« C’est vrai que parler du suicide sauve des vies »
La pandémie a eu des impacts sur la population de la Mauricie et du Centre-du-Québec depuis 2020. Le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre a vu le nombre d’interventions psychosociales augmenter de 50% dans les deux dernières années.
C’est d’autant plus notable entre le 1er avril 2021 et le 1er janvier 2022. Les équipes de soutien psychosocial ont réalisé 318 sorties sur le terrain comparativement à 126 avant.
Les appels à l’aide ont également augmenté dans les trois centres de prévention du suicide du territoire. Dans les deux dernières années, on parle d’une hausse de 40% des appels comparativement aux deux années pré-pandémiques. Cela représente 6000 appels de plus par année.
À l’occasion de la 32e Semaine nationale de prévention du suicide qui se déroule jusqu’au 5 février, le CIUSSS et les centres de prévention du suicide de la région se mobilisent pour réitérer toute l’importance d’ouvrir le dialogue et de ne pas hésiter à demander de l’aide.
« Je pense que la population s’épuise avec le temps. Au début de la pandémie, les gens avaient moins vécu les mesures. Là, il y a une fatigue qui s’installe. Les mesures ne sont plus vécu de la même façon qu’en début de pandémie. La pandémie aura sans doute des répercussions psychologiques à long terme. Il est nécessaire de travailler en amont pour agir sur son bien-être. On peut prendre soin de soi en adoptant de saines habitudes de vie, d’ouvrir le dialogue, de trouver des trucs pour gérer le stress », souligne Jovany Raymond, directeur adjoint – Services sociaux généraux et dépendance à la Direction du programme santé mentale adulte et dépendance du CIUSSS MCQ.
Pour Patrice Larin, directeur général du Centre de prévention du suicide Accalmie, la prévention demeure la clé en matière de détresse suicidaire ou de souffrance.
« L’aide existe et elle fonctionne. On voit que parler du suicide est moins tabou et moins stigmatisé. Les gens osent plus aborder le sujet. Ça permet d’agir de façon plu rapidement, fait remarquer M. Larin. C’est vrai que parler du suicide sauve des vies. (…) C’est en quelque sorte encourageant de recevoir plus d’appels et de demandes, car ça montre que la population a une meilleure relation avec la demande d’aide. Depuis le début de la pandémie, on s’est fait un point d’honneur de faire connaître nos différents services. Ça favorise la demande d’aide. »
Le soutien de l’entourage est tout aussi important. » Si vous êtes inquiet pour un proche, un collègue ou un ami, parlez-lui de vos inquiétudes et n’hésitez pas à aborder le sujet du suicide. Le fait d’ouvrir le dialogue donne une opportunité d’exprimer sa souffrance et de ressentir que vous êtes là pour lui. Il vous sera également possible de le diriger vers les ressources disponibles. Il se sentira alors soutenu et cela permettra de faire une différence », ajoute-t-il.
Les plus récentes données sur le suicide publiées par l’Institut national de santé publique confirment que le taux de mortalité par suicide se stabilise au Québec. En 2019, au Québec, le taux de mortalité par suicide le plus élevé est observé chez les personnes de 50 à 64 ans, et le nombre de suicides demeure trois fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes. En Mauricie et au Centre-du-Québec, on a recensé 25 décès de moins dans la région comparativement aux chiffres d’il y a dix ans.
Les données complètes des deux dernières années ne sont pas encore disponibles. Toutefois, les données provisoires provenant du Bureau du coroner ne font pas état d’une hausse du taux de suicide depuis le début de la pandémie. Il importe toutefois d’interpréter ces données avec prudence, rappelle Patrice Larin, puisque des analyses et des enquêtes sont toujours en cours.
Pour obtenir des conseils sur la manière d’aborder le suicide, visitez le site web commentparlerdusuicide.com.
Des ressources d’aide disponibles en tout temps
Si vous vivez un moment difficile ou si vous êtes inquiet pour une proche, différentes ressources sont accessibles 24 heures par jour, 7 jours sur 7. En faisant appel à ces services, ce sont des intervenants psychosociaux qualifiés offriront écoute, soutien, conseils et informations.
Pour l’ensemble de la Mauricie et du Centre-du-Québec : 1 866 APPELLE (1 866 277-3553)
La plateforme d’information et de clavardage en ligne suicide.ca
Info-Social 811
Les Centres de prévention du suicide du territoire: Drummondville (819 477-8855), Arthabaska (819 751-2205), Érable (819 362-8581) et Mauricie (819-379-9238)
Les jeunes peuvent également se référer à Jeunesse, J’écoute au 1 800 668-6868 ou Tel-Jeunes au 1 800 263-2266.