Des pétitions de citoyens de Nicolet-Yamaska contre les éoliennes
Nicolet – Le comité Pour un choix éclairé dans Nicolet-Yamaska a présenté ce lundi matin neuf pétitions signées par des citoyens et citoyennes d’autant de municipalités de la MRC qui s’opposent à l’implantation d’éoliennes en milieu agricole et dans leur milieu de vie.
2720 signatures ont été recueillies. Sur les neuf municipalités où se sont déroulées des séances de porte-à-porte, six présentent des résultats majoritairement en défaveur du projet d’éoliennes selon le comité qui se base sur le nombre de personnes qui seraient habilitées à voter dans le cadre d’un référendum. Ces municipalités sont Saint-Zéphirin-de-Courval, Sainte-Monique, La Visitation-de-Yamaska, Saint-Wenceslas, Grand-Saint-Esprit et Saint-Célestin paroisse.
Dans les trois autres municipalités, Saint-Léonard-d’Aston, Sainte-Eulalie et Sainte-Perpétue, les résultats seraient majoritairement en défaveur, toutes proportions gardées, mais la campagne de consultation se poursuit puisqu’une partie de la population n’a pas encore été visitée.
Selon les responsables des pétitions qui sont allés à la rencontre de leurs concitoyens, les préoccupations le plus souvent entendues pour ceux qui hésitent ou qui s’opposent au projet sont variées. Certains parlent de la qualité de vie, de la valeur des maisons, du bruit généré par les éoliennes et des coûts d’implantation du projet.
Gaétan Prince, qui pratique l’agriculture biologique depuis 35 ans à Sainte-Eulalie, a expliqué pourquoi il a voulu prendre part à la campagne de porte-à-porte. Selon lui, la population sent qu’on lui pousse dans le dos.
« Je m’informe beaucoup avant de prendre des décisions. Je me suis informé un peu et je vois qu’il n’y a rien de clair dans ce qu’on nous propose. J’ai décidé de m’impliquer dans la pétition et d’aller un peu plus loin pour demander aux élus des informations. Pour moi, tout ce qui est fait vite, c’est voué à l’échec. »
Un producteur agricole de Nicolet, Serge Lemire, veut bien croire que les éoliennes sont une partie de la solution pour la transition énergétique, même s’il est contre.
« Mais dans un contexte où le gouvernement prône l’autonomie alimentaire, avec raison, il est inacceptable de faire pousser des éoliennes dans notre jardin québécois. Le Québec est bien assez grand pour qu’on les place ailleurs que dans le 2% de nos terres cultivables. »
La porte-parole du comité, Janie Vachon-Robillard, pense que la population aurait pu être mieux renseignée qu’avec uniquement les séances d’information des promoteurs.
« C’était pour nous vendre le projet. Il manquait de l’information de personnes indépendantes, mais ce n’est pas le rôle des promoteurs de faire ça. Ce qui m’a surpris c’est que la MRC et les différentes municipalités ne trouvent pas ça légitime que les citoyens demandent qu’il y ait des séances d’information avec des experts indépendants en complément des séances avec les promoteurs. »
Mme Vachon-Robillard fait aussi valoir que la population n’a pas le temps de se faire une idée claire et complète des enjeux et des solutions.
« Il faut connaître les pour, les contre, mais aussi les alternatives. Quelle autre alternative on a que de mettre des éoliennes pour participer à la transition écologique? Si on faisait la réfection des barrages qu’on a déjà, on irait chercher beaucoup plus d’énergie que ce qu’on peut produire avec les éoliennes. Ça fait partie des options qu’on aurait voulu qui soient présentées à la population avant qu’on doive dire oui ou non aux éoliennes. »
Cette dernière illustre comment la population réclame d’abord et avant tout une vraie consultation. « Des gens en faveur du projet d’éoliennes, qui ne voulaient pas signer la pétition, nous remerciaient de faire le porte-à-porte parce que ce qui est important pour eux, c’est que la population choisisse. »
Le conseil municipal de Sainte-Monique a reconnu la pétition du comité, affirme la porte-parole. « Le conseil a pris des engagements en fonction de ce que les citoyens ont demandé. C’est pour l’instant la seule municipalité où on a entendu cette réaction. »
Les membres du comité Pour un choix éclairé dans Nicolet-Yamaska ont demandé au juriste et sociologue Richard E. Langelier de rédiger un avis sur ce qu’ils qualifient d’accrocs à la démocratie. Cet avis, dont voici un extrait, sera bientôt intégralement publié sur le site du comité.
« La vision obsolète et dépassée de la démocratie où les élus représentent à eux seuls la légitimité démocratique et qu’ils peuvent décider à peu près de tout sans la participation active des citoyens est incompatible avec les exigences constitutionnelles de la liberté d’expression et du droit public à l’information qui en découle. »
Cet avis de même que les neuf pétitions ont été déposées au bureau de la préfète de la MRC, Geneviève Dubois, et seront acheminées au député de Nicolet-Bécancour Donald Martel, à la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation Andrée Laforest, au ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie Pierre Fitzgibbon, au nouveau pdg d’Hydro-Québec Michael Sabia ainsi qu’aux promoteurs de projets d’éoliennes Innergex, EDF et Kruger.
Rappelons que la MRC de Nicolet-Yamaska a annoncé le 20 juillet dernier qu’elle ne participera pas à l’appel d’offres d’Hydro-Québec pour des projets de source éolienne qui prend fin le 12 septembre. La MRC a jugé que les délais étaient trop courts pour cette fois-ci mais a confirmé du même souffle sa volonté de poursuivre le travail en vue de participer à d’autres appels d’offres qui devraient être lancés prochainement.
Les membres du comité citoyen assisteront au prochain conseil des maires de la MRC le 23 août et invitent la population à s’y présenter.