De l’huile de bras dans la cafétéria
SAINTE-MONIQUE. Depuis bientôt un an, une douzaine de grands-parents et de parents se retroussent les manches, enfilent un filet de cuisine et deviennent, trois midis par semaine, les serveurs et plongeurs de la cafétéria de l’école Arc-en-Ciel, à Sainte-Monique.
C’est grâce à leur implication que le service a pu reprendre vie. L’initiative a été pilotée par une maman, Andréanne Dufresne, avec l’aide de son père, André. Fini, les casse-têtes du dîner !
« On voulait arrêter de faire des lunchs, c’est aussi simple que ça ! », lance Andréanne en riant pour expliquer le fondement du projet. « Évidemment, ce n’est pas juste égoïste », poursuit-elle plus sérieusement. « Oui, on veut alléger la tâche des parents, mais on veut aussi faciliter l’accès à des repas chauds et équilibrés aux enfants de l’école. »
Un traiteur de Nicolet (Les Délices d’Audrey Rainville) propose un menu mensuel aux parents désireux de se prévaloir du service. Puis, il mitonne les portions commandées et les livre en vrac à l’école les lundis, mercredis et vendredis. Les bénévoles s’occupent ensuite de la distribution dans de la vaisselle lavable.
« Certains menus sont plus populaires, comme la pizza. Mais généralement, de 30 à 40 % des élèves de l’école bénéficient des repas du traiteur les midis où ils sont offerts », souligne André Dufresne, tout en précisant que les parents peuvent commander des boîtes à lunch (sandwich, salade, crudités) pour les mardis et jeudis : « Elles sont placées dans un réfrigérateur, identifiées au nom de l’élève. C’est le service de garde qui les distribue ».
Fruits et légumes pour tous !
Le service va plus loin. En effet, lorsqu’ils sont présents, les bénévoles prennent le temps de préparer des à-côtés qui sont distribués à tous les enfants de l’école : des plateaux de légumes frais… et 100 % locaux.
« On a conclu un partenariat avec deux fermes d’ici : La Gauloise et la Ferme Intention. On leur achète des légumes à l’année », mentionne André Dufresne, pour qui le circuit court et l’achat local sont une priorité. « Le Verger Nicolet nous fournit également des pommes en collation cinq jours par semaine. »
Cette plus-value est rendue possible grâce à des contributions financières d’une bonne dizaine de partenaires, dont le principal demeure les Chevaliers de Colomb de -Nicolet : « Ils nous ont versé 2500 $ l’an dernier pour nous aider à démarrer le service. Cette année, ils ont ajouté 1000 $ », se réjouit M. Dufresne.
« C’est un projet fantastique », commente le Grand -Chevalier, Léo Proulx, qui a déjà confirmé la continuité du partenariat.
La contribution initiale des Chevaliers de Colomb a notamment permis l’achat de réchauds commerciaux pour faciliter la distribution des repas (qui se fait en trois tablées) et d’un congélateur pour conserver les restants, lorsqu’il y en a. « Comme ça, si un enfant oublie son lunch, on peut en décongeler. On en offre aussi à des familles dans le besoin quand c’est possible », précise André Dufresne.
D’autres équipements, comme des couteaux de cuisine et des linges à vaisselle, ont aussi été acquis. Ils s’ajoutent à ceux que détenait déjà l’école. « Par exemple, les cabarets que nous utilisons sont les mêmes que ceux dans lesquels j’ai moi-même mangé en 1992 ! », sourit Andréanne Dufresne.
Lorsqu’elle fréquentait l’école, le service de cafétéria était offert : « La nourriture était cuisinée sur place. C’était le rêve ! Le service était chaleureux ».
Les équipements de cuisine ne sont plus fonctionnels, mais la nouvelle formule permet tout de même aux élèves actuels, grâce aux grands-parents et aux parents bénévoles, de retrouver cette ambiance chaleureuse. « Dans mes rêves, le service reviendrait comme dans le temps ». Mais avec 120 élèves, ce n’est pas rentable, fait remarquer son père.
Un an de travail
Andréanne et André Dufresne ont travaillé durant près d’un an à mettre sur pied le projet. « On a cherché la meilleure alternative. On s’est informé et on a fait des visites avant d’en arriver à la formule retenue », raconte Andréanne, qui s’occupe maintenant de faire l’horaire des bénévoles, trois mois à l’avance. « Ils viennent ici une fois par semaine, de 10 h 30 à 13 h 30 ».
Il est bon de souligner que la direction de l’école a agi à titre d’agent facilitateur dans leurs démarches, principalement au niveau de la logistique. D’ailleurs, la directrice adjointe, Marie-Christine Gravel, salue la généreuse contribution des partenaires, qui permet aux enfants de découvrir et d’avoir accès à une variété de légumes : « J’y vois une intention pédagogique : on s’ouvre, on goûte des choses », se -réjouit-elle. « De plus, un enfant qui a une boîte à lunch moins garnie un midi peut quand même manger à sa faim », signale-t-elle également.
Le projet ouvre la porte à plein d’opportunités (implication des élèves, collaboration avec les enseignants…).
Tranquillement mais sûrement, des liens se tissent, engendrant une panoplie de belles choses : « On reçoit des câlins, on donne le goût à du monde de venir s’établir ici, on contribue à la rétention des enseignants et à l’économie locale… Que demander de mieux ? », terminent les instigateurs.