Retraite méritée pour Chantal Chabot

COURRIER SUD. Le 16 décembre prochain, notre conseillère en solutions médias Chantal Chabot tournera la page sur 45 ans de carrière au Courrier Sud. Une carrière qui lui en a fait voir de toutes les couleurs et dont elle gardera un fier souvenir.

« Je n’ai pas connu autre chose. Je sortais de l’école (en secrétariat) quand j’ai été embauchée. J’avais 18 ans », relate-t-elle.

C’est une offre d’emploi comme typographe au Courrier Sud qui avait alors attiré son attention. Elle a postulé sans trop croire qu’elle pourrait être choisie. « Je n’avais pas d’expérience et pas tant de vitesse que ça à la dactylo! Mais je me suis dit que si je n’essayais pas, je ne le saurais pas… »

Le choix s’est avéré gagnant puisque peu de temps après, elle passait une entrevue, un test de français et un essai à la dactylo, avant de se faire dire qu’elle décrochait l’emploi. « Je pensais que c’était une farce, mais non! »

C’est le 16 mars 1977 que la jeune femme originaire de Grand-Saint-Esprit a officiellement joint les rangs de son journal local. « Avant même de travailler au Courrier Sud, je feuilletais le journal à toutes les semaines. Intérieurement, quelque chose me fascinait là-dedans. À quelque part, j’étais prédestinée! »

Elle avait pour mandat de taper le contenu du journal sur un appareil « compugraphic ». Les journalistes lui donnaient leurs textes rédigés à la main, et il n’était pas rare qu’elle doive retranscrire des annonces préalablement rédigées… sur des serviettes de table! « Parfois, j’avais de la misère à déchiffrer l’écriture. Il fallait être très appliquée, d’autant plus que je travaillais avec un écran de quatre pouces de large par même pas un pouce de haut! »

Une fois la transcription faite, la cartouche était développée dans la chambre noire du journal, située au sous-sol de l’établissement de Nicolet. Une correctrice révisait le tout et Chantal retapait les corrections. Celles-ci étaient ensuite développées et découpées, avant d’être collées sur le document final à acheminer à l’imprimerie. « On était à l’âge de pierre », sourit-elle, ajoutant qu’il n’était pas rare que des choses se décollaient, entraînant les erreurs redoutées…

Polyvalence

La polyvalence était de mise. Car en plus de son travail de retranscription, Chantal aidait au montage du journal dans ses premières années. « On avait du fun! On était une bonne dizaine à la production. On travaillait beaucoup la fin de semaine et même de nuit, tout dépendant du moment où le journal était mis sous presse », se remémore-t-elle.

Pendant un certain temps, elle a donné un coup de pouce à l’éditeur Guy Rouleau, lorsqu’il a démarré le Courrier de Portneuf puis le Courrier de Lotbinière. « C’est moi qui tapais les textes de ces journaux. »

Puis, un jour, le poste de secrétaire s’est libéré. Le comptable de l’époque, Réjean Desfossé, a tâté son intérêt. « J’avais eu ma fille, alors travailler le soir, c’était moins tentant pour moi. J’ai donc été à la réception du Courrier Sud. Quand le comptable partait, je le remplaçais. »

Un peu plus tard, un représentant aux ventes a quitté et l’éditeur de l’époque, Jean Blanchette, lui a offert le poste. « C’était à peu près la seule chose que je n’avais pas faite encore! J’ai décidé de l’essayer. C’était dans les années 1990. »

Depuis, elle sert avec bonheur les annonceurs du Courrier Sud.

Un travail en perpétuel changement

En 45 ans de carrière, Chantal a été confrontée à toute l’évolution technologique. « Ça m’a tenue en éveil! », dit-elle, croyant que sans son travail, elle n’aurait pas la même aisance avec les téléphones intelligents, les ordinateurs ou les tablettes.

Elle se remémore l’époque où elle devait aller montrer en personne les épreuves aux clients. Plusieurs n’avaient alors pas accès à un fax… cet appareil de haute technologie aujourd’hui en voie d’extinction! « J’ai fait beaucoup de route, y compris pendant des tempêtes et des verglas. On n’avait pas le choix: il fallait aller voir les clients car on n’avait pas d’autre moyen de les joindre, mis à part le téléphone. Et on n’avait pas de cellulaire. Quand on revenait au bureau, on allait voir si on avait des messages dans notre pigeonnier. »

Projets de retraite

Chantal a décidé de quitter son travail même si elle a encore « le feu sacré ». « La COVID m’a fait réfléchir beaucoup. L’âge aussi. J’ai 63 ans et je ne veux pas attendre d’être malade avant de partir. »

Elle profitera de ses premières semaines de retraite pour faire le vide dans sa tête, pour se recentrer sur soi et sur le moment présent. « J’ai hâte d’arrêter de penser constamment à ce qu’il y a à faire et d’être projetée toujours une semaine à l’avance. Car c’est ça, travailler dans un hebdomadaire! »

Une fois qu’elle aura trouvé ses repères dans cette nouvelle vie, elle envisage de jouer au golf à volonté, repeindre sa maison, faire de petites escapades par-ci par-là avec Michel, son conjoint, voir ses frères, ses sœurs et sa fille plus souvent, et, bien sûr, se gâter. « On va se refaire une petite vie plus zen. Le temps ne comptera plus », dit-elle.

Elle est aussi ouverte à l’idée de se trouver un petit « à-côté » d’un ou deux jours par semaine « pour continuer de voir du monde ». « J’ai encore le goût de servir des clients, mais différemment. J’aimerais que les gens viennent à moi plutôt qu’aller cogner à leur porte. »

Des collègues et des clients en or

Tout au long de sa carrière, Chantal Chabot a été au service de six patrons et a côtoyé de nombreux collègues. Elle souhaite d’ailleurs en saluer quelques-uns ici: Guy, Jean, Léo, André, Paulo, Daniel, Junior, Rosaire, Jocelyne, feu Réjean, Line, Martin, Nancy, Marie-Clod, ainsi que tous ses collègues actuels.

Elle a également servi plusieurs clients fidèles. « Quand ça fait des années que tu sers quelqu’un, il se crée inévitablement des liens ». Leur affection et leur appréciation lui font chaud au cœur. « Cela aura été pour moi le plus précieux et le plus beau cadeau de ma longue carrière », termine-t-elle.