Fin de La Carotte joyeuse: « On a tout essayé »
NICOLET. Le projet de transformation alimentaire La Carotte joyeuse, piloté par la Corporation de développement communautaire de Nicolet-Yamaska, fermera définitivement le 1er mai.
Deux raisons ont poussé le conseil d’administration à prendre cette difficile décision: le manque de financement (celui de son bailleur de fonds principal depuis les trois dernières années n’est pas renouvelable et prend fin le 31 mars) et l’obligation de se relocaliser à la suite de la vente du bâtiment dans lequel la Carotte joyeuse menait ses activités (cette relocalisation aurait impliqué une hausse substantielle de loyer, en plus des frais liés au déménagement lui-même).
Il faut rappeler qu’en 2021, l’entreprise Casa das tias a acquis l’endroit en concédant un bail de deux ans, à très peu de frais, à l’organisme. Il était clair qu’au terme du bail, elle récupérerait l’espace pour un projet d’agrandissement. Ce bail vient à échéance le 30 juin prochain.
« On ne pourra pas continuer [nos activités] jusqu’au 30 juin. Après le 31 mars, il ne nous restera des sous que pour fermer le dossier », indique Marise Hunter, chargée de projet à la Carotte joyeuse. « Avec l’accord de notre propriétaire, on prévoit plutôt quitter pour le 1er mai. D’ici là, on va essayer de transformer le plus possible les denrées qui nous restent. On va aussi offrir nos équipements aux trois banques alimentaires qu’on dessert. Les choses qui ne les intéresseront pas seront vendues. L’argent recueilli sera ensuite remis sous forme de bons d’épiceries à des organismes. »
Les plateaux de travail se termineront quant à eux le 31 mars. Ces plateaux, animés par le chef formateur de la Carotte joyeuse, Aubi Mellein, accueillaient différents groupes scolaires et communautaires intéressés à développer leurs aptitudes culinaires. Parmi cette clientèle se trouvait un grand nombre d’individus éprouvant des difficultés sociales, intellectuelles et physiques, rappelle Mme Hunter. « Ils vont malheureusement devoir se trouver un autre endroit. C’est extrêmement triste, parce que des plateaux de travail comme ici, il n’y en a pas beaucoup dans le coin. On est précieux pour eux. C’est avec le cœur brisé qu’on doit malheureusement arrêter de les recevoir. »
Marise Hunter souligne que plusieurs acteurs du milieu ont tenté d’aider la Carotte joyeuse à trouver du financement au cours des derniers mois, mais en vain. « On est dans une zone grise. Il y a de l’argent pour la sécurité alimentaire, mais pas pour la transformation alimentaire et l’anti-gaspillage. On a tout essayé. J’ai téléphoné à plein de fondations, fait tout ce que je pouvais, mais malheureusement, ça a débouché sur rien. On espérait un miracle qui, malheureusement, n’est jamais venu. »
La seule option qu’il reste, selon Mme Hunter, c’est que « quelqu’un de riche ait envie de nous prendre sous son aile ». Encore là, il faudrait que cette personne se manifeste rapidement étant donné que l’organisme commencera bientôt à liquider ses actifs…
Là pour bonifier l’offre des banques alimentaires
Chaque année, la Carotte joyeuse recevait plus de 9,5 tonnes de nourriture provenant de 34 donateurs de la région.
Pas moins de 250 repas sains et nutritifs étaient produits chaque semaine par le chef formateur avec l’aide des plateaux de travail. Par la suite, les repas étaient redistribués gratuitement à trois comptoirs alimentaires de la région. Annuellement, 26 075 portions, comprenant des potages, des mets cuisinés, des desserts, des fruits et des légumes, étaient redistribuées aux familles dans le besoin de Nicolet-Yamaska.
La Carotte joyeuse était implantée dans la MRC de Nicolet-Yamaska depuis plus de neuf ans. Chaque jour, elle luttait contre la pauvreté en réduisant le gaspillage alimentaire.
La région perd cet organisme au moment où les besoins sont criants en sécurité alimentaire. La demande augmente, mais l’offre de denrées diminue. « On avait une importance capitale. On bonifiait les banques alimentaires », rappelle Mme Hunter, regrettant qu’un tel projet ne cadre pas aux critères et priorités du gouvernement. « C’est extrêmement difficile comme constat. »
La fermeture de la Carotte joyeuse entraînera la perte de deux emplois.