Les 12-17 ans ont rendez-vous… dans le cyberespace!
JEUNESSE. Les Maisons des jeunes (MDJ) de la région n’ont pas été épargnées par les dommages collatéraux de la COVID-19. Fermées physiquement depuis plus d’un mois maintenant, elles demeurent malgré tout actives auprès des jeunes par le biais des médias sociaux.
Nouvel horaire, nouveaux services, nouvelles activités en ligne: voilà les moyens qu’elles ont trouvés pour garder un contact optimal avec leurs jeunes. «Quand on a reçu le message qu’on devait fermer, on a aussitôt réfléchi aux services et aux animations qu’on pourrait offrir selon ce qu’on connaît de nos jeunes», raconte Sunny Richard de la MDJ de Ste-Gertrude.
«Dès le début, l’adaptation a été le mot d’ordre», confirme Karine St-Louis de la MDJ L’Éclipse, à Bécancour.
Pour s’assurer d’être le plus efficaces possibles, les MDJ ont sondé directement les jeunes pour connaître leurs besoins, préférences et disponibilités. Ces derniers ont ainsi droit à un service collé à leur réalité du moment. «On est presque devenu un nouvel organisme», résume Mylène Bergeron, de la MDJ L’Eau-Vent de Saint-Léonard-d’Aston.
«On essaie que ce soit vraiment interactif, souligne Karine St-Louis. Par exemple, on propose aux jeunes des discussions, des ateliers et des jeux pour qu’ils se sentent moins seuls.»
«On travaille fort pour aller les chercher» – Stéphanie Martel de la MDJ du Bas-St-François
Les différentes équipes s’organisent aussi pour prendre des nouvelles de leur clientèle régulièrement. La MDJ de Ste-Gertrude, par exemple, écrit aux jeunes au moins une fois par semaine sur Facebook pour savoir comment ils vont, ce qu’ils font pendant leur confinement, et voir s’ils ont des besoins. «On ne les voit plus, alors c’est une limitation. Ils ne viendront pas nécessairement vers nous si on n’entre pas en contact avec eux», exprime Sunny Richard.
«On travaille fort pour aller les chercher, renchérit Stéphanie Martel de la MDJ du Bas-St-François. À chaque jour de la semaine, on propose quelque chose. Ça fait du bien à tout le monde [de se retrouver].»
En mission
C’est seulement parce que les médias sociaux prennent beaucoup de place dans la vie des jeunes que les MDJ ont choisi de passer par cette voie pour poursuivre leur mission auprès d’eux. Un mal nécessaire, selon Élysabeth Dupont de la MDJ La Forteresse, à Sainte-Angèle-de-Laval, qui s’inquiète de voir les jeunes passer autant de temps devant des écrans.
«Les réseaux sociaux et les jeux en ligne constituaient déjà un grand combat, fait-elle remarquer, craignant que la dépendance augmente avec la crise. Mais actuellement, on n’a pas vraiment le choix de passer par là pour les joindre, sinon on va les perdre complètement. Ce n’est pas mieux.»
Car il ne faut pas oublier que les maisons des jeunes ont une mission en santé et services sociaux, avant le divertissement. Les intervenants leur tendent l’oreille. «Certains jeunes peuvent vivre des difficultés à la maison et avoir besoin de ventiler pour toutes sortes de raisons, exprime Karine St-Louis. On doit être là pour leur offrir un soutien, les écouter.»
Ce support est important, surtout en situation d’isolement comme celle qu’on vit actuellement, affirment les coordonnatrices des MDJ du territoire. «Les jeunes s’ennuient de leurs amis. Ils commencent à trouver le temps long et à s’inquiéter», fait remarquer Sunny Richard.
«En plus de tout cela, ils ont leurs préoccupations normales d’adolescents: les premières menstruations, les relations amoureuses ou encore l’intimidation», énumère Stéphanie Martel.
Chacun vit la crise de façon différente, disent-elles. Certains vont bien alors que d’autres angoissent. «On les aide à gérer la situation», indique Mylène Bergeron, tout en prenant soin d’ajouter que la crise actuelle apporte aussi du positif. «C’est une occasion pour les jeunes de développer de nouveaux intérêts et de nouvelles valeurs; d’entraide, par exemple. Il y a de beaux apprentissages qui se font.»
Tirer des leçons
Les MDJ aussi tirent des leçons de la présente crise. «Il faut doser, sourit Élysabeth Dupont. Si on est trop structuré ou qu’on fait trop de prévention, les jeunes décrochent. Pour passer nos messages, l’approche doit être différente de celle utilisée lorsqu’ils sont là physiquement.»
À la MDJ L’Éclipse, une auto-évaluation est en cours, confie Karine St-Louis. «On a réalisé que certains jeunes étaient trop gênés pour aller jaser avec l’intervenante lorsque leurs amis étaient présents. Or, en ligne, il y a un moment où ils peuvent discuter seul à seul avec l’intervenante. C’est apprécié. On s’est dit qu’une fois le confinement terminé, on pourrait garder une période du genre.»
Du côté de la MDJ L’Eau-Vent, on réfléchit à la possibilité d’utiliser les réseaux sociaux comme vecteur de rapprochement au terme de la crise: «On pourrait par exemple intégrer un jeune de façon virtuelle à une activité un soir où il ne pourrait pas être présent physiquement à la MDJ. Ça pourrait être une avenue intéressante», évalue Mylène Bergeron.
Nos MDJ*
MDJ Ste-Gertrude
MDJ La Forteresse
MDJ L’Éclipse
MDJ du Bas-St-François
MDJ L’Eau-Vent
*Membres du Regroupement des maisons des jeunes du Québec<@$p>