S’accrocher au positif

SAINT-LÉONARD-D’ASTON.  À l’automne 2020, une éclosion de COVID-19 a durement frappé le Centre l’Assomption de Saint-Léonard-d’Aston. Un an plus tard, la directrice de la résidence privée pour ainés, Manon Daigle, revient sur ces semaines difficiles qui ont créé un lien unique entre les membres du personnel de la résidence, lien qu’ils ont décidé de souligner de façon… permanente!

Ce sont 13 membres du personnel du Centre l’Assomption qui ont décidé de se faire tatouer un même dessin symbolisant ce qu’ils ont vécu. « Le cœur représente l’amour de notre métier, mais le cœur n’est pas complété alors ça veut dire qu’il y a eu un petit manque. Pour la vie, on a les battements cardiaques, et le point-virgule qui marque la pause dans une phrase. L’amour de notre métier, pour la vie, a été mis sur pause », résume Manon Daigle.

« On voulait que ça représente ce qu’on a vécu tous ensemble. La COVID-19, c’est ensemble qu’on a passé à travers et ça nous unit », ajoute Johanne Lamothe.

Rappelons que la situation au Centre l’Assomption avait été jugée critique par le ministère de la Santé et des Services sociaux. En date du 28 novembre 2020, 90 % des résidents du Centre l’Assomption avaient été touchés par la COVID-19. Du côté du personnel soignant, seulement deux ont été épargnés, tout comme celui de la cuisine.

Même si Manon Daigle a elle aussi été épargnée de la COVID, la situation était toutefois loin d’être facile pour la directrice qui a vu sa résidence transformée en zone de guerre, puisque la Santé publique avait décidé de ne pas retirer les résidents positifs du centre. « Ça s’est propagé, parce qu’on n’avait pas ce qu’il fallait. On avait seulement les formations de base. On ne savait même pas quels désinfectants employer exactement! », déplore Mme Daigle.

« Au lieu de vider le centre pour en remplir un autre, ils ont préféré ne pas déraciner les résidents de leur milieu », ajoute Mme Lamothe.

« De voir la résidence transformée comme la guerre, de voir des gens mourir, de voir mon personnel partir, je peux dire que ça a été rough à vivre, raconte Mme Daigle, très émotive. On rentrait le matin, on faisait les tests COVID et on devait renvoyer des gens à la maison. Ils étaient fâchés de retourner chez eux après un test positif, ayant tout fait pour se protéger. Ils avaient peur d’être malades eux aussi, ils avaient peur de mourir. »

Malgré tous les efforts déployés, 7 résidents sont décédés des suites de la COVID ou de ses complications. Bien qu’aucun membre du personnel n’ait succombé à la maladie, l’une d’entre eux a été dans le coma. « Cette personne-là ne travaillera plus jamais, elle n’en a plus les capacités », mentionne la directrice. Cette préposée aux bénéficiaires a toutefois décidé, elle aussi, de se faire tatouer avec ses anciens collègues.

Depuis la fin de l’éclosion, le Centre l’Assomption a engagé une nouvelle infirmière. « Même si elle n’a pas vécu cette éclosion avec nous, elle a vécu la COVID à sa façon à l’hôpital de Drummondville, et elle a décidé de se faire tatouer elle aussi! », mentionne Manon Daigle, fière de démontrer à quel point son équipe est tissée serré.

Un an plus tard

Même si nostalgie et tristesse demeurent dans le cœur de Manon Daigle et Johanne Lamothe, elles sont aujourd’hui contentes de revoir le Centre l’Assomption reprendre vie. « Les résidents sont sortis de leur chambre, on a remonté les marches une à une et on voit que la vie, c’est plus fort que tout », témoigne Mme Lamothe.

« Nos résidents ont repris vie, on les a vus se rebâtir, parce qu’ils étaient faibles, ils étaient isolés. Ils ont été très malades, car la moyenne d’âge de nos résidents est dans les 90 ans. Ça a donné un grand coup », poursuit Mme Lamothe.

C’est d’ailleurs pour clore cette période sombre sur une note positive que l’idée du tatouage est née. « On n’oubliera jamais tout ça, et ce tatouage représente notre victoire », raconte Mme Lamothe.

« On a passé à travers et le Centre l’Assomption se porte très bien », ajoute Mme Daigle.

« On prépare actuellement notre fête de Noël! », conclut Johanne Lamothe sur une note joyeuse.