Des chercheurs de l’UQTR se penchent sur la santé mentale en temps de pandémie
RÉGIONAL. Une équipe de six chercheurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et une étudiante à la maîtrise ont voulu savoir comment la population a résisté à la crise sanitaire et si elle a conservé une santé mentale positive ou non.
L’étude dirigée par Georgia Vrakas, professeure au département de psychoéducation de l’UQTR, a voulu dresser le portrait du bien-être de la population québécoise durant la pandémie, en mesurant la santé mentale positive des personnes âgées de 18 ans et plus vivant au Québec .
L’étude lancée en novembre 2020 s’est conclue en février 2021 au plus haut de la seconde vague de la pandémie. Près de 625 Québécois ont répondu de façon anonyme au questionnaire posté en ligne.
« On était vraiment en plein dans la crise, se rappelle Julie Marcotte, professeure au département de psychoéducation de l’UQTR et l’une des chercheures du groupe. L’étude permet de voir comment la personne en temps de COVID-19 est en mesure de donner un sens à sa vie. On voit la santé mentale comme un continuum. Ceci nous permet d’avoir une vision plus globale du bien-être social, émotionnel et psychologique des gens et sur la manière dont on fait l’expérience du monde qui nous entoure .»
« Très peu d’études s’intéressent actuellement au concept de la santé mentale positive. C’est la capacité qu’a chacun d’entre nous de ressentir, de penser et d’agir de manière à améliorer notre aptitude à jouir de la vie et à relever les défis auxquels nous sommes confrontés », précise-t-elle.
Il s’agit d’un sentiment qui respecte l’importance de la culture, de l’équité, de la justice sociale, des interactions et de la dignité personnelle, écrit le groupe de recherche.
La jeunesse très affectée
On s’y attendait : la crise sanitaire a plus durement frappé les plus jeunes.
« On a constaté que les 18-24 ans sont ceux qui vont le moins bien, suivis des 25-44 ans. Les jeunes adultes sont ceux qui sont les plus à risque par rapport à la santé mentale optimale. Le niveau de stress a augmenté pour tout le monde. Pour les plus jeunes, c’est plus marqué. Quand on a 20 ans, ces années sont précieuses. Les pertes encourues par leur niveau développemental sont plus importantes et se reflètent dans les résultats», ajoute Mme Marcotte.
«On remarque aussi que la consommation d’alcool et de cannabis va jouer de façon négative sur la santé mentale et que les gens en télétravail ont trouvé ça plus difficile », poursuit-elle.
Toutefois, une fois les boucliers levés, les Québécois ont mis en branle des mécanismes qui leur permettent de passer à travers la crise. À long terme est-ce que ça va se maintenir? Est-ce que c’est toujours valide aujourd’hui? Ces questions figurent au carnet de notes de la professeure Marcotte.
La portion plus qualitative de l’étude et liée aux questions ouvertes n’a pas encore été décortiquée et promet d’être fort intéressante, affirme Mme Marcotte. Ces aspects seront validés d’ici le mois de mai prochain. Certains résultats seront publiés.
« Ça me touche beaucoup la façon dont les jeunes sont affectés », souligne Julie Marcotte qui se demande comment on peut mettre en place des mécanismes pour qu’ils soient à l’avenir mieux mis à l’abri.
L’équipe de recherche est à imaginer des moyens de développer des stratégies pour améliorer la santé mentale positive en renforçant les facteurs associés à des niveaux élevés de santé mentale positive.
On ne traverse pas cette crise sanitaire de la même manière au Québec, en Europe, ou dans les pays émergents. « D’avoir fait face à la pandémie nous rendra plus aptes. On a vu une différence entre la première et la deuxième vague», conclut-elle.