Le ministre Boulet envisage toujours l’hypothèse de règlement
POLITIQUE. Le ministre du Travail et de la Solidarité sociale, Jean Boulet a rencontré les deux parties, jeudi, pour faire le point sur les négociations qui ont été rompues vendredi dernier à l’Aluminerie de Bécancour.
Il raconte avoir pu échanger sur l’état des pourparlers. «Ce que je décode, c’est qu’il y a encore une volonté de négocier qui m’est exprimée par les deux parties. Est-ce que les comportements sont compatibles avec cette volonté-là? À vous d’en tirer les conclusions», a-t-il commenté.
Il envisage toujours de déposer son hypothèse de règlement et il souligne qu’il pourrait le faire «assez rapidement», sans s’avancer sur un échéancier en termes de jours. «Je ne peux pas rester dans l’attentisme, a-t-il soutenu. J’envisage encore très sérieusement de présenter une hypothèse de règlement aux deux parties. Ils pourront la gérer. Ce que j’anticiperais, c’est qu’ils la remettent à leur mandant respectif. Du côté syndical, à l’assemblée générale, des salariés et de la direction locale, à la maison-mère à Pittsburgh.»
«J’ai l’intention de poursuivre. De ne pas lâcher. De mettre la pression pour permettre qu’on voit une finalité dans ce conflit dans les meilleurs délais possible et si ça passe par une hypothèse de règlement, ce soit la voie qu’on va emprunter assez rapidement.»
La ministre a également fermé la porte à une intervention quant au contrat d’électricité, qui dit-il, a été négocié sous les libéraux et qui est une réalité avec laquelle il doit composer. Il ne veut pas non plus s’immiscer dans le droit de gérance de la compagnie quant au moment de déposer une offre finale aux employés qui seraient votés au scrutin secret.
Un contrat ça se brise?
En Chambre, le député d’Hochelaga-Maisonneuve et critique solidaire en matière de travail, Alexandre Leduc, a quant à lui demandé dans la journée au ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, d’intervenir afin qu’Hydro-Québec revoie l’entente conclue avec ABI et retire la clause de « force majeure », qui suspend les obligations contractuelles de l’aluminerie vis-à-vis de la société d’État.
« Depuis le déclenchement du lock-out d’ABI à Bécancour en janvier 2018, le conflit a coûté 165 millions de dollars aux contribuables québécois et le compteur continue de tourner. Un demi-million de dollars par jour, c’est complètement indécent. Tout ça parce qu’une clause du contrat associe de manière surréaliste un conflit de travail à un cas « de force majeure ». Hydro-Québec subventionne un lock-out qui met 1 030 familles à la rue, et pendant ce temps, l’ABI n’a aucun intérêt à régler le conflit. Ça ne prend pas la tête à Papineau pour comprendre que le rapport de force est complètement débalancé », a déploré M. Leduc.
« Je sais de source sûre que lors d’une rencontre privée avec des représentants syndicaux à Bécancour, M. Legault a déclaré, au sujet des pseudoclauses de force majeure : “Des contrats, ça se brise, des contrats, ça se renégocie”. Le ministre du Travail était témoin. Cinq mois plus tard, 165 millions de dollars plus tard, le premier ministre aura-t-il le courage de répéter ici, dans cette Chambre, ce qu’il a dit en privé?», a demandé le député d’Hochelaga-Maisonneuve lors de la période de questions.
« Le premier ministre a donné sa parole en campagne électorale, il a donné de l’espoir à une région qui souffre depuis 13 mois d’un long lock-out, et force est de constater que les espoirs sont déçus. Le gouvernement ne peut pas se cacher derrière le bilan du Parti libéral. C’est lui qui est aux commandes et c’est lui qui s’est engagé à bouger sur ce dossier. Depuis le début du lock-out, Québec solidaire s’est tenu debout derrière les travailleurs et travailleuses d’ABI. Nous ne les laisserons pas tomber », a-t-il conclu.