Le travail costaud de Stéphan Chapdelaine

Le 28 décembre 2012 marque la fin d’une ère. C’est à cette date que le réacteur de la centrale nucléaire Gentilly-2 a été mis à l’arrêt, sans possibilité de retour en arrière. Toutefois, l’histoire de Gentilly-2 est loin de se terminer ici. Bien que la centrale ne produise plus d’énergie nucléaire, un peu moins d’une quarantaine d’employés s’activent encore aujourd’hui au déclassement des installations de Gentilly-2 qui s’échelonne sur plusieurs décennies. Le Courrier Sud a eu la chance d’aller jeter un œil aux installations de l’intérieur, 10 ans plus tard, afin de découvrir quelques-uns de ses secrets – car n’entre pas là qui veut quand il le veut! – , mais surtout de rencontrer des gens passionnés qui occupent des postes uniques.

Lorsqu’il est question de centrales nucléaires, la population se préoccupe généralement davantage des impacts sur sa santé et sur son environnement que de l’impressionnante quantité d’énergie qu’elle peut produire – Gentilly-2 avait une puissance installée de 675 MW, représentant environ 3% de la puissance du réseau d’Hydro-Québec. C’est là qu’entre en jeu l’expertise de Stéphan Chapdelaine qui, depuis 15 ans, assume le volet protection de l’environnement à Gentilly-2.

Même 10 ans après l’arrêt du réacteur de la centrale nucléaire Gentilly-2, il existe toujours un programme de surveillance environnemental de la radioactivité qui compte un peu plus de 1500 échantillonnages par année. « C’est encore costaud! », assure Stéphan Chapdelaine. Ces échantillons proviennent d’un peu partout autour du site de Gentilly-2 et dans la région, et sont notamment constitués d’air, de poissons, de plantes aquatiques, de fourrages, de sols et de précipitations.

Comme dans toute centrale nucléaire canadienne, Gentilly-2 comporte son propre service d’échantillonnage et d’analyse, et tous les résultats sont publiés annuellement sur le site Internet d’Hydro-Québec. « Ce n’est pas parce qu’on est passé en déclassement que ça a été aboli, au contraire! On doit répondre aux mêmes exigences règlementaires que lorsqu’on est en exploitation », explique M. Chapdelaine.

La phase de suivi environnemental se poursuivra jusqu’en 2074, soit 10 ans après la complétion de la phase de restauration finale du site. D’ailleurs, les collègues de Stéphan Chapdelaine ne manquent pas de lui rappeler, à la blague, qu’il sera encore à Gentilly-2 en 2074! « Je vous confirme que non! », répond-il en riant.

M. Chapdelaine assume aussi la gestion des déchets radioactifs et des matières dangereuses résiduelles toujours produits, mais en volume bien moindre qu’en exploitation.

Le projet d’une carrière

En 2008, Hydro-Québec annonce une décision favorable à une réfection majeure de la centrale nucléaire, à l’aube de ses 30 ans d’activités. À cette même époque, Stéphan Chapdelaine est approché par une ancienne collègue, devenue gestionnaire de l’équipe environnement à Gentilly-2. « Cette personne m’a appelé en disant qu’un poste allait être ouvert, car un projet de réfection avait été planifié, et que ce serait le projet de ma carrière. Alors j’ai tenté le coup, et j’ai été retenu », raconte M. Chapdelaine.

Cependant, comme on le sait, le projet de réfection n’a jamais pu avoir lieu. « Je ne regrette pas aujourd’hui, mais à ce moment-là, je me demandais dans quel pétrin je m’étais vautré! Il faut dire que la réfection majeure aurait été, du côté environnemental, un défi colossal, et c’est comme ça qu’on me l’avait vendu!, lance M. Chapdelaine. Toutefois, le nouveau projet de déclassement est tout aussi stimulant. C’est beaucoup du nouveau, car ce n’est pas quelque chose qui a été vécu ailleurs et dont on peut s’inspirer. On est un peu des pionniers, sans vouloir que ça ait l’air pompeux de le dire ainsi. » Rappelons que Gentilly-2 est la première centrale nucléaire munie d’un réacteur de type CANDU 6 à entamer le processus de déclassement.

Pour lire le portrait d’André Lalancette, coordonnateur au déclassement : Le centre nerveux de Gentilly-2.

Pour lire le portrait de Martin Deshaies, chef maintenance : « Ma carrière, c’était d’opérer un réacteur ».

Pour lire le portrait d’Annie Désilets, chef surveillance : Les nombreux chapeaux d’Annie Désilets.