Réchauffement climatique: plus de bouleversements à prévoir
Au rythme où vont les choses, il est impensable d’arriver à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius, le scénario le plus optimiste dégagé de l’Accord de Paris, ce qui entraînera plusieurs bouleversements climatiques. C’est ce qui ressort de la nouvelle synthèse du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), près de huit ans après son dernier rapport.
Le document, écrit par quelque 230 scientifiques, souligne que les bouleversements du système climatique actuel sont sans précédent. Les changements climatiques s’accélèrent partout sur la planète, y compris les extrêmes climatiques, et les répercussions de l’activité humaine sont sans équivoque.
« C’est clairement un signal d’alarme qui cherche à monter en intensité. Ce rapport vient mettre de l’avant que les actions politiques actuelles ne suffisent pas. Le rapport sort trois mois avant la COP 26 où se réuniront des chefs d’État du monde cet automne. Cela fait en sorte que quand les décideurs vont se réunir, ils auront des données objectives et scientifiques », souligne Lauréanne Daneau, directrice générale d’Environnement Mauricie.
Ce réchauffement climatique de 1,5 degré Celsius de la température moyenne mondiale semble représenter bien peu, mais c’est suffisant pour entraîner plusieurs bouleversements. Mme Daneau fait le parallèle avec le corps humain lorsqu’il a une fièvre. Le degré et demi de plus peut alors entraîner une série d’effets désagréables et de bouleversements qui nuisent au bien-être général du corps.
Des changements drastiques nécessaires
Au Québec, on peut s’attendre aussi à des précipitations intenses et plus de vagues de chaleur.
Le rapport souligne aussi que, malgré les efforts de réduction des gaz à effet de serre (GES) pour stabiliser et limiter les changements climatiques, les bénéfices devront attendre 20 à 30 ans avant d’être perceptibles. Selon tous les scénarios, même les plus optimistes, la température ne cessera d’augmenter jusqu’en 2050. Il est donc inévitable que ces impacts liés aux changements climatiques aillent en s’amplifiant.
« Le Québec doit s’assurer de réduire les émissions de gaz à effet de serre afin d’éviter un emballement climatique majeur à long terme, mais également mettre en œuvre des solutions d’adaptation pour apprendre à vivre dans la nouvelle réalité climatique qui s’installe », souligne Alain Bourque, directeur général d’Ouranos.
Le GIEC mentionne que des changements drastiques sont nécessaires rapidement pour ralentir la cadence des changements climatiques.
« Ce rapport sonne le glas de l’utilisation du charbon et des énergies fossiles, précise Mme Daneau. Il y a encore de l’espoir, mais il faut agir. Et quand on parle de mesures drastiques, on ne parle pas seulement de récupération, par exemple. Il faut cesser l’utilisation des énergies fossiles. Même si l’on n’a pas autant de population que d’autres grands pays du monde, le Canada est un pays extrêmement consommateur avec l’industrie des sables bitumineux et des énergies fossiles. Ça occupe une place importante dans l’économie canadienne. Toutefois, le gouvernement fédéral n’envoie aucun signal par rapport à la fin de l’exploitation des énergies fossiles, mais c’est l’une des principales mesures qui seraient nécessaires pour répondre au rapport du GIEC ».
« Dans la région, on a vécu plusieurs impacts du réchauffement climatique depuis le début de l’été. Il y a eu un avertissement de smog à La Tuque en raison des feux de forêt au nord-est de l’Ontario et du Manitoba. On en subit les conséquences malgré tout. Ça a un impact sur la santé publique des gens, notamment les enfants et ceux qui ont des problèmes cardiovasculaires. On peut penser aussi à la rafale qui a paralysé Trois-Rivières à l’heure de pointe en juin. On a vu des arbres matures être déracinés, des sous-sol être inondés un peu partout dans la ville, des rues inondées. Ça touche les gens dans leur quotidien. Si on continue avec un train de vie comme celui en ce moment, on vivra de plus en plus d’événements climatiques du genre », détaille Lauréanne Daneau.
Au final, ces événements climatiques ont aussi des impacts directs sur l’activité économique, la sécurité et la santé des populations, de même que l’équilibre des écosystèmes et les infrastructures.
Aux candidats de se prononcer
À l’aube d’une campagne électorale fédérale qui devrait être lancée dans les prochains jours, la directrice générale d’Environnement Mauricie souhaite voir les candidats prendre position face à la lutte contre les changements climatiques. « C’est le moment d’évaluer la crédibilité d’une candidature. Les candidats qui vont se présenter comme de futurs décideurs doivent se prononcer sur comment ils comptent protéger la société envers les principales menaces qui la concernent en ce qui a trait aux changements climatiques? »
« Les gouvernements doivent s’engager rapidement et ça prend des propositions ambitieuses avec des moyens pour y arriver. Le citoyen, comme électeur, a un pouvoir d’appuyer les candidats qui ont une offre crédible en ce qui concerne la réduction des gaz à effet de serre. Les candidats devront faire preuve de courage pour amener les sociétés à faire face aux changements climatiques. Ça implique aussi de faire adopter des positions peu populaires. Ça prend aussi des citoyens pour appuyer ces politiciens », soutient Lauréanne Daneau.
Pour sa part, elle espère notamment voir les gouvernements rendre le transport collectif plus performant et plus accessible pour contribuer à la réduction des gaz à effet de serre.