancour.
Du côté de Nicolet-Yamaska, on ne répond plus à la demande. Les parents de 300 enfants tentent de prendre l’une des 60 places du CPE Gripette. «Je suis en train de traiter les demandes de familles inscrites en 2017!», nous fait remarquer Myrianne Boily, directrice générale. «Il y a une forte demande au niveau de la pouponnière; il y a eu beaucoup de naissances dernièrement. On a des parents qui se sont inscrits à au moins cinq CPE. Ils mettent toutes chances de leur côté», précise Mme Boily. Le CPE Gripette a de la chance. La Ville de Nicolet lui cède en novembre 2021 un terrain dans le parc Précieux-Sang. Gripette va y construire d’ici 2022 un tout nouveau CPE de 39 places.
Parent cherche issue
Il n’y a aucune solution immédiate en vue pour les parents des MRC de Bécancour et de Nicolet-Yamaska qui revendiquent leur droit de retourner au travail. «Ma liste est rendue à 150 places et à une heure de route de chez moi. Mon RQAP se termine en mai et je ne pourrai pas retourner au travail», affirme Shawna Anne Long, une infirmière de Sainte-Angèle. La situation est si grave, qu’elle songe même à retourner à Montréal. «À Montréal, ça coûte cher, mais si on veut tous les deux travailler… Je ne pensais pas qu’il y avait autant de gens dans cette situation-là.» Et avec le groupe Facebook Ma Place au travail, Mme Long s’est rendu compte que le problème touchait plusieurs régions.
Ce groupe dénonce le manque criant de places en garderie. Ses 4000 membres ont envoyé le 29 mars dernier leurs revendications et pistes de solutions à tous les députés du Québec. «Rester à la maison avec nos enfants devrait relever d’un choix personnel et familial et non pas d’une obligation», de dire la porte-parole du groupe, Myriam Lapointe-Gagnon. Le groupe propose entre autres de «prolonger les prestations du RQAP afin de permettre aux parents de percevoir une compensation financière jusqu’à 18 mois».
La balle dans le camp du gouvernement
Le ministre québécois de la Famille, Mathieu Lacombe, affirme que le patient est sur la table et annonce avoir mis la main sur la plate-forme Je travaille pour recruter du personnel. Le gouvernement caquiste a récemment annoncé des investissements de plus de 100 M$ sur cinq ans pour le secteur. Le gouvernement autorisera même les garderies à embaucher du personnel non formé, et ce, même après la pandémie. «En 20 ans aux CPE, il n’y a jamais eu de place pour tous les enfants», remarque Mme Allard du CPE Chez Moi Chez Toi.