ABI: la ministre du Travail interpellée
POLITIQUE. Le Parti Québécois a emboîté le pas après le passage du porte-parole de Québec Solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, qui a fait savoir qu’il déposera une motion pour que le gouvernement exige la reprise des négociations, lors de son passage sur les lignes de piquetage à l’Aluminerie de Bécancour.
Le PQ estime que la ministre du Travail, Dominique Vien, doit prendre ses responsabilités et sommer les deux parties de revenir à la table de négociation. La nature publique des ententes commerciales et des tarifs préférentiels d’Hydro‑Québec, ainsi que les milliers de familles qui sont prises «en otage» exigent que le gouvernement agisse rapidement, juge-t-on.
« Depuis le début du lock-out, il y a deux semaines, 1030 employés syndiqués se retrouvent sans emploi et 80 travailleurs d’une entreprise sous-traitante ont été licenciés. L’ABI est le plus gros employeur de la région. Il est plus que temps que la ministre Vien sorte de son mutisme et donne l’heure juste aux travailleurs. Qu’est‑ce que le gouvernement libéral compte faire pour encourager les deux parties à retourner à la table de négociation? La ministre doit agir! », a déclaré Guy Leclair.
« La nature du conflit force le gouvernement libéral à bouger, mais, une fois de plus, il se retrouve à la remorque de l’actualité. J’interpelle la ministre pour qu’elle agisse rapidement; la région ne doit pas être tenue en otage par ce conflit. Ce sont des milliers de familles qui sont touchées. Par ailleurs, l’entreprise bénéficie d’ententes commerciales et de tarifs préférentiels d’Hydro-Québec. L’argent public des contribuables est en jeu, ce qui rend d’autant plus urgente la reprise des négociations », a ajouté le chef du PQ, Jean‑François Lisée.
« Malgré les sorties médiatiques du député caquiste de Nicolet-Bécancour, Donald Martel, on voit bien que la Coalition Avenir Québec n’est pas en mesure de faire entendre la voix des travailleurs dans ce conflit. Il n’y a rien d’étonnant à ce que celui-ci perdure; M. Martel n’a pas encore daigné rencontrer les travailleurs ni la direction de l’entreprise! », a conclu le porte-parole du PQ en matière de Travail.
Un rôle de facilitateur
De son côté, le député de Nicolet-Bécancour assure qu’il joue actuellement son rôle de député en travaillant en coulisse pour favoriser un rapprochement entre les deux parties, qui de son avis, sont encore loin l’un de l’autre.
«C’est un sujet qui est sensible et difficile pour tout le monde. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de se faire du capital là-dessus. Je ne souhaite pas parader, ni aller là pour faire de gains politiques».
Le whip de la Coalition Avenir Québec n’a toutefois pas voulu se prononcer sur la motion qui sera déposée par le Québec Solidaire, lors de la rentrée parlementaire qui doit avoir lieu la semaine prochaine.
«Je vais commencer par la regarder, a-t-il soutenu, refusant de dire s’il irait à l’encontre de la position du parti pour un enjeu spécifique à son comté. Je suis favorable à ce que les deux partis se reparlent. C’est tout ce que je peux dire pour tout de suite.»
Toutefois, le député Martel estime qu’il s’agit avant tout d’un conflit privé. Il trouve d’ailleurs boiteuse la comparaison qu’en a faite Gabriel Nadeau-Dubois avec l’industrie de la construction, qui a fait l’objet d’une loi spéciale, le printemps dernier. «Parce que les normes de la construction ont un impact sur le gouvernement, fait valoir le député de la CAQ. Là, c’est une entreprise et des syndiqués.»
Donald Martel croit que le conciliateur du ministère du Travail peut encore faire son travail pour reprendre les négociations. Il estime toutefois qu’il est encore trop tôt pour demander à un arbitre de trancher. «S’il y a une demande, ce sera à évaluer, admet-il, mais je ne crois pas que c’est ce que le syndicat veut».