C’est un départ pour la renaturalisation de la rivière du Moulin

BÉCANCOUR.  La renaturalisation de la rivière du Moulin débutera cet été. Depuis les deux dernières années, une équipe d’experts s’est attardée aux problèmes de sédimentation et de débordements fréquents qui affectent la rivière du Moulin et qui met notamment à risque les installations du site historique du Moulin Michel, à Bécancour.

« L’équipe du Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ) s’est occupée de rencontrer les propriétaires qui avaient des habitats pour la biodiversité : des milieux naturels, des milieux humides, des forêts, des friches, afin de les étudier, explique Andréanne Blais du CRECQ. L’Union des producteurs agricoles (UPA) a également rencontré les producteurs agricoles concernés, car les champs ont une certaine contribution au niveau de la qualité de l’eau des bassins versants », ajoute-t-elle.

C’est la Firme Rivières qui a étudié ce qui se passe dans le cours d’eau, soit la provenance des sédiments et la dynamique du cours d’eau, alors que le Groupe de concertation des bassins versants de la zone Bécancour (GROBEC) a étudié les poissons.

Des gestes concrets

L’ensemble des données récoltées a permis de cibler plus précisément les endroits favorables à la protection et à la renaturalisation, c’est-à-dire de redonner de l’espace à la nature et que cet espace soit bénéfique à la qualité de l’eau.

« Par exemple, il y a une propriétaire qui avait un super beau milieu naturel et qui a décidé de faire don de sa propriété à un organisme de conservation qui va la protéger à perpétuité, explique Mme Blais. C’est une des actions, mais il y a aussi tout le volet agricole pour lequel certains propriétaires ont accepté volontairement de mettre en place des actions de renaturalisation du cours d’eau. »

« Le défi en milieu agricole est de limiter la perte agricole, parce que l’objectif n’est pas d’aller gruger dans les champs », ajoute-t-elle. Ce sont six propriétaires qui ont accepté gracieusement, soit environ la moitié d’entre eux. « Ce n’est pas un bassin versant qui a énormément de propriétaires, ils ont chacun de bonnes superficies agricoles, précise Mme Blais. Ceux qui ont accepté sont également les plus grands propriétaires. »

Parmi les gestes qui seront également posés cet été, on pense notamment au dépôt de bois mort dans le cours d’eau à des endroits stratégiques. « Ça peut paraitre absurde de bloquer le cours d’eau, mais on a remarqué qu’avec les changements climatiques, il y a de plus en plus d’eau dans nos cours d’eau et un débit plus rapide. Cette vitesse vient gruger les berges et faire chuter des sédiments. L’objectif n’est pas de bloquer l’eau, mais de ralentir son débit », explique Andréanne Blais.

Un autre geste qui pourra être posé s’appelle le chenal à deux niveaux. Mme Blais explique que les cours d’eau sont en forme d’un trapèze qui inclut les côtés et le fond du cours d’eau. « Ce qu’on va faire, c’est un trapèze qui a un deuxième niveau. Il y aura donc les berges, un fond, d’autres berges et le fond du cours d’eau, illustre-t-elle. On vient donc élargir la plaine qui reçoit l’eau et également en ralentir le débit. » Il faut cependant prendre en compte plusieurs facteurs avant de reconfigurer la forme d’un cours d’eau, car ces changements viennent en changer la dynamique.

On créera également des bandes riveraines élargies. On viendra donc planter des arbres, mais surtout des arbustes, sur le replat du talus, c’est-à-dire en haut du cours d’eau, sur les terrains des producteurs qui ont accepté de céder une bande de terre à la nature. Les racines de ces arbustes filtreront l’eau de ruissellement et stabiliseront le sol près du cours d’eau.

Initiative de la Société des amis du Moulin Michel

Le projet de renaturalisation de la rivière du Moulin est une initiative de la Société des amis du Moulin Michel, car on avait observé au Moulin Michel de Gentilly des problèmes du côté du terrain. Situé en haut de la rivière, un barrage permet d’alimenter le moulin et donc de moudre le sarrasin afin d’en faire de la farine. Cependant, le barrage en question est de plus en plus soumis à la pression de grandes quantités d’eau et sa stabilité est fragilisée par l’accumulation sédimentaire en amont.