De citadins à autosuffisants

SAINT-ZÉPHIRIN-DE-COURVAL. Le goût du défi mène tranquillement mais sûrement Rachel Fahlman et Grégory Lemoyne vers l’autosuffisance. Pourtant, il y a quelques années à peine, ce n’était même pas dans leur projet de vie…

Ils voyageaient énormément. Fils de militaire, Grégory a déménagé souvent. Pour sa part, -Rachel a demeuré en France durant quatre ans (à l’âge de six ans, puis de 12 à 15 ans). Ensemble, ils ont vécu un an au Chili et un an en Turquie, avant de revenir au pays ; à Ottawa d’abord, d’où est originaire Rachel, puis à Montréal.

C’est en visitant le jardin d’un oncle de Grégory à Saint-Zéphirin-de-Courval que la graine de l’autosuffisance a été semée. Et c’est en voyant, un peu plus tard, une pancarte « À vendre » devant une maison mobile du rang Saint-Michel, près de chez l’oncle en question, que cette graine a commencé à germer.

Le couple a acheté cette maison il y a cinq ans. Après quelques mois d’-allers-retours entre -Montréal et Saint-Zéphirin-de-Courval, il a pris la décision de s’établir de façon permanente dans son village d’adoption. Voilà, ces grands voyageurs venaient de poser leurs bagages pour de bon! Depuis, deux enfants sont nés et un troisième est en route. Ils ont également acheté la maison voisine il y a deux ans, où ils demeurent désormais. La maison mobile est devenue une maison d’invités.

Les mains dans la terre

Leur terrain de jeu a une superficie d’environ une acre. Ils ont des poules, des vaches, des canards et, à l’occasion, des cochons. Des arbres fruitiers variés (pommiers, abricotiers, pruniers, poiriers et cerisiers), une grange immense, une serre nouvellement construite et deux grands jardins complètent le portrait.

Les deux apprentis s’amusent tout en prenant au sérieux leur cheminement. Ils lisent énormément sur le jardinage et s’informent auprès de diverses ressources expérimentées. Ils ont également développé des liens étroits avec des agriculteurs avoisinants, qui n’hésitent pas à leur prodiguer des conseils ou même à leur refiler un coup de pouce au besoin. L’entraide est fortement présente et le couple l’apprécie.

Rachel et Grégory se sont fait la main au jardin communautaire de l’oncle de Grégory. C’est là qu’ils ont cultivé leur amour de la terre et de l’abondance. Avant d’emménager à Saint-Zéphirin-de-Courval, ils s’y rendaient régulièrement pour aider. Ils ont même vécu l’expérience de préparer et de livrer des paniers de légumes à chaque semaine à une quinzaine de personnes à Montréal, du temps qu’ils y restaient. Une logistique difficilement conciliable, au final, avec leurs emplois. « C’est ce qui nous a menés à nous tourner vers l’autosuffisance et la vente de nos surplus une fois installés ici », confie Rachel Falhman.

Un choix qui fait aujourd’hui leur bonheur quotidien. Et celui des enfants, visiblement, qui sont contents de donner un coup de main à la hauteur de leurs capacités lorsque requis. « Notre plus vieux (âgé de 3 ans) va chercher les œufs. Il aime travailler et est fier de sa brouette ! », sourit -Mme Fahlman.

Cette dernière est en télétravail en permanence, tandis que -Grégory fait de la suppléance dans des écoles de la région. Ils ont une vie occupée, mais bien organisée.

« Je ne m’attendais pas à aimer autant faire ma propre nourriture. C’est une fierté », avoue Grégory Lemoyne. « Je vois aussi la qualité de cette nourriture, qui ne se compare vraiment pas [à ce qui est produit à grande échelle]. On sait d’où vient la viande, on sait que les légumes ne contiennent pas d’engrais chimique… », souligne-t-il.

Pour le moment, le couple estime être autosuffisant à 85 %. Il aimerait, si l’occasion se présente, pouvoir agrandir son terrain de jeu éventuellement. « Des fois, j’aimerais ça, avoir un champ ! », évoque M. Lemoyne, qui rêve aussi d’aménager un caveau en forêt, s’il met un jour la main sur un lieu propice au projet.

En attendant cette croissance éventuelle, le couple se concentre sur ses projets à court terme, comme la construction d’un poulailler neuf l’an prochain. « Il y a trop de trous à boucher dans celui qu’on a actuellement. On a été aux prises avec un problème de moufettes et de -raton-laveurs cet été et on a perdu la moitié de nos poules, soit une vingtaine. On veut éviter que l’histoire se répète. »

Bref, Rachel Fahlman et Grégory Lemoyne, qui sont âgés respectivement de 34 et 35 ans, ont l’intention de continuer encore longtemps à améliorer leur petit coin de paradis, qu’ils ont nommé « Les Jardins de l’Arbour », en hommage à M. et Mme Arbour, les anciens propriétaires de la maison mobile, où tout a commencé. « On aime beaucoup ça, et les enfants aussi, alors ça nous motive chaque année à continuer ! », terminent-ils.