«On attend mieux d’un premier ministre»

CONFLIT À L’ABI. Dans une publication diffusée sur le site web des Métallos, la FTQ et le Syndicat des Métallos dénoncent les dernières sorties du premier ministre François Legault à la suite de sa rencontre avec les dirigeants d’Alcoa et les leaders syndicaux de la FTQ.

On se rappelle que le premier ministre a notamment réclamé des concessions de la part des travailleurs et travailleuses en parlant, entre autres, des salaires, mais rien du côté patronal. Une position qu’ils qualifient de «tout à fait inappropriée».

«Est-ce le ton que le premier ministre souhaite avoir dans ses relations avec les syndicats ? Lui qui disait vouloir faire monter le salaire moyen au Québec, va-t-il dénoncer tous ceux qui tirent le salaire moyen vers le haut? Les salaires n’ont jamais été en jeu dans le lockout qui sévit depuis 15 mois chez ABI. Alors qu’il était initialement question de régime de retraite et de respect de l’ancienneté dans les mouvements de main-d’œuvre, l’employeur a multiplié les nouvelles demandes de concessions depuis qu’il a déclenché un lockout en janvier 2018 », dénonce le président de la FTQ, Daniel Boyer.

«On souhaite rappeler au premier ministre que c’est Alcoa et Rio Tinto qui ont mis en lockout les travailleurs et travailleuses il y a de cela 15 mois et qui ajoutent sans cesse de nouvelles demandes de concessions. Le syndicat a déposé une contre-proposition responsable qui comporte plusieurs compromis sur les nouvelles demandes patronales», précise le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau.

Le premier ministre a qualifié mercredi dernier le contrat d’énergie entre Hydro-Québec et Alcoa de «stuff de junior». Si les lockoutés ont demandé l’intervention du premier ministre, c’est parce que les contrats d’énergie qui ont permis à Alcoa d’économiser 165 millions en 2018 avec le lockout déséquilibrent les négociations.

«Le fait qu’Alcoa limite ainsi ses pertes pendant un conflit fait traîner les choses indûment, les syndiqués en souffrent, mais aussi l’ensemble de la Mauricie et même du Québec. Plutôt que de mettre de l’huile sur le feu, on attend des gestes constructifs de la part du premier ministre pour contribuer à la résolution du conflit d’une manière acceptable à la fois pour l’employeur et les syndiqués. On attend d’un premier ministre qu’il fasse partie de la solution et non du problème», font valoir Daniel Boyer et Alain Croteau.

Ces derniers rappellent que le salaire du PDG d’Alcoa, Roy Harvey, a presque triplé en deux ans, passant de 4 millions en 2016 à plus de 13 millions de dollars américains en 2018. «Le premier ministre est bien silencieux sur le salaire d’un PDG d’une compagnie qui prend en otage les travailleurs, les travailleuses et toute une région, qui appauvrit le Québec et qui a fait perdre 165 millions à tous les Québécois et Québécoises en 2018», concluent les leaders syndicaux.