COVID-19: des pertes financières importantes pour les salles de spectacle

COVID-19. Avec l’annonce de l’interdiction des rassemblements de 250 personnes et plus, puis de l’interdiction de leur ouverture pour éviter toute propagation de la COVID-19 durant la pandémie, les salles de spectacle de la région ont été parmi les premiers lieux à être affectés par les mesures mises en place par le gouvernement du Québec. Déjà, un mois plus tard, des impacts économiques se font sentir.

«C’est difficile d’évaluer l’impact réel parce qu’on ne sait pas comment les gens réagiront après la crise, admet Alexandra Carignan, directrice générale du Théâtre Belcourt de Baie-du-Febvre. Les chiffres changent chaque jour. En plus des spectacles, on est normalement en période de ventes de billets à ce moment de l’année. Je dirais qu’on en aura pour presque 50 000$ en pertes financières.»

En mars et avril l’an dernier, le Théâtre Belcourt avait vendu pour 28 000$ de billets. Au-delà des spectacles, c’est aussi l’annulation des galas scolaires, assemblées générales annuelles, spectacles de chorales et comédies musicales scolaires qui donne un gros coup au Théâtre Belcourt.

«Ça fait mal. C’est une perte quasiment pire. La location de salle est notre principal revenu autonome», souligne Mme Carignan.

Du côté de l’équipe de Plein Sud, à Bécancour, l’impact financier se limite à la promotion et au cachet autour du spectacle qui a dû être annulé dans les heures suivant l’annonce du gouvernement.

«L’impact risque plus de se faire sentir à l’automne, en ce qui nous concerne. On n’a pas encore chiffré, mais je m’attends à ce que l’impact soit plus important dans l’exercice financier à la fin de l’année», indique Sarah Chevarie, directrice générale de Plein Sud.

Les salles de spectacle font face à un véritable branle-bas de combat depuis le 12 mars. Pour éviter d’avoir à annuler des spectacles, tout le monde essaie de retrouver de nouvelles dates pour reporter les spectacles.

«On a réussi à reporter la plupart de nos spectacles, soit deux représentations d’Alexandre Poulin et deux de Louis-Jean Cormier. Sean Ferguson était en tournée dans notre réseau de diffuseurs, alors on est en discussion avec les autres diffuseurs impliqués pour voir ce qu’on fait. Il y a beaucoup de choses sur la glace», souligne Mme Chevarie.

Mais au-delà du défi de trouver une date de report qui convient à la fois à l’agent de l’artiste, au producteur et au diffuseur, la salle de spectacle doit également composer avec les autres spectacles qui sont toujours à l’horaire.

«La programmation d’automne était déjà avancée. En deux semaines, on a pu reporter sept spectacles. Quatre seront peut-être annulés, mais on travaille pour éviter que ça arrive. On a un bon soutien des agents et des producteurs. Plusieurs spectacles ont été reportés en septembre. Ça vient vraiment combler notre automne. Normalement, on présente environ 20 spectacles à l’automne. Là, ça devrait tourner autour d’une trentaine de représentations. Cependant, on gardait volontairement des trous dans la programmation pour accueillir des rodages ou des spectacles de dernière minute de certains gros noms. Là, avec les reports, je me prive de ça. Ça viendra avoir un impact sur le budget d’exploitation pour la prochaine année», estime la directrice générale du Théâtre Belcourt.

Alexandra Carignan attend aussi de voir ce qu’il adviendra du théâtre d’été professionnel prévu en juillet. C’est que les artistes devaient commencer les répétitions ces jours-ci afin de présenter le spectacle dès le début de juillet, mais les directives actuelles leur interdisent toute répétition de groupe. «On verra comment tout évolue. Ce sera peut-être repoussé en août, mais on ne le sait pas encore.»

Plus de la moitié de la programmation automnale de Plein Sud était également complétée. «On ne pourra pas programmer autant de nouveaux spectacles qu’on l’aurait voulu en raison des spectacles reportés à l’automne. Ça nous prive aussi de revenus neufs. Ça aura sans doute un impact de quelques milliers de dollars», note Sarah Chevarie, qui constate toutefois que peu de clients ont demandé un remboursement jusqu’à présent.

À cela s’ajoute aussi la gestion de la billetterie afin d’aviser les détenteurs de billets du report ou de l’annulation des spectacles et de procéder aux remboursements, s’il y a lieu.

Regagner la confiance du public

Une question persiste: comment les gens réagiront-ils après la crise?

«Il y aura forcément plus de dommages si les gens ont peur de se réunir. On comprend aussi que les gens soient plus craintifs à l’idée d’assister à un spectacle après la crise. On espère que les gens voudront encourager local en assistant à des spectacles près de chez eux», lance Alexandra Carignan.

«J’espère que les gens qui ont consommé de la culture à travers leurs écrans auront envie de revenir en voir en vrai. Pour plusieurs, c’est aussi une façon de briser l’isolement social. On voyait souvent des gens venir assister seuls à un spectacle. Ça se parlait durant l’entracte. Notre clientèle est plus âgée. Seront-ils plus frileux de revenir en salle? C’est une grande incertitude», soutient Mme Chevarie.

«D’habitude, au début du mois de mai, on annonce les spectacles de l’automne et la mise en vente des billets, mais on n’a même pas encore envoyé notre programmation en production. L’achat de billets va probablement ralentir vu que beaucoup de personnes se retrouvent temporairement sur le chômage, prévoit-elle. C’est toute l’économie qui est affectée. À l’époque de la fermeture de Gentilly-2, on avait constaté une baisse drastique dans la vente des billets. Ça avait été moins pire durant le lock-out à l’ABI. Là, ce sera à voir avec cette nouvelle crise.»