Deuil animalier: une épreuve difficile à surmonter

DEUIL. Pour un grand nombre de personnes, l’animal de compagnie joue un rôle très important sur le plan de l’affection. Quel que soit le besoin à apaiser, il est souvent un confident et contribue au bien-être émotionnel des gens qui l’entourent.

La perte d’un animal de compagnie peut placer une personne dans un réel état de deuil. Après avoir vécu elle-même pendant deux ans le deuil de sa chienne Zirka, décédée le 19 mars 2000, Pierrette Beaumier a fait le choix de partager son expérience et de publier, aux Éditions Première chance, un guide intitulé: «Pour une meilleure compréhension de mon deuil animalier». «Cet ouvrage n’est pas un livre de chevet. C’est un accompagnant dans le processus de deuil. C’est une prise de conscience et un travail sur soi. Il a été élaboré à partir de mes recherches personnelles, de ma formation en deuil, des témoignages reçus ainsi que sur mon propre cheminement», exprime-t-elle.

L’autrice profite de la réimpression de son guide pour rappeler l’importance de soutenir, d’écouter et d’accompagner les personnes endeuillées. «Je ne suis pas psychologue, travailleuse sociale ou spécialiste en deuil animalier. J’essaie simplement d’aider les gens qui vivent un deuil suite au départ de leur fidèle compagnon. Chaque être humain est unique et a sa propre réaction face à cette situation. Il y a plusieurs façons de s’en sortir», raconte en toute humilité Mme Beaumier.

La perte de son animal de compagnie a également été l’élément déclencheur qui a mené à la fondation de L’Envolée, en collaboration avec son amie Chantal Nault, en 2004.

Cet organisme offre entre autres du soutien, des conférences, des ateliers et des occasions virtuelles de rencontre et d’échange pour permettre aux gens de vivre leur deuil animalier. «À l’époque, au Québec, j’étais l’une des premières qui osaient parler du deuil animalier avec toutes ses conséquences psychologiques, physiques et de l’incompréhension de l’entourage et des employeurs. J’avais fait beaucoup de recherches pour recevoir du soutien et je n’en trouvais pas. C’est à partir de ce constat que j’ai fondé L’Envolée. J’ai décidé d’aider les gens qui vivent ces moments difficiles à partir de mon expérience personnelle», précise celle qui a toujours œuvré dans les relations d’aide.

«Faire son deuil»

Si certaines personnes croient que de remplacer rapidement un animal ou d’en offrir un en cadeau va permettre de vivre plus facilement le deuil, Pierrette Beaumier n’est pas du même avis. «Ça peut être une erreur. La personne qui vient de perdre son animal n’est peut-être pas prête à recevoir un tel cadeau et il peut y avoir des impacts négatifs. C’est aussi valable pour l’enfant. En agissant ainsi le processus de deuil est retardé, la souffrance est étouffée. L’endeuillé va se sentir incompris par ce geste, même insulté. Il y a ceux qui vont faire semblant d’aimer ce cadeau dans une grande détresse émotionnelle. Pour l’enfant (selon l’âge), l’adulte et les personnes âgées, ce nouvel animal pourrait être perçu comme une trahison envers leur animal décédé. De plus, le nouvel animal ne sera jamais comme celui qu’on a perdu», explique-t-elle. «Dans ce contexte, le temps, la patience et l’écoute sont des éléments clés pour soulager la douleur.»

Pierrette Beaumier aide en moyenne plus d’une centaine de personnes endeuillées d’ici et d’ailleurs chaque année, dont des personnes âgées, à mobilité réduite, des non-voyants, des policiers, des sauveteurs ou encore celles qui vivent avec un stress post-traumatique.

«Je constate que les gens deviennent de plus en plus sensibles au deuil animalier, mais il y a encore du travail à faire. Il y a souvent des jugements envers les personnes qui perdent un animal et des gens disent qu’il y a des choses pires que ça dans la vie. Oui, je suis d’accord avec ça, mais la souffrance est universelle. La période de confinement que l’on vient de traverser a réveillé certaines souffrances et certains souvenirs. J’ai eu beaucoup de demandes dernièrement. Les gens se sont ennuyés et ils cherchent à combler le vide», note-t-elle.

Le guide «Pour une meilleure compréhension de mon deuil animalier» est disponible

dans les librairies, les bibliothèques, en ligne, aux Éditions Première chance ou par courriel à aidants1@hotmail.com.